Dissolution de l’Assemblée de la Chambre des métiers, malgré un an de copilotage de l’Etat

Fragilisée depuis plusieurs années, la Chambre des Métiers parvenait malgré tout à faire bonne figure, avec notamment son emblématique Salon de l’artisanat. L’audit catastrophique de mai 2022 conditionnait son redressement par la nouvelle équipe au suivi de 45 recommandations. Qui n’ont pas été respectées.

Le préfet de Mayotte a décidé de dissoudre l’Assemblée générale de la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) ce lundi et de mettre en place une commission provisoire. C’est l’aboutissement d’une tentative de redresser la structure par un comité de pilotage composé de représentants de l’Etat, qui a échoué.

La CMA faisait bonne figure jusqu’au élections d’octobre 2021, mais avait du mal à amortir la perte de subsides. Le passage sous financements européens en 2014 obligeant les Chambres à aller chercher leurs formations pour engranger des recettes les a laissées K.O. La section boucherie qui avait été lancé par la CMA était la plus emblématique des abandons.

Depuis 2020, plus aucun budget primitif n’est voté à la CMA de mayotte, donc sous la précédente équipe, souligne la préfecture qui rappelle avoir mis en place depuis plus d’un an, un comité de pilotage, composé de la présidente de la CMA, Radhia Oumari, du SGAR de la préfecture, de la DEETS, des Finances publiques, de CMA France, etc. Il faisait suite à l’audit du Contrôle général économique et financier (CGEFI), dont le rapport rendu le 23 juin 2022 soulignait un fort déséquilibre financier et émettait 45 recommandations. Un montant de 2,5 millions d’euros de dette a été évoqué, mais la préfecture déplore l’absence de « présentation d’un état détaillé et fiable de la dette ».

« Bis repetita non placent »

Les résistances ont eu raison de la CMA de Mayotte

Ne restait plus qu’à appliquer les préconisations, les compétences étant là. Pourtant, si « des avancées sont constatées sur les trois premiers comités de pilotage », souligne la préfecture, la dynamique ralentit par la suite, « non-respect des dispositions statutaires, législatives et règlementaires », pas de présentation de budget, ni de compte administratif, pas plus que de budget primitif. Pire, la présidente n’en fait apparemment qu’à sa tête, toujours selon l’arrêté de dissolution de la préfecture, puisqu’elle ne respecte pas les conditions règlementaires d’envoi des convocations à l’assemblée générale, qu’elle fait voter les comptes 2021 le 31 juillet 2023, alors même qu’elle était informée de leur non certification par le commissaire aux comptes, etc.

Un entêtement qui aura raison du paiement des salaires de cette année 2023. Un schéma qui rappelle furieusement celui du syndicat des eaux et d’assainissement de l’ère Bavi, où la préfecture n’avait pas sifflé à temps la fin de la récré. Ce n’est pas le cas cette fois, puisque dans l’arrêté du 21 novembre dernier, la préfecture prononce la dissolution de l’assemblée générale de la CMA.

La Chambre sera désormais gérée par une commission provisoire, composée de Sylvain Arnaux, bijoutier, Abdou Faoudi, plombier, Alexandra Clokers, styliste et de Salim Maoulida, électricien. Cette commission désignera prochainement un président et un trésorier.

A.P-L.

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