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Mamoudzou

Les quartiers défavorisés ont des idées et du talent pour entreprendre

Vendredi avait lieu la grande finale du concours « Mon Quartier Entreprend » organisé par la couveuse d’entreprises Oudjerebou en partenariat avec la Cadema et les communes de Mamoudzou et de Dembéni. Sept candidats étaient en compétition à la MJC de Kawéni pour présenter leur projet devant un jury composé de professionnels et d'institutionnels.

Ils étaient vingt-quatre au départ et seulement huit ont été qualifiés pour la finale du concours « Mon Quartier Entreprend ». Un candidat ayant fait faux bond en ne s’étant pas présenté pour la finale, il n’était plus que sept. Pour cette troisième édition, la couveuse Oudjerebou avait décidé de pimenter un peu les choses en obligeant les candidats à défendre leur projet devant un vaste auditoire. « Le but de ce concours est de mettre en valeur les quartiers défavorisés en accompagnant les porteurs de projets issus de ces quartiers à concrétiser leur idée et en stimulant la création d’entreprise, indique Farrah Hafidou, présidente d’Oudjerebou. Nous voulons ainsi donner une chance aux zones défavorisées et dénicher des joyaux cachés ».

Pendant plus d’une heure et demie les candidats ont défilé tour à tour devant un jury représenté par le BGE, les mairies de Mamoudzou et Dembéni, la Cadema, Oudjerebou ou encore Pôle emploi.

Des projets allant du textile aux problèmes environnementaux

La première candidate, âgée de 24 ans et originaire de Dembéni, avait pour projet d’ouvrir une usine de textile pour le prêt-à-porter. Actuellement gestionnaire RH, cette idée lui trottait dans la tête depuis quelques temps. « J’ai toujours aimé la mode, raconte-t-elle. Je souhaite créer des vêtements pour les hommes et les femmes avec des tissus recyclés ou des vieux vêtements. Pour cela, je souhaite mettre en place plusieurs collecteurs afin de récupérer des tissus pour pouvoir les retoucher et les mettre en vente ». Au-delà de la création de l’usine, la candidate aimerait en faire une entreprise d’insertion, à terme, en embauchant des couturières jeunes et /ou âgées afin de les accompagner à s’insérer dans la société et à développer leurs compétences.

Le jury a débattu pendant plusieurs dizaines de minutes avant de désigner les trois lauréats

Un deuxième projet, consistait en la création d’une agence de mannequins sur Mayotte. « Ce métier n’existe pas sur l’île, indique le candidat. L’idée serait de créer une structure pour recruter, former des jeunes et les lancer sur le marché. Des partenariats avec l’École de la mode, un photographe et les collectivités sont envisagés ».

Un autre projet avait pour objectif de faciliter l’approvisionnement en bouteilles de gaz pour la population éloignée des points de ravitaillement et ne disposant pas de moyens de locomotion. Cela s’effectuerait avec des livraisons à domicile moyennant environ quatre euros selon le lieu de livraison.

Un magnétiseur proposait également de soulager les gens au travers de massages, de yoga, de techniques de respiration afin de « gérer et évacuer le stress qui est à la fois destructeur d’un point de vue physique mais aussi psychologique ».

Deux autres projets avaient pour idée de faire de la coiffure à domicile. « L’idée m’est venue en 2020, raconte le premier candidat. On ne pouvait plus aller chez le coiffeur à cause du Covid. J’ai donc décidé de me déplacer seul chez les gens et de les coiffer. Je souhaiterais acquérir un camion de coiffure d’ici quelques temps ». La candidate ayant le même projet proposait en plus des soins de beauté et esthétiques à domicile. « Pour l’instant je travaille chez moi. J’ai fait des économies pour acheter mon matériel et une partie de ma maison est consacrée à cette activité. Je coiffe des artistes. J’accueille très bien les gens, mon objectif est d’ouvrir mon propre salon », souhaite-t-elle.

Enfin, un projet était porté par un homme dont le but est de lutter contre le plastique. « C’est un véritable danger et un fléau pour la société. Nous devons trouver des solutions contre cette pollution qui détruit la nature ». A travers son « projets vert », il souhaite réutiliser le plastique pour en faire des pavés. « L’idée consiste à fabriquer des pavés en plastique pour les routes, les allées, …  Actuellement ça marche de façon artisanale avec du bois de chauffage et l’ajout de composants. J’aimerais créer une usine de transformation des déchets plastiques afin de produire et fabriquer des pavés », a-t-il expliqué devant l’assemblée.

De gauche à droite : Tiba Beldie, Seli Ibrahim, André Kikongo-Mumpe

Au terme d’une longue délibération, les membres du jury ont désigné trois lauréats qui sont André Kikongo-Mumpe (3e) pour son projet de pavés en plastique, Seli Ibrahim (2e) pour la création d’une usine de vêtements à base de tissus recyclés, et la première place revient à Tiba Beldie pour la création d’un salon de coiffure et d’esthétique.

B.J.

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