Parmi notre désert pluridisciplinaire médical et paramédical, qui n’a de cesse de faire parler de lui, il est une constatation évidente aussi en termes de Santé visuelle. Alors que la moyenne nationale tournoie autour des 9 ophtalmologues pour 100 000 habitants, on ne peut guère en dire autant pour notre île aux parfums, à la rétinopathie ou encore la cataracte. Cependant, les choses tendent à évoluer plus que positivement depuis ces 2 dernières années, en partie grâce au Dr. Jean-Bernard Rottier qui, de par sa discrète mais non moins efficace implication sur notre territoire — au moyen de son association Unono Wa Matso — a déjà offert 2 centres de consultations dématérialisées oculaires à Bandrélé et Hamjago, en plus de la réouverture du service ophtalmologique au CHM qui, rappelons-le, bénéficiera d’ici peu d’un service de chirurgie.
Mais avant de parler de cas extrêmes et de volet curatif lourd, il est une profession paramédicale complémentaire, indispensable et préventive en matière de bien-être visuel. Une profession qui n’a de cesse de monter en puissance et qui ne connait vraiment pas la crise. Là où l’ophtalmologue s’occupera de la partie malade et chirurgicale de vos yeux, il en sera de l’ordre de la rééducation pour l’orthoptiste. Une sorte de kiné de l’oeil qui viendra traiter les déficiences visuelles importantes de ses patients au moyen d’exercices sensoriels et moteurs.
Et c’est bien parce que l’efficacité de son travail est reconnue, toujours dans cette approche de logique complémentarité avec le corps médical, que depuis le 1er février 2023, les orthoptistes sont autorisés à prescrire des premiers verres correcteurs et/ou lentilles aux patients âgés de 16 à 42 ans. Bien vu le Ministère de la Santé ! Et du côté de notre île, on compte bien se doter de tels spécialistes de l’oculomotricité et, tant qu’à faire, Made in Mayotte !
Formation de 6 futurs orthoptistes mahorais
Une grande première pour notre petit caillou qui aspire grandement à diversifier ses offres de formations sur le territoire; et même si la locale complexité logistico-administrative se voulait au rendez-vous (une fois n’est pas coutume…), la fertile pugnacité des protagonistes de ce projet l’était tout autant. À la baguette de cet honorable mais non moins important chantier, le Professeur Dominique Bremond-Gignac, également Directrice du département d’Orthoptie de l’Université scientifique de Paris Cité (6ème). Seuls 15 établissements dispensent cette formation en France.
Parti d’une idée en amont de déconcentration des étudiants, afin de palier notamment à la problématique globale des respectives désertification et répartition médicales, il a été cas étudié pour l’Orthoptie sur les régions de Nevers, Limoges ou encore Nice. L’idée ayant fait ses preuves et son petit bonhomme de chemin, le projet a été activement creusé en ce début d’année pour y intégrer Mayotte et, résultat des courses : 6 étudiants mahorais vont avoir l’extraordinaire opportunité d’intégrer dès cette rentrée 2023-2024, le cursus préparatoire en vue d’obtenir, après 3 ans d’études, le certificat national de capacité d’orthoptiste. Pour ce faire, tout une logistique d’acteurs incontournables s’est greffée à ladite affaire. La pure et noble illustration d’une « oeuvre collective ». Conseil Départemental, Ladom, la Cadema, l’ARS, le Cufr et donc l’Université Paris-Cité.
Organisation et subventions
Pour cette formation qui s’adresse aussi bien aux nouveaux bacheliers cuvée 2023, qu’aux étudiants et personnes au profil à minima scientifique, ayant aspiration à se réorienter professionnellement, tout a été prévu pour vous accompagner. D’une valeur de 11 000 euros annuels, par étudiants et étalé sur 3 ans (soit 11 000 € x 3), l’intégralité de ces frais de scolarité est pris en charge par le Conseil départemental tout comme la logistique de transport, d’hébergement et de complément de rémunération qui incombe à L’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité de Mayotte (Ladom).
Un packaging des plus incroyables qui vous mènera la première année directement sur Paris et les 2 années qui suivront se verront à cheval avec Mayotte également, lieu de stage mais aussi de cours en visioconférence active (soit de manière directe et interactive) qui vous seront proposés via les locaux du Campus Connecté de la Cadema d’Hajangua-Dembéni. Une organisation ficelée au millimètre près qui comprend un plein accompagnement, des cours de soutien et autres paramètres pour étudier dans les meilleures conditions possibles pour votre réussite sachant, à l’arrivée, l’employabilité garantie, tant sur le plan salarié que libéral : « Dans ce travail collaboratif de qualité, tout a été soigneusement pris en considération pour que ces étudiants ne se sentent à aucun moment seuls ou découragés. Il faut de la motivation et du travail personnel, c’est certain mais il s’agit là d’un vrai projet professionnel, un super métier polyvalent où l’on ne s’ennuie pas, répondant de manière directe au développement de Mayotte et pour lequel il n’existe pas de chômage » précise le professeur Bremond-Gignac. Pour information, là où la moyenne nationale présente 8 orthoptistes pour 100 000 habitants, il n’est cas que de 4 pour Mayotte (contre 92 à La Réunion à titre d’exemple).
À vos marques, prêts, POSTULEZ !
À partir de ce vendredi 15 juin, il sera possible de vous inscrire via la plateforme nationale de Parcoursup*. Et même si certains bacheliers/étudiants ont déjà fait part de leur choix en amont, il est tout à fait envisageable de candidater pour cette filière en une approche complémentaire. Aucunement vos choix initiaux ne seront annulés.
Il s’agit là d’une chance supplémentaire, une porte d’entrée (plus qu’attrayante), afin aussi de sécuriser votre parcours étudiant. Parcoursup à Mayotte qui présente déjà 7 500 candidats pour cette année nous précise Sylvie Malo, conseillère du recteur : « Il est important que les jeunes mettent toutes les chances de leur côté et saisissent les opportunités qui leurs sont offertes. Ils faut qu’ils osent; pour la suite, tout est là. On est là. Il s’agit du développement de Mayotte et nous croyons en eux ».
Et pour ceux qui auraient besoin d’informations complémentaires, un Info-Call a lieu ce mardi 13 juin de 9h à 11h, directement au sein des locaux de la Cadema de Mamoudzou (proche Hôtel de ville) ainsi que de manière dématérialisée via ce lien : Info Formation Orthoptiste
Outre l’âge minimal requis de 18 ans, il est à noter que cette formation s’adresse également aux personnes ayant aspiration à se réorienter professionnellement parlant. Après une pré-sélection qui sera établie via les algorithmes du site Parcoursup, les candidats postulant seront soumis à un entretien avec jury sur dossier, comprenant en amont, lettre de motivation et questionnaire de culture générale. L’occasion de tester la personnalité des potentiels prétendants pour laquelle il sera aussi question de ne pas avoir froid au yeux…
Bon courage à vous et foncez.
MLG
Infos pratiques :
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Contacts et informations financement et modalités :
- Conseil départemental : latufa.aliabdou@cg976.fr
- LADOM : houdharia.bacobacar@ladom.fr