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jeudi 16 janvier 2025

Comores : le gouverneur d’Anjouan interdit les passagers sans pièce d’identité

La note signée par Anissi Chamsidine, en date du 29 avril, restreint surtout le débarquement de passagers en provenance de Mayotte et qui n’ont aucun titre de séjour, allusion faite aux personnes en situation irrégulière et qui veulent être refoulées de l’île. Le gouverneur a dénoncé l’opération Wuambushu, craignant « un séisme sur l’île ». Il se dit convaincu que « la France avec peu de bonne volonté a les moyens de juguler cette crise, de réguler ces évènements, de réinsérer ces jeunes, d’assurer la sécurité de l’île sans se livrer à des déportations de populations ».

Le gouverneur de l’île d’Anjouan a officiellement restreint les opérations de débarquement au port de Mutsamudu et à l’aéroport de Wani. Anissi Chamsidine qui a dernièrement demandé une remise à plat de la coopération entre les Comores et la France est la première autorité comorienne de haut niveau à poser un acte officiel interdisant indirectement l’arrivée des refoulés en provenance de Mayotte.

De nombreuses conditions difficiles à remplir

La note signée par le chef de l’exécutif d’Anjouan, en date du 29 avril, restreint surtout le débarquement de passagers en provenance de Mayotte et qui n’ont aucun titre de séjour, allusion faite aux personnes en situation irrégulière et qui sont refoulées de l’île. Le gouverneur a soumis de nombreuses conditions difficiles à remplir pour permettre à ces refoulés de mettre leurs pieds au port de Mutsamudu.

Le gouverneur veut une redéfinition de la coopération avec la France (DR)

Le voyageur en provenance de Mayotte doit « présenter en plus de son titre de voyage, une pièce d’identité légalement établie et délivrée et en cours de validité », mais aussi accomplir « les formalités administratives de départ à la frontière du lieu de provenance », selon l’article 1 de la note. En clair, la mesure vise à empêcher toute opération de transfert des personnes en situation irrégulière à Mayotte sachant que la majorité (pour ne pas dire tous) n’a pas la pièce d’identité exigée avant le débarquement à Anjouan. Et surtout qu’au départ de Mayotte, il faut, d’après l’esprit et la lettre de la note, que les informations du voyageur soient transmises à l’autorité portuaire à Mutsamudu pour que celle-ci vérifie, (grâce au manifeste), si la personne en question a bel et bien une pièce d’identité légalement établie. Ce qui ne sera pas le cas puisque ces personnes-là qu’on souhaite refouler de Mayotte ne disposent pas de papiers (carte d’identité, laissez-passer ou titre de séjour). « Le débarquement dans le port, aéroport et autres endroits de personnes ne remplissant pas les conditions prévues à l’article 1er ci-dessus est strictement interdit », indique la note. Celle-ci précise encore que « les personnes qui tenteront d’introduire des passagers en violation des dispositions du présent arrêté feront l’objet de poursuites judiciaires ».

L’inclusion et la sécurité de tous à Mayotte

Montrer patte blanche et titre de transport ne suffira pas pour fouler la terre anjouanaise… (®AFP/I.Youssouf)

Peu avant la publication de cette note, le gouverneur a dénoncé, dans un communiqué, l’opération Wuambushu, craignant « un séisme sur l’île ». Il se dit convaincu que « la France avec peu de bonne volonté a les moyens de juguler cette crise, de réguler ces évènements, de réinsérer ces jeunes, d’assurer la sécurité de l’île sans se livrer à des déportations de population ». Anissi Chamsidine, dont la dernière sortie médiatique a été reprise en boucle sur les réseaux sociaux, a dénoncé sans ambages la politique de la France aux Comores, estimant que l’opération Wuambushu « viole les principes universels des droits de l’Homme ».

Une semaine après le démarrage de l’opération Wuambushu à Mayotte, les actes de dénonciation se multiplient aux Comores. Après la résolution unanime de l’Assemblée nationale, des maires et des organisations de la société civile ont exprimé, ces derniers jour, à Moroni et à Mutsamudu leur indignation, réitérant leur refus à toute expulsion d’un Comorien à Mayotte tout en reconnaissant la nécessité de garantir l’inclusion et la sécurité de tous à Mayotte.

 

A.S.Kemba, Moroni

 

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