Que ce moment soit plus ou moins loin, on peut dire qu’il est toujours aussi stressant et ce, même par procuration. Et même si les années s’écoulent et que les évolutions sociétales suivent la mouvance, il est des épreuves, des émotions et des réactions qui perdurent. À voir les traits tirés, les regards cernés ou bien même les sourires nerveux forcés, qu’on le veuille ou non, la dominante n’est jamais totalement confiante, tant que son nom n’est pas affiché avec la sacro-sainte mention ADMIS. Une tradition qui perdure malgré l’ère du tout internet et des résultats aussi diffusés en ligne.
C’est ainsi que nos 6290 mahorais inscrits cette année au bac se sont, à dominante, rendus dans leurs respectifs établissements, seuls, en famille ou avec les copains afin quérir le verdict tant attendu.
Récapitulatif en quelques chiffres
Sur les 2 628 lycéens ayant présenté le baccalauréat général, 686 partent au rattrapage, 1 488 l’ont eu, dont 68 avec mention très bien et 5 avec les félicitations du jury (soit un taux de réussite de 56,62 %).
Sur les 1 942 lycéens issus des filières technologiques, 246 décrochent leur joker pour le rattrapage, 855 sont admis, dont 6 avec mention très bien (soit un taux de réussite de 44,03 %).
Concernant les 1 720 bacs pro, 902 sont repêchés pour un second tours, 902 sont admis, dont 13 avec mention très bien (soit un taux de réussite de 52,44 %).
Des résultats qui se veulent plutôt équivalents à ceux de l’édition passée avec des sujets, rappelons-le, identiques à ceux nationaux. Ces statistiques sont amenées à légèrement évoluer, sachant les proches épreuves de rattrapage dès cette semaine. « Malgré des journées de scolarisation perturbées en novembre dernier et tout au long de l’année, les lauréats peuvent être fiers; félicitations à eux et bon courage à ceux qui sont en seconde session » déclare Jacques Mikulovic, recteur de Mayotte.
Prenons la température du côté de Sada
Voilà à peine quelques minutes que les grilles du lycée sont ouvertes et que certains candidats s’engouffrent dans la cour. Les résultats tant attendus ne seront affichés que dans une bonne heure mais qu’importe, mieux vaut être là avec les copains, qu’à ruminer chez soi. La nuit a été courte et les petits yeux sont plutôt de circonstance. On discute, on scroll ses réseaux sociaux, on fait quelques jongles dans le hall d’entrée ou bien on s’isole, casque sur la tête et musique à fond. Tous les moyens sont bons pour passer le temps et surtout attendre que les interminables minutes s’écoulent.
Du côté des bureaux, on ne chôme pas, l’imprimante tourne à plein régime Et pour les affichages à venir ET pour les relevés de notes, qu’il soit question des admis, des rattrapages ou bien même des recalés. C’est le jeu… 8h01 le verdict tombe d’abord pour les baccalauréats professionnel et technologique; les premiers cris libérateurs de joie se font entendre. La foule se densifie peu à peu, s’agglutinant sur les vitres qui font office d’affichage. Voilà les résultats du bac général qui se déploient à leur tour. Difficile est l’accès à ces feuilles A4 qui paraissent bien minuscules à cette distance, pourtant proche. Les fronts se rident, les yeux se plissent, la vue se doit d’être perçante. On suit son doigt, on trouve sa ligne, on ne réalise pas immédiatement et puis ça y est, on explose de bonheur et on sert fort ses camarades, ses parents tout aussi émus, voire même ses professeurs. Des professeurs qui, en partie, vont respectivement accueillir les jeunes, dans des salles dédiées, afin de leur remettre leur bulletin de notes, de coacher ceux qui partent en rattrapage dès ce mercredi ou bien de consoler ceux qui, d’emblée, ne pourront être de la fête des diplômés cette année.
Le proviseur Jean-Pierre Redjekra est parmi la foule, c’est sa dernière année en ce lycée de Sada. Une émotion double des plus légitimes : « Cela fait maintenant plus de 30 ans que je repasse le bac chaque année. L’émulation est toujours au rendez-vous sachant toute l’organisation que cela implique. Si cet exercice est bien maîtrisé, c’est notamment grâce à l’implication de toutes les personnes qui oeuvrent derrière, dans l’ombre. En comparaison des années précédentes, nous sommes toujours dans les statistiques habituelles qui se veulent bonnes. Bien sûr, on souhaiterait avoir encore plus de mentions « Très bien » mais on ne va pas se plaindre, loin de là et surtout, félicitations aux élèves. »
Si l’on plonge aux tréfonds de nos lointains souvenirs, il y a indiscutablement des professeurs qui nous ont positivement marqués. Des engagés-passionnés comme Mme Nadjidhoubi, jeune professeur STMS qui, pour sa toute première affectation et ouverture nouvelle de cette filière comprenant 33 élèves au sein du dit établissement, voit 1 seul de ses petits protégés partir au rattrapage sur 32 admis. Un suivi de 3 années et une réussite quasi totale baignée de joie pleinement partagée à chaque fois qu’un de ses lauréats vient lui sauter dans les bras.
Bargeons direction Petite-Terre
Il a fallu prendre son mal en patience pour consulter les résultats sur place, au Lycée de Petite-Terre. En effet, l’affichage n’a pu se faire qu’à 9h30, de quoi augmenter le stress de quelques élèves, venus depuis 8h00, à l’instar de cet étudiant de la TRHC1 : « je stresse, je n’ai pas encore consulté les résultats. L’attente se fait longue mais je vais patienter« .
Mais pas de panique, d’après un surveillant interrogé dans la foulée : « Je comprends tout-à fait le stress et l’impatience des élèves mais on a reçu les résultats il n’y a pas longtemps. Imprimer, afficher, s’organiser avec tout le monde, ça prend plus de temps que prévu. Mais pas de panique, il les auront d’ici 9h30« .
Chose promise, chose due, le portail ouvre enfin son accès. Les premières réactions ne se font pas prier. Moussa Naël, néo-bachelier dans le domaine des métiers du commerce et de la vente, nous livre ses premières impressions, dans une joie contenue : » Je suis très heureux d’avoir obtenu mon bac et d’avoir rendu fier ma famille. En plus, la plupart de mes potes sont également bacheliers, c’est super ! Là je vais un peu me reposer, puis me tourner rapidement vers les études supérieures« .
Même état d’esprit pour une élève redoublante de terminale générale. Cette dernière a enfin obtenu le graal cette année : « Je suis très soulagée car je suis une redoublante et ça n’a pas été une année facile pour moi. Je me suis quand-même accrochée et ça a payé. Félicitations à ceux qui l’ont eu et courage à ceux qui vont au rattrapage. Quant aux redoublants, ne lâchez pas l’affaire ! Prochain objectif pour moi, réussir ma première année universitaire. Ça ne sera pas facile« .
Ali Chaheoi Bahati, autre bachelière général, était, elle, beaucoup plus émotive et explosive : « J’ai eu mon bac et j’en suis très contente ! Qu’est-ce que vous voulez que je dise d’autre ? Non plus sérieusement, c’est une année éprouvante qui s’achève. Je compte bien profiter au maximum de mes vacances ! Je peux me le permettre car j’ai fini mes démarches post-bac. Donc bonnes vacances à moi ! »
Vous le devinez, il n’y avait pas que la joie et les sourires. Certains étaient plus déçus que d’autres, à l’instar d’une étudiante que nous avons interrogée. Cette dernière passera par un second tour : « Forcément je suis un peu déçue mais je positive. Certains l’ont directement raté tandis que moi je passe le rattrapage. Je vais réviser et me donner à fond, pour décrocher moi aussi mon baccalauréat. » On ne lui souhaite que ça.
Félicitations à tous nos bacheliers mahorais. Une nouvelle aventure étudiante vous attend mais avant toute chose : BONNES VACANCES bien méritées…
La rédaction du JDM