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JIOI2023 : Grand et dernier rassemblement avant décollage

C’est ce samedi 19 août au matin, au sein du symbolique l’hémicycle Younoussa Bamana du Conseil départemental, que le Comité régional olympique et sportif de Mayotte, et ses institutionnels partenaires, avaient donné rendez-vous à l’ensemble des athlètes qui défendront, dès vendredi prochain, les couleurs franco-mahoraises en cette 11ème édition des Jeux des iles.

À l’image d’une festive petite sauterie au coeur du village des schtroumpfs, les abords du Conseil départemental se sont vus envahis, à heure matinale, d’une impressionnante vague bleu, floquée dorsalement-parlant Mayotte. Une légitime et dynamique émulation à l’image des visages souriants venus quérir les dernières informations pratiques quant à leur proche mouvance, dès ce mercredi 23 août, direction la capitale de Madagascar : Antananarivo, plus populairement connue sous le nom de Tana.

Démarrage de cet ultime grand rassemblement avant départ au sein de l’hémicycle Y. Bamana

Protocole de circonstance et officielles données

La cuvée 2023 se veut une massive première en terme numérique; en effet, là où nos précédentes délégations tournoyaient au plus haut de leur forme vers les 150-160 athlètes, cette année, il est question d’une délégation mahoraise de 383 personnes, dont 361 compétiteurs. Pas de quoi rougir notamment face à nos cousins réunionnais et leurs 452 challengers sachant, de surcroît, que sur les 23 disciplines recensées lors de cette internationale compétition, Mayotte participera à 17* d’entre elles.

(de g. à d.) M. Delaperrière, Z. Mouayad Ben, M. Vita, et Djassim Ahamada, porte drapeau de cette délégation et médaillé d’or aux JIOI 2015 grâce un saut en longueur de 7,61 m

Autant dire que les chances de médailles sont réelles, comme l’a déclaré Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente CD, chargée des sports, de la culture et de la jeunesse : « Nous espérons bien-sûr que vous ramènerez plus de médailles que les années passées. Nous croyons en vous, nous savons que Mayotte a des talents et c’est vous. Nous espérons aussi que cela donne encore plus envie à nos jeunes de s’investir dans le domaine sportif ».

Jérémy Gibiat, 1ers jeux, demi centre au sein de l’équipe de handball mahoraise et joueur à Tsimkoura depuis 3 ans : « Cela fait bien 2 ans que nous sommes en pré-préparation pour ces jeux et avons intensifié l’entrainement, dimanches matins inclus, depuis mai. C’est intéressant pour nous car nous n’avons jamais eu une telle qualité d’entraînement en amont. Inutile de préciser que nous sommes motivés à bloc »…

Un investissement également allié à un concret engagement venant des étatiques sphères comme ne manque pas de souligner Madeleine Delaperrière, directrice de la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports de Mayotte (DRAJES) : « Vous incarnez le terrain mais sachez qu’il a de plus en plus de progrès sur le territoire, de dynamique et d’union ce qui représente une force de structuration aussi à travers les équipements. Nous savons qu’il y a beaucoup à faire et nous souhaitons vraiment au maximum accentuer les efforts faits par l’Etat pour que vous ayez les conditions réunies pour pratiquer votre discipline de manière correcte, conforme et confortable par ce qui est demandé par l’Ordre fédéral ». 

Une symbolique bien au-delà du Sport 

Considérés tels des mini Jeux olympiques dans la zone océan Indien, les JIOI sont aussi une manière diplomatique, d’un autre genre, de développer avec respect, dans les nobles valeurs fédératrices et fraternelles du Sport, un renforcement des liens qui unissent, de manière plus ou moins directe et diplomatique, diverses et insulaires nationalités de notre région Sud-Ouest africaine. Des liens reliant implicitement un individu à la représentation globale de son propre pays, aux yeux d’autres, comme le rappelle avec légitime insistance le président du CROS, Madi Vita : « Il est question en premier lieu de l’image de Mayotte; c’est le comportement qui fait tout. N’oubliez jamais que tout ce que vous faites de façon individuelle reflète le tout Mayotte. Une seule personne qui fait de bonnes choses en fera bénéficier tout notre territoire et cela est aussi valable dans le sens opposé ».

(3 premiers en partant de g.) Djassim Ahamada, Kamel Zoubert, Habab Abdou-Moktar. Membres de cette brillante d’équipe d’athlétisme mahoraise tout comme Ousseni Mohamed (tout à droite), candidat aux 100m – 4x100m et 4x400m qui au vu de son  »grand » âge de 34 ans, a la chance de participer à ces jeux pour la 1ère et certainement derrière fois : « On a charbonné tous les jours durant cet été pour rester au top et en forme. Je me sens bien et motivé pour donner le meilleur. C’est une chance extraordinaire qu’il faut saisir.

À ces recommandations où il également rappelé l’importance de ne pas trop attirer l’attention sur soi, notamment dans le cadre de sorties nocturnes ou autres motifs loisirs et de ne pas, justement, porter de signes distincts d’appartenance nationale, aussi pour des raisons sécuritaires en dehors des enceintes sportives (ndlr – éviter de s’estampiller trop aisément touriste et de susciter la convoitise de pickpockets ou autres malveillantes approches, aussi connues de par ces malgaches contrées), l’assemblée protocolaire ne cache pas son vif interêt de préparer déjà le terrain quant à sa candidature pour la prochaine et 12ème édition en 2027. Mayotte se doit donc d’être irréprochable ! Une implicite pression supplémentaire pour nos jeunes ambassadeurs compétiteurs, soutenus presque intégralement par des subventions départementales avoisinant les 800 000 euros et principalement dédiées aux frais ayant trait au transport mais également à l’hébergement.

(de g. à d.) M. Vita et F. Madi Ali qui cravachent pour l’organisation de dernière minute sachant qu’il manque encore des passeports et autres couacs de circonstance. La réactive adaptation alliée à leur professionnelle réactivité font la force de ce CROS

L’hébergement justement, dernier volet de réglage impérativement à confirmer avant l’arrivée de l’ensemble des mahoraises troupes; raison pour laquelle Fahdedine Madi Ali, directeur du CROS et chef-adjoint de cette délégation partait, dès ce samedi 19 aout dans l’après-midi, en éclaireur : « Lorsque nous nous sommes rendus la semaine passée sur zone, nous avons pu gérer tout ce qui est partie accréditations, transports et sécurité; nous avons également pu visiter et arrêter notre venue sur 3 hôtels. Il reste à confirmer la chose encore avec 2 supplémentaires. Madagascar est un pays particulier où les choses ne peuvent intégralement se faire à distance, sachant d’autant plus que l’organisation des jeux en leur territoire s’est confirmée que 18 mois avant le commencement. Tout a donc été question d’urgence pour eux et bien évidemment pour nous, tributaires de leur calendrier. Par ailleurs, cette année le challenge organisationnel se veut aussi double, notamment en lien avec le nombre conséquent que nous sommes. Une importante première ! ».

Elus présents à ce rassemblement et présentation d’organisation et d’équipement (de g. à d.) : Nadjayedine Sidi, Zouhourya Mouayad Ben et El Anrif Hassani

Bleu, Blanc, Rouge ! Vive la République Fran…

Eh bien non ! Une fois n’est pas coutume : Vive la République simplement Mahoraise ! Car oui, même si cette thématique plutôt tabou, ascendant tendue, brulait l’ensemble des lèvres, elle n’a pas été officiellement énoncée lors de cet ultime rassemblement, sachant que la discrète consigne se voulait d’aborder le sujet dans le cadre des respectives fédérations et disciplines sportives, en petit comité.

Caroline Plust, joueuse de basketball semi pro qui a évolué chez les Golden Force de Chiconi au poste d’ailier pendant 3 ans avant de partir récemment à Trith-Saint-Léger (59). Elle est revenue exprès pour ces jeux et apporter sa dynamique contribution technique au sein de notre équipe féminine mahoraise, elle qui manque sa préparation au sein de sa nouvelle équipe nordiste de l’Hexagone : « Cette année, les jeux tombent tard dans le calendrier mais il était hors de question que je les manque ».

Pour rappel historique, depuis la création de ces jeux en 1979, l’Union des Comores réfute l’appartenance française de Mayotte, relative au référendum de 1974, et avait, en ce sens, acté le fait qu’il soit spécifiquement stipulé cette neutralité patriotique dans le cadre des Jeux des îles. Requête institutionnelle et protocolaire qui n’a manifestement jamais trouvé réelle opposition de la part du Gouvernement Français bien qu’une sorte de fronde eut eu lieu régionalement, notamment lors de ces mêmes jeux en 2015, alors organisés à la Réunion. En effet, la délégation mahoraise ayant fait ’’provocatrice esclandre’’, en défilant derrière le drapeau tricolore, lors de la cérémonie d’ouverture, l’incident diplomatique fut plus que frôlé et le retrait quasi immédiat des athlétiques troupes comoriennes avait été ordonné par leurs représentants locaux, arrachant ladite nation de cette 9ème édition. Depuis, coucouche bannière et dos rond, pas d’impair quant à la charte et son consensus et plein engagement cette année d’André Hana Resampa, président du Comité d’organisation des jeux des îles et ministre de la jeunesse et des sports de Madagascar. Nos athlètes devront donc se contenter une fois de plus de l’hymne et du drapeau de ces jeux aux couleurs de « Maki », mascotte ambassadrice des JIOI2023…

Maki, logo officiel de ces JIOI2023 dont on aperçoit d’ailleurs le drapeau tout en bas à droite

On boycotte ou pas ?

Même si toute cette noble symbolique sportive se veut aussi d’aller dans le sens d’un rapprochement salutaire, faisant couler l’eau — que nous n’avons pas — sous les ponts Franco-Mahorais et Comoriens, il est de plus en plus palpable, une compréhensible révolte populaire qui tendrait tout simplement à écarter notre 101ème département de cette manifestation, pour ne plus jouer la carte de l’apatride abnégation consentie et faire valoir la pleine, nationale et internationale reconnaissance française de notre île.

Face à une question dans l’hémicycle quant à des éventuels signes d’appartenance nationale française et notamment du Drapeau Français, M. Vita a répondu : « Lors des cérémonies d’ouverture et de fermeture, la Charte nous impose un drapeau et un hymne qui n’est pas le notre; nous ne sommes pas fiers de cette situation mais nous respectons l’aspect protocolaire. En dehors de ces 2 rendez-vous et pour vos photos, bien-sûr que vous pourrez porter et afficher ces petits drapeaux que nous vous fournissons »

Prise de la Bastille départementale et Kofia phrygien ? Nous avons justement souhaité aborder le délicat sujet, ce samedi matin, avec Madi Vita, au sortir de l’hémicycle, sachant d’autant plus la virulente actualité gouvernementale et la bourde (intentionnelle ?) du nouveau ministre de l’Education, qui ne semble guère favoriser le combat de Mayotte face à sa française identité non discutable : « Il faut comprendre que nous acceptons cette situation car nous sommes avant tout sportifs soumis à cette charte. Bien-sûr que continuer dans ce sens n’a pas grande symbolique mais ces négociations relèvent de la politique internationale diplomatique, pas de nous locaux, et encore moins Cros. Nous savons pourquoi nous sommes dans cette configuration après, encore une fois, à chacun ses responsabilités. Je ne comprends pas les gens qui veulent boycotter ces jeux nous concernant. Cela ne ferait qu’accentuer notre mise en retrait régionale et définitive et montrerait un manque de respect évident envers le pays organisateur. Boycotter pourquoi ? Pour entrer dans le jeu des Comores qui justement ne souhaitent pas voir les couleurs de Mayotte en cette manifestation. Nous avons réussi à tenir de par le Passé, tachons ne pas donner du pain béni à ces derniers. Notre mission c’est de participer, représenter dignement notre territoire et place aux parlementaires, à l’État Francais pour faire le nécessaire au niveau de ces restrictions de charte et de faire avancer enfin les choses ».

Une partie de l’équipe de football posant fièrement dos à notre rade de Mamoudzou

Interrogés au compte-gouttes, dans l’ensemble les divers athlètes n’acquiesçaient pas non plus cette idée de retrait comme nous l’a formulé A. : « Bien sûr qu’on ne comprend pas ces règles et que cela représente une certaine frustration pour nous mais ça serait d’autant plus incompréhensible qu’on se prive de ces jeux. Cela est une extraordinaire opportunité aussi internationale pour l’ensemble des participants que nous sommes et pour laquelle nous nous sommes durement donné les moyens de nous entraîner en amont. On en parle entre nous mais cette histoire de boycott ne vient paradoxalement pas des athlètes qui sont les premiers concernés mais d’une minorité extérieure n’ayant rien à voir avec nos fédérations ou même le Cros. Donc nous boycotter nous pour faire soi-disant révolte et faire avancer les choses, ben non, désolés ! Ça n’a pas de sens et ça n’est surtout pas comme ça que les choses évolueront ».

La maman de notre futur porte-drapeau très émue et légitimement fière confiant à l’assemblée que plus jeune, elle a interdit à son fils de faire du foot par peur qu’il se blesse. Grâce à elle, il est devenu le champion de saut en longueur que nous connaissons ! Marahaba Maman Djassim

C’est donc dans une dominante joyeuse que les photos protocolaires de circonstance se sont déroulées dans la cour intérieure du Conseil départementale suscitant, soyons honnêtes, une certaine émotion de voir cette puissance vive et bleue, fin prête à défendre fièrement ses singulières couleurs, dès cette fin de semaine. L’intégralité de la délégation sera répartie en 2 créneaux horaires logistiques, vols inclus, ce mercredi 23 août 2023 et retrouvera, par la suite, l’officielle flamme de ces jeux qui, à cette même date, devrait terminer sa course par l’embrasement de la vasque du stade Barea de Mahamasina, banlieue sud de Tananarive/Antananarivo.

Bonne chance à l’ensemble de ces espoirs et visages du paysage sportif mahorais face à l’Île Maurice, aux Seychelles, aux Comores, aux Maldives, à La Réunion et, bien-entendu, face à Madagascar; donnez le meilleur de vous même, dans une dynamique de respect, dépassez-vous, épanouissez-vous et, surtout, Allez Mayotte ! 

 

MLG

Allez Mayotte !

L’actualité sportive sera retransmise via les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) du CROS Mayotte ainsi que directement via le site officiel de ces JIOI2023

*Seront représentées les disciplines suivantes : Badminton, Judo, Athlétisme, Basketball 3×3 et 5×5, Rugby, Tennis, Cyclisme, Karaté, Kick-Boxing, Pétanque, Football, Handball, tennis de table, Taëkwondo, Haltérophilie ainsi que les équipes Jeunesse. 

Les représentants des 17 disciplines face à la direction du Comité et aux hautes instances
Les dernières questions se voulaient aussi pratiques au regard du calendrier de rentrée qui se chevauche, des contraintes liées et des logistiques des congés que les athlètes ont dû personnellement prendre pour cet événement…
Bleu, Blanc, Rouge…

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