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Mamoudzou

Les élus de Mayotte appellent à la raison une partie des médecins urgentistes du CHM

Un récent audit réalisé au sein du CHM a révélé qu’une dizaine de médecins Praticiens hospitaliers (PH) des urgences n’effectuaient pas le nombre d’heures réglementaires. Pire, certains d’entre eux ne travailleraient que les deux tiers du temps pour lequel ils sont payés. Une situation insoutenable au détriment de la prise en charge des patients.

Nous avions révélé l’écosystème qu’avaient mi en place quelques Medecins urgentistes. C’est dans l’urgence avec un ton grave et très solennel que Dhinouraine Mcolo Mainty, 1eradjoint au maire de Mamoudzou et président du Conseil de surveillance du Centre hospitalier de Mayotte, a pris la parole : « Le CHM est en crise. Malgré les efforts par rapport aux projets en cours, notamment la construction d’un nouveau site à Combani, le chemin à parcourir est encore long… Nous avons appris au travers d’un audit qu’un certain nombre de médecins praticiens hospitaliers ne faisaient pas toutes leurs heures, contrevenant à leurs obligations, notamment de leur présence auprès des malades », s’inquiète le président du Conseil de surveillance.

En effet, c’est une situation délicate qui vient s’ajouter aux nombreuses difficultés que connait le CHM depuis maintenant plusieurs semaines et de ses nombreuses mésaventures (blocage des établissements au mois de mai, vandalisation au dispensaire de Dzoumogné, revendications des sages-femmes, etc.). « C’est un système qui nuit de plus en plus à la population. Il n’est pas normal d’attendre 5 ou 6 heures aux urgences avant d’être pris en charge, s’insurge Dhinouraine Mcolo Mainty. Une dizaine de médecins sur une cinquantaine ne font pas leur travail correctement. On ne peut pas avoir des comportements comme ceux-là. C’est inadmissible. Nous en appelons à la bonne volonté afin de contribuer à la bonne santé des Mahorais », poursuit l’élu. Selon lui, les problèmes récents avec la direction ne doivent pas avoir des conséquences sur la prise en charges des soins de la population. D’autant plus que le ratio de médecins sur notre territoire est déjà bien en-deça des standards que l’on peut trouver en Métropole.

Sainte clotilde, cardiologie, Mayotte, CHM, Dominique Voynet, ARS, David Izzo
Depuis maintenant plusieurs semaines le CHM doit faire face à de nombreuses difficultés.

« Nous ne cherchons pas le conflit, nous voulons simplement envoyer un message afin de retrouver de la sérénité et éviter une mauvaise ambiance au sein d’un service » a-t-il indiqué avant de poursuivre : « C’est un état de faits qui est latent depuis maintenant trop longtemps, nous voulons mettre un terme à ces pratiques. Ils doivent revenir à la raison et travailler en harmonie avec la direction du CHM », a insisté le président du Conseil de surveillance du CHM.

Le souhait d’un dialogue pour dénouer la situation

La situation est tellement grave que le sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi a été appelé hier en urgence afin de contribuer, dans la mesure de ses possibilités, à améliorer la situation. « Le service de santé à Mayotte est en pleine déliquescence. On essaie de trouver des solutions mais cela prend du temps. Le comportement d’une petite minorité met en péril une situation qui est déjà grave et fragile. Aussi j’appelle au secours l’ensemble des élus pour qu’ils se mobilisent et ainsi éviter des drames. J’appelle à la raison ces personnes pour qu’elles cessent de tels comportements afin d’éviter un dysfonctionnement des urgences. On ne choisit pas d’être malade !», a déclaré l’élu du Sénat. Même s’il rend hommage à la majorité des praticiens qui « s’investissent personnellement et qui ne comptent pas leurs heures », la situation est plus que préoccupante et il est urgent d’agir. « Nous sommes prêts à les recevoir pour connaître leurs éventuelles revendications. Nous n’avons pas le droit de ne pas tout tenter », a-t-il expliqué.

Jean-Matthieu Defour, aux côtés du maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila.

Le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, également présent lors de cette réunion de crise, en a appelé lui aussi à la raison. « Toutes les personnes concernées doivent s’asseoir autour d’une table. Nous devons avoir un service d’urgence fonctionnel pour les Mahorais. Notre territoire souffre déjà d’attractivité, nous devons échanger et discuter pour faire avancer les choses, a-t-il soutenu. Puis à nouvea, le président du Conseil de surveillance a pris la parole pour mettre en garde. « S’il n’y a pu de praticiens à Mayotte nous tomberons sous la gestion de La Réunion, c’est elle qui prendra le relais. Et dans ce cas, la prise en charge des patients s’en trouvera dégradée », a-t-il prévenu.

Aussi, mêmes si les derniers mois ont été difficiles et des sous-effectifs ont été constatés au sein de l’ensemble des services de l’hôpital, les élus ont leur porte ouverte pour discuter avec les praticiens afin d’avoir le plus rapidement possible un retour à la normale.

B.J.

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