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Mamoudzou

Baie de Soulou : Le Conservatoire du Littoral passe le relais à la 3CO

Symbolique signature ce mardi matin entre les hautes instances nationales du Conservatoire du littoral et celles de la Communauté de communes du Centre-Ouest en vue de donner second souffle de vie, valorisation et préservation du site naturel global attenant à la baie de Soulou.

C’est aux abords de l’entame du tronçon pédestre encore méconnu, situé au niveau du carrefour de M’Tsangamouji/Soulou et de ses fameux vestiges de l’usine sucrière, qu’Agnès Vince, directrice nationale du Conservatoire du littoral (CDL) et Maanrifa Said Ibrahima, président de la 3CO, ont scellé solennellement le destin d’une partie cette Baie de Soulou. Un destin d’aménagement, de rénovation et de mise en valeur aussi bien historique qu’environnementale pour lesquels l’interco s’engage comme gestionnaire. Après la Cadema hier, au niveau de son site d’Hajangoua, c’est donc la région centre qui prête ’’serment’’ ce jour, portant à 4 le nombre de conventions estampillées CDL. Lorsque l’on sait que ce chiffre se tablait sur 0, il y a encore 5 ans de cela, on peut aisément imaginer le travail intensif de fond de Christian Beillevaire, directeur du CDL Mayotte et de ses 2 collaborateurs.

Christian Beillevaire, directeur de l’antenne CDL de Mayotte introduit cette amorce de sentier nouvellement nettoyé et dégagé afin de se rendre au site historique de l’entrepôt de l’usine sucrière

Acquérir pour protéger 

Cet établissement public national ayant pour mission première de reconquérir le domaine foncier attenant aux rivages français métropolitains ET ultramarins — afin de les préserver contre les potentielles menaces d’urbanisation — porte prioritairement une approche à caractère anticipatoire et environnemental. Un indispensable travail préventif au regard des diverses manifestations naturelles liées notamment aux changements climatiques, pour lesquels les pleines fonctionnalités de l’écosystème se doivent d’être maintenues, entretenues et défendues telles les forêts de mangroves, entre autres, dont l’indiscutable rôle n’est plus à démontrer. Une fonctionnalité qui impacte directement la viabilité même de nos cotes et d’autant plus, en nos insulaires contrées comme nous le rappelle Agnès Vince : « Nos missions pluridisciplinaires, avant tout d’acquisition foncière, ciblent à la fois l’écosystème terrestre et maritime, pour justement maintenir le trait de côte. C’est quelque chose de fondamental pour tous les territoires, Mayotte inclus, pour lequel il y a aussi tout un interface avec le rétro-littoral* » .

Agnès Vince : « Ma venue à Mayotte est hautement forte et symbolique pour dire aux élus et aux habitants que nous sommes là pour mettre les moyens qu’il faut, sans compter, au profit de la valorisation de ce territoire et de son Histoire. Là est toute notre volonté. La sécurisation passe aussi par la protection et la préservation des milieux naturels »

Un travail dans l’ombre pour faire émerger de beaux projets 

S’il y a bien une noble étiquette que nous pouvons coller aux équipes du Conservatoire du littoral, c’est celles de petites fourmis. Engagés, courageux, travailleurs et souvent dans la discrétion, les collaborateurs du CDL sont au total 160, dont 20 détachés en zone Outre-mer. Sur notre île par exemple — où 2 763 hectares sont sous l’égide du CDL — en plus de leurs propres missions, souvent complexes au regard des problèmes fonciers récurrents que nous connaissons, les agents apportent, leur ingénierie en matière de gestion administrative, de montages de dossiers, de décrochage de subventions, d’appel et de coordination de divers acteurs techniques liés à l’urbanisme, l’archéologie, l’architecture, l’aménagement paysager etc.

La réhabilitation de cette parcelle permet de protéger la mangrove attenante (®MLG)

En somme, une polyvalence à très haute valeur ajoutée et ce, pour un même projet, qui se veut porteuse et cadrée avant tout pour les gestionnaires ou futurs gestionnaires : « Dans notre mission de propriétaire de l’espace du littoral, lorsque nous décidons de signer, c’est que nous avons derrière les garanties nécessaires quant à l’aménagement respecté et à l’entretien du site qui est laissé en gestion » nous précise Alain Brondeau, délégué CDL des Outre-mer, « Dans cette signature du projet de la Baie de Soulou, il y a 3 dimensions liées au patrimoine culturel, au patrimoine naturel ainsi qu’à l’aménagement cohérent du territoire ».

Quand la Nature reprend ses droits… Cette amorce de sentier proche de la route départementale, où les vestiges de l’usine sucrière sont visibles, est une parfaite illustration de la complexité foncière de notre île. Sous pseudo statut juridique apparemment privé d’une ancienne coopérative désormais fantôme, cette portion de sentier ne peut être encore exploitée et réhabilitée tant que le CDL ne sera pas reconnu pleinement propriétaire de cette parcelle (®MLG)

Le grand tout qu’est Soulou

Inauguré en février dernier, le nouveau sentier d’accès à la cascade et plage de Soulou se voulait chantier vitrine du projet global qui se rattache aux différents points névralgiques et culturels qui composent ladite baie. Une baie riche de sa végétation, de sa faune mais également de son Histoire qui remonte, pour les premières traces, au 8ème siècle, alors sous giron du Sultanat de Tsingoni. Cette sensibilité archéologique est bien entendue étudiée et prise en compte dans les travaux de la Délégation académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle (Daac) auxquels se greffent également un pan historique plus récent relatif à l’ancienne usine sucrière de la zone bâtie fin du 19ème siècle, vers les années 1856.

Le fameux embarcadère encore préservé composé de prismes de basalte d’un poids inimaginable(®MLG)

Étendue sur près de 400 hectares, ce lieu est l’un des mieux préservés du territoire, avec différents éléments et emplacements tels que l’usine centrale, la maison du maitre mais aussi son embarcadère et son dépôt attenant. Véritables vestiges témoins du Passé qu’il faut impérativement restaurer et préserver comme il est cas dans le projet de la 3CO, en plus de l’aménagement côtier et pédestre au moyen de la réhabilitation, voire création, de sentiers interconnectés. Des sentiers établis via un tracé respectueux de l’Environnement, où la magie des lieux est préservée tout comme l’utilisation de matériaux naturels, directement trouvés sur place, est priorisée. Un principe d’aménagement léger où l’ajout d’équipements artificiels est minimisé, pour ne pas dire inexistant, afin justement de limiter les dangers de dégradation mais également les frais d’entretien trop importants pour le gestionnaire du site; en l’occurence, l’interco.

Les vestiges de l’entrepôt attenant à l’embarcadère ont bénéficiés d’un bon coup de nettoyage afin de les dégager de la végétation tout en octroyant des travaux de maçonnerie pour sécurisation en attendant la phase concrète de restauration qui bénéficiera de fonds européens

Toute cette étude pluridisciplinaire est en cours de finalisation après une 1ère tranche de nettoyage et de sécurisation, d’un montant de près de 62 000 euros, qui a été amenée sur le sentier ainsi que les vestiges du dépôt en attendant la suite des travaux et la poursuite de ce magnifique chantier global tant aspiré qui offrira une connexion à la Nature depuis la commune de Tsingoni jusqu’aux portes de M’Tsangamouji de quoi ravir les amateurs de randonnée, de Trail mais aussi les familles.

MLG

*Le rétro-littoral est relatif à l’arrière-côte, au-delà du littoral; c’est une terre immédiatement à côté d’une côte. Elle peut concerner différents niveaux d’échelle.

Les convives découvrent avec émerveillement les richesses de cette abandonnante nature préservée
Pour Alain Brondeau, il est important de prévenir contre le défrichement massif et sauvage, tout en apportant une bienveillante expertise auprès des agriculteurs de la zone pour une politique durable et respectueuse de l’Environnement
La sécurisation du parcours, notamment contre le phénomène de glissement de terrain, se veut au moyen de bois coupé et débité sur zone justement pour tracer ce sentier
Jeremy Brightman, paysagiste au sein du cabinet Toponyny en charge de la mise en valeur des vestiges de ce site
Il est incroyablement beau de voir la clarté de ces eaux et la préservation de ce que devrait être (normalement) une forêt de mangroves (®MLG)
La Nature a littéralement englouti les vestiges de l’usine sucrière qui se détériore et disparait d’année en année (®MLG)
(de g. à d.) La présidente du conseil d’administration du Conservatoire du littoral Agnès Langevine aux côtés de Maanrifa Said Ibrahima qui se dit confient pour l’attractivité et la sécurisation globale de ce site : « La fréquentation et le monde généreront une sécurisation naturelle. Cette baie est extraordinaire de potentiel, il faut la préserver et la mettre en valeur »
Depuis l’entrepôt sucrier, une vue imprenable est offerte sur la mangrove, le quai maritime de chargement mais également la sortie de la Baie de Soulou (®MLG)
L’ambiance amazonienne quasi mystique fait de ce lieu redevenu sauvage, allié à son histoire, quelque chose d’envoûtant (®MLG)

 

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