S’il est bien une réalité qu’il faut admettre en nos contrées métropolitaines ET insulaires franco-françaises, c’est que l’esprit entrepreneurial n’est pas quelque chose auquel notre jeunesse est sensibilisée durant son cursus scolaire classique. Un cursus parfois complexe où le décrochage en est aussi une conséquence mais qui ne détermine en rien le devenir tracé de l’intéressé(e) et encore moins dans une forme de fatalité. Encore faut-il avoir conscience de cela en étant soutenu, accompagné voire même aiguillé, surtout si les idées d’autonomie et de projets sont au rendez-vous. Qui mieux que cette massive jeunesse — diplômée ou non d’ailleurs — qui caractérise notre territoire, pour donner impulsion et vision moderne à ce que pourrait incarner le Mayotte de demain ? Un territoire dont le tissu économique se veut porté, depuis bien trop d’années, en une dominance d’un marché public qui commence lui aussi à suffoquer au regard, chaque année, du nombre toujours plus important de personnes en âge de travailler. C’est un fait, face à l’important taux de chômage et au secteur privé à peine émergeant* (essuyant lui même la succession de crises) il faut créer ! De l’emploi, certes, mais aussi des richesses en exploitant notamment ses idées, y croire et foncer car charité bien ordonnée commence par soi-même… Mais par où commencer justement ?
Faciliter les diverses prises d’information
C’est dans cette dynamique, initiée par la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM), à la demande du Gouvernement et du Conseil Départemental (en sortie de concertation post-crise Covid), qu’a été créée il y a près de 2 ans, la Journée pour Entreprendre.
Une dynamique qui se veut facilitatrice et cohérente, offrant ainsi aux potentiels futurs entrepreneurs, la possibilité de trouver en un même lieu, les différents acteurs, structures et institutions administrativo-économiques relatifs à tout ce labyrinthe qui peut apparaître parfois décourageant si les bons outils informatifs ne nous sont pas offerts dès le départ. Et pour qu’un projet soit viable, je vous rassure, pas besoin qu’il soit pharaonique ! Et c’est bien cet aspect qu’à également tenu à souligner Mohamed Ali Hamid, président de la CCI Mayotte : « Le secteur privé sur notre territoire est encore au stade embryonnaire. Chaque jour, Mayotte se crée aussi par des petites structures et il est important de prendre conscience que chaque jeune peut contribuer au développement de notre territoire (…) Il faut que nous aidions la jeunesse à enlever cette peur d’entreprendre. Nous sommes les accompagnateurs mais vous êtes les acteurs ». Des acteurs, jeunes et moins jeunes, qui représentent 90% des micro-entrepreneurs sur la globalité des entreprises répertoriées sur notre territoire. Avec 1 802 créations d’entreprises en 2021, Mayotte est encore bien en deçà de ses capacités au regard de l’immense potentiel économique, encore non exploité, que cette île offre à ses habitants et ce, quelle qu’en soit l’intercommunalité concernée.
À chaque territoire sa richesse
Après une précédente édition en Petite-terre, c’est donc la toute jeune Communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (Cagnm) qui est mise sous les feux de la rampes et qui se voit accueillir, en son fief de Bouyouni, ces nouvelles festivités propres à l’entreprenariat dans sa globalité. Une globalité qui inclut également l’ensemble des 5 communautés d’agglomérations afin d’appuyer cette pleine attractivité diversifiée en notre territoire.
Des atouts et aspirations qui ne seront pas les mêmes d’un endroit de notre île à un autre et c’est bien dans cette intelligente mutualisation de moyens que les interco concernées se présentent aussi en un même lieu. Le jeune potentiel porteur de projet qui souhaiterait développer son activité dans le domaine de l’Aquaculture par exemple, n’aura pas les mêmes vision et attentes géographiques que celui qui se dirige vers de l’Agriculture, et encore moins celui qui se porte sur une voie numérique etc. Nombreuses sont les potentialités nous l’avons dit et immenses sont les richesses propres à la singularité de chaque territoire qui compose notre département. Des territoires bien décidé à éclore tout en soutenant les locales forces vives et cérébrales qui auraient matière à s’installer chez eux : « Dans nos autonomisation et souhait d’épanouissement économique, nous avons pleinement conscience que la jeunesse est notre première ressource » indique Mu’uminat Swalihat Cheick-Ahmed, 6ème vice présidente de la CCSud, avant de poursuivre : « Nous sommes peut-être le département le plus pauvre de France mais il faut avoir conscience que nous sommes tellement riches de notre diversité. Toutes les opportunités sont à saisir et notre rôle est d’être à l’écoute de cette jeunesse, de la guider, de la porter et de l’aider à sauter le pas ».
Un pas plus ou moins grand mais toujours nourri d’une confiance envers cette population active en devenir que l’institution du Grand Nord souhaite rappeler : « Il est important que ces jeunes ne se sentent pas seuls. Ils ont le droit d’être rêveurs ou même visionnaires et prévoir les métiers du Futur. Nous sommes prêts à les accueillir » précise Maanrouf Anfani, DGA Développement économique et touristique Cagnm.
Face à ce « Grand mal » , comme l’appelle le président de la CCI, qu’est le taux de chômage sur nôtre île (+35%), il est plus que nécessaire que cette jeunesse soit partie prenante dans la construction de son chemin de vie mais aussi dans l’élaboration de ce pérenne schéma économique qu’elle se doit d’incarner avec ambition, refermant ainsi la page de cette priorisation quasi dogmatique d’un emploi public qui n’a plus lieu d’être. Un temps révolu qui n’a pas à avoir peur d’affronter les divers enjeux et défis qui se présentent, accompagnés aussi d’un immense vivier de possibilités tournées vers notre marché local, national mais également international, de par notre situation géographique. Nombreux sont les secteurs porteurs ou en devenir, il suffit juste d’y croire.
Alors quel que soit le degré d’avancement de vos inspirations ou idée(s), rendez-vous le mercredi 31 mai prochain à Bouyouni où vous trouverez, à coup sûr, les interlocuteurs qu’il vous faut pour vous accompagner dans cette belle aventure entrepreneuriale qui est avant tout la votre. Ainsi l’écrivait Nelson Mandela : « Une vision qui ne s’accompagne pas d’actions n’est qu’un rêve. Une action qui ne découle pas d’une vision c’est du temps perdu. Une vision suivie d’action peut changer le monde » . Jeunesse mahoraise, à toi d’entrer en action…
MLG
* Selon les derniers chiffres 2021 de l’Insee, seuls 11% des jeunes en âge de travailler accèdent à un emploi en entreprise.