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Saïd Ahamada : « LADOM veut accompagner les Mahorais à construire leur projet de vie »

Le directeur général de l'Agence De l'Outre-mer pour la Mobilité), Saïd Ahamada, nommé récemment en janvier 2023 a accordé une interview au JDM dans laquelle il explique les missions de LADOM, la situation à Mayotte, ainsi que les grands axes d’orientation de cet organisme public qui seront arbitrés lors du prochain Comité interministériel des Outre-mer (CIOM).

L’ancien député LREM des Bouches-du-Rhône natif de La Réunion et originaire de l’archipel des Comores, Saïd Ahamada a été nommé à la tête de LADOM le 16 janvier par décret du président de la République. Il succède ainsi à Florus Nestar qui a occupé ce poste durant six ans.

Pouvez-vous rappeler quel est le rôle de LADOM ?

Saïd Ahamada : « LADOM a pour but d’assurer l’égalité des chances entre les citoyens français qu’ils vivent dans les Outre-mer ou en métropole. Il s’agit de gommer les distances entre les territoires ultramarins et l’hexagone. C’est aussi permettre les mêmes champs du possible aux personnes qui veulent accéder aux formations et aux études supérieures qui n’existent pas dans les Outre-mer et sur leur territoire. LADOM a une mission de service public en permettant l’égalité des chances pour l’ensemble des territoires ultramarins. Nous proposons ainsi plusieurs dispositifs à destination des étudiants de moins de 26 ans concernant la mobilité en prenant en charge 50% du billet d’avion pour les étudiants désirant poursuivre leurs études en métropole et 100% du billet pour les étudiants boursiers. Nous leur versons en plus une aide pour les frais d’installation, ainsi qu’une indemnité mensuelle durant cinq ans au maximum. Nous les accompagnons aussi durant toute leur formation.

L’Agence De l’Outre-mer pour la Mobilité est un acteur majeur des mobilités des résidents des outre-mer

De plus, nous proposons une aide pour les stagiaires en formation professionnelle sans limite d’âge. Nous finançons le billet d’avion à 100% et nous versons une prime à l’installation ainsi qu’une bourse de frais de vie afin qu’ils subviennent à leurs besoins durant toute la durée de formation. Enfin, nous offrons une aide à la continuité territoriale pour les foyers modestes dont le revenu ne dépasse pas 11.990 euros par an. Nous les aidons à voyager en leur offrant un bon. Nous avons d’ailleurs rehaussé la somme en mars dernier pour l’ensemble des territoires ultramarins, à Mayotte il est passé de 440 euros à 535 euros. Nous sommes ainsi le principal acteur de la mobilité dans les Outre-mer et les territoires ultramarins ».

Concernant la prise en charge au départ des jeunes mahorais en matière de scolarisation, d’insertion et de formation professionnelle, quelle est son évolution ?

Saïd Ahamada : Je ne suis directeur de LADOM que depuis quelques mois, mais il est certain que nous avons de fortes sollicitations de la part des étudiants mahorais. C’est le territoire qui utilise le plus les aides de LADOM. Cela est dû, sans doute, au fait que l’offre de formation sur ce territoire est moins importante qu’ailleurs. Beaucoup d’étudiants quittent l’île pour aller étudier à La Réunion ou en métropole. Nous avons mis en place des moyens conséquents pour que les étudiants mahorais puissent poursuivre leurs études. La hausse des billets d’avion est un sujet important car beaucoup d’étudiants mahorais sont boursiers. Il s’agit de les aider pour la mobilité et dans la continuité. Ainsi, au titre de l’année 2022, ce sont 4.033 Mahorais qui ont bénéficié d’un Passeport Mobilité Études (PME) sur un total de 9.276 pour les 5 DROM (Départements et régions d’Outre-mer). Cela représente 43% de l’activité PME pour l’année 2022.

Saïd Ahamada a été nommé directeur général de LADOM au mois de janvier dernier

Six millions d’euros ont été alloués en plus à LADOM par le ministre chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, pour le budget 2023, comment allez-vous utiliser cette somme ? Mayotte va-t-elle en bénéficier ?

Saïd Ahamada: Oui ! Cette extension du budget de LADOM remonte à l’année dernière sur proposition du ministre chargé des Outre-mer. Il y a pas mal de procédures…notamment concernant les décrets d’application. Nous allons consacrer cette somme à rehausser le niveau de prise en charge des billets d’avion. Tous les territoires d’Outre-mer vont pouvoir en bénéficier. Comme je vous l’indiquais précédemment l’aide concernant les billets d’avion va passer de 440 euros à 535 euros pour Mayotte, soit une hausse de 22%. Pour La Réunion cette aide passe à 475 euros au lieu de 360 euros, une hausse de 32%.

Le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) va bientôt avoir lieu au courant du mois de juin, qu’allez-vous faire comme propositions à la Première ministre, Élisabeth Borne ?

Saïd Ahamada : J’ai été nommé par le Président de la République, sur proposition du ministre chargé des Outre-mer, pour réformer LADOM. J’ai déjà soumis mes propositions à travers une note stratégique au ministre. Le CIOM sera l’occasion de procéder à des arbitrages… Durant ces derniers mois j’ai fait le tour des territoires d’Outre-mer, sauf Mayotte où je dois me rendre d’ici septembre. J’ai vu qu’il y avait de nombreuses attentes. Aussi mon principal objectif est d’être au service de ces territoires et de répondre à leurs besoins en permettant notamment l’égalité des chances pour tous. Je compte ainsi poursuivre et accentuer les dispositifs pour les Outre-mer en matière de mobilité. Pour cela, nous voulons accroître les compétences en proposant une aide pour un retour en vue d’une installation pour les personnes ayant un projet professionnel. Nous les aiderons à financer leur mobilité. Nous allons continuer également à accompagner les étudiants pour la poursuite de leurs études dans l’Hexagone en facilitant leur installation. Cela passe par exemple par des partenariats avec les Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) et d’autres organismes, mais aussi en les aidant administrativement comme l’inscription à la sécurité sociale ainsi que pour d’autres démarches afin qu’ils se concentrent exclusivement sur leurs études. A 18 ans on ne pense pas toujours à effectuer ce genre de choses. Nous continuerons aussi à accompagner les actifs dans leurs droits à la formation professionnelle afin qu’ils montent en compétences et qu’ils puissent ainsi en faire bénéficier leur territoire. Enfin, nous allons accentuer l’aide à l’installation en versant une allocation mensuelle afin de sécuriser les parcours en aidant les personnes à se loger. Il est hors de question de laisser partir des gens en formation dans l’hexagone s’ils n’ont pas de logement à leur arrivée.

LADOM, Mayotte
L’agence de Mayotte

Mayotte est-elle différente des autres territoires d’Outre-mer selon vous ?

Saïd Ahamada : Il est vrai que nous apportons une attention particulière pour Mayotte mais aussi pour la Guyane. Ce sont des territoires où il y a une offre de formation insuffisante par rapport à la demande. LADOM est active dans ces territoires pour permettre aux gens de se former. A Mayotte, par exemple, nous avons développé l’alternance avec un BTS comptabilité où les étudiants partent étudier 4 mois en métropole chaque année durant les deux ans de formation et reviennent 4 autres mois pour effectuer leur alternance dans des entreprises locales. Le but est ainsi de coller au plus près des besoins du territoire. Dans ce dispositif nous prenons en charge près de 100% des frais. Les entreprises ne déboursent quasiment rien.

Enfin, je pense qu’il y a un véritable potentiel sur cette île, nous souhaitons faire monter en compétences les Mahorais et les accompagner afin qu’ils puissent construire leur projet de vie.

Propos recueillis par Benoît Jaëglé

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