Saidi-Vigier : « une réunion inopinée »

Ce mercredi, en toute amorce de matinée, s’est tenue une réunion quasi de crise entre le ministre délégué aux Outre-mer, les équipes préfectorales, le ComGend ainsi que le maire de Dembeni; commune tristement propulsée sous le coup des projecteurs, depuis 2 jours consécutifs.

Ce qui devait être une spontanée mais non moins rapide visite de forme, s’est finalement transformé en visite de fond pour la légitime satisfaction de Moudjibou Saidi et ses élus de la commune de Dembeni. Tsararano, Dembeni, Iloni, ces villages qui commencent à faire parler d’eux par-delà les insulaires frontières de notre département et le timing de la venue ministérielle n’y est pas anodin. Quelle ironie qu’il faille entre guillemets de l’officiel pour médiatiquement souligner ce qui représente pourtant la quasi omniprésence journalière, comptabilisée en années, de cette violence banalisée, généralisée et ascendante dans le paysage de vie des mahorais.

Près de 3 heures d’échange lors de cette réunion en la mairie de le commune de Dembéni. Ici, les protagonistes sortent à peine

Joindre les actes à la parole 

Officiellement annoncé mardi soir, par le Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, il va donc être envoyé d’ici très peu de temps, un escadron de Gendarmerie mobile supplémentaire — ndlr : venant renforcer le 5 autres déjà présents — qui se couplera à des moyens complémentaires en matière de Police judiciaire. Et lorsque notre rédaction fait état de l’exaspération légitimée de la population, nourrie par un sentiment d’impuissance et d’abandon, et laissant exprimer de plus en plus son souhait d’engager des actions de sécurité par sa propre et personnelle initiative, le ministre n’élude pas la question : « Nous savons totalement ce qu’il se passe; soyez en certains. Une fois de plus, cette nuit, nous avons déployé les moyens nécessaires, notamment pour dégager des routes et nous allons continuer sur ce chemin là. La violence ne gagnera pas. Ils ne gagneront pas et s’il faut d’autres moyens, rassurez-vous, on fera ce qu’il faut; quoiqu’il arrive on ne lâchera rien, pas un centimètre de terrain (…) Nous sommes là, la République est là, solide et nous continuerons quoi qu’il arrive à protéger les mahoraises et les mahorais, tout comme nous protégerons les élus car je sais aussi qu’ils ont été menacés ».

Stigmates des dégradations récentes de ladite commune, ici, le véhicule de la police municipale. Des dégradations de biens publics « intolérables » selon les propos du ministre délégué

Des moyens sécuritaires plus conséquents, c’est indéniable, même si la destructrice fureur semble croitre à échelle proportionnelle. Des moyens doublés en 3 ans comme ne manque pas le notifier Philippe Vigier ajoutant que cette lutte contre la violence est aussi un combat plurilatéral et commun : « Nous ne pouvons pas laisser comme cela des agitateurs, des voyous, il n’y a pas d’autre mot, vouloir mettre le pays à sac. Nous avons besoin de toute la population. Avant de parler de réponse pénale, il faut éradiquer le mal à la racine et bien comprendre les raisons pour lesquelles nous en sommes là. La violence n’aura pas sa place si nous supprimons tout ce qui la génère (…) Nous ne lâcherons pas un millimètre de terrain sur les destructions d’habitats illégaux; nous l’avons d’ailleurs, avec le préfet, redemandé très formellement aux maires concernant les périmètres qui doivent être détruits et nous le ferons. L’économie illégale, souterraine, les marchands de sommeil, la drogue, tous ces réseaux là, on luttera pied à pied ».

Au sortir de cette entrevue commune où il était important de s’exprimer, notamment pour le maire concerné, il semblerait que les écoute et confiance mutuelles soient acquises au regard du plein investissement humain et concret que Philippe Vigier offre depuis sa prise de fonction, en parfait relai terrain auprès des hautes instances étatiques. Des fonctions qui l’ont plus entrainé sur une thématique de crise hydrique que sécuritaire mais l’approche réaliste, non diplomatiquement biaisée, s’avérait tout même palpable au regard de, n’ayons pas peur des mots, cet enfer routinier vécus par les concitoyens mahorais.

La mairie aussi a essuyé des jets de pierres ces derniers jours

C’est donc quelques heures après un énième embrasement, garde à vue de certains présumés coupables, réunions de crise, annonce officielle de renforts supplémentaires et de la visite programmée de la Première ministre, Elisabeth Borne, le 8 décembre prochain (annonce faite par communiqué de Matignon), que la délégation du ministre aux Outre-mer quitte notre insularité, ce mercredi après-midi.

MLG

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