Les enseignants (écoles primaires, collèges et lycées) annoncent leur volonté de ne pas participer aux examens nationaux aux Comores et aux prochaines Assises nationales sur l’Education. Le message a été livré par le secrétaire général de l’intersyndicale, Moussa Mfoungouliyé, enseignant de philosophie. Ce dernier a rappelé « les nombreuses promesses non tenues », selon lui, par le gouvernement au sujet des revendications du corps enseignant. Des réunions sur le sujet avaient eu lieu sans aboutir à des résultats concrets. De nombreuses alertes avaient également été émises par l’intersyndicale sans produire, selon elle, l’effet souhaité.
« Face à ce constat, nous nous trouvons dans l’obligation de nous retirer du processus du déroulement de tous les examens nationaux et des Assises nationales sur l’Education prévues le mois prochain», a indiqué le syndicaliste dans un courrier, en date du 26 juin, adressé au ministre de l’Education nationale, Dr Takidine Youssouf, actuellement à l’étranger. «L’intersyndicale se réserve le droit de manifester à travers des marches pacifiques les jours qui viennent pour exprimer son mécontentement», ajoute le courrier.
Une incidence financière de 874.000 euros
L’intersyndicale des enseignants demande l’application sans délai d’une nouvelle grille indiciaire qui remonte à l’année 2009. Certains corps des fonctionnaires ont déjà bénéficié de cette grille sauf celui des enseignants. Les syndicats parlent d’une « injustice » qui n’a que trop duré. Le bureau de l’intersyndicale, sous la pression des enseignants, se demande pourquoi leurs collègues fonctionnaires du secteur de la santé continuent à bénéficier des avantages de la nouvelle grille indiciaire. « Monsieur le Ministre, les enseignants du primaire et du secondaire ne peuvent pas accepter de continuer d’être les seules victimes, les laissés pour compte de tous les fonctionnaires comoriens », poursuit le courrier de l’intersyndicale.
Les premières simulations faites en cas d’application de cette grille indiciaire font état d’une incidence financière de « 430 millions » de francs comoriens (874.000 euros environ) sur le budget de l’Etat. Le gouvernement comorien, pour contourner la revendication sur la grille sans se détourner de la cause de l’intersyndicale, avait promis, « soit un avancement, soit un relèvement du point d’indice, soit appliquer la nouvelle grille », selon l’esprit et la lettre d’un protocole d’accord signé en mai 2022 par les deux parties. Le président Azali Assoumani a signé un décret en janvier dernier ordonnant une hausse de 12,5% des salaires grâce au relèvement du point d’indice de tous les fonctionnaires. La dernière hausse du point d’indice des fonctionnaires comoriens remonte à l’année 1995, elle passait de 1500 à 1600. La valeur indiciaire passe donc en 2023 de 1600 à 1800.
45.964 candidats inscrits aux trois examens en 2023
Malgré des avancements de salaires en 2003, une nouvelle grille indiciaire en 2009, un avancement en 2016 et un autre en 2021, la situation des carrières des fonctionnaires aux Comores est très critique avec un gel de dizaines d’avancements depuis presque trente ans. Cela aura un impact à l’avenir car le fonctionnaire mis à la retraite aura perdu de nombreux avantages durant la période d’exercice ce qui se répercutera aussi sur sa pension de retraite. Plus l’indice est régulièrement relevé, plus le salaire l’est aussi. Sauf qu’il y a un gel des avancements des fonctionnaires comoriens depuis 1995, soit 28 ans. Si tout allait bien, le point d’indice devrait passer, selon nos informations, de 1600 (en 1995) à 2565,75 en 2023, soit un gap de 765,75 points perdus. N’empêche, la dernière revalorisation du point d’indice sert d’argument pour appeler les syndicalistes au calme et à la responsabilité.
«Le président a fait de son mieux pour satisfaire les revendications des enseignants car il était bien dit, soit un avancement, soit un relèvement du point d’indice, soit appliquer la nouvelle grille », a indiqué hier le secrétaire général du ministère de l’Eduction nationale, Soulaimana Soilihi pour qui l’intersyndicale a pris la décision sans la moindre concertation préalable. « On ne nous a pas signifié officiellement cette décision de ne pas participer aux examens. Mais nous avons pris des dispositions spéciales pour assurer le déroulement normal », a souligné le fonctionnaire.
Les examens démarraient aux Comores ce samedi 1er juillet avec le concours d’entrée en sixième. On compte 45.964 candidats (contre 43.390 en 2022) qui prendront part cette année aux trois examens : entrée en sixième, Bepc et bac dont 22.772 à la Grande-Comores, 4.204 à Mohéli et 18.988 à Anjouan. Les épreuves écrites du baccalauréat démarrent le 9 juillet prochain, soit trois jours après la célébration de la fête de l’indépendance.
A.S.Kemba, Moroni