Tour d’eau : pas d’aggravation jusqu’à mi-mai

En raison du faible niveau des retenues collinaires, nous nous dirigeons avec certitude vers une "augmentation progressive des tours d'eau", indique la préfecture. Les dernières pluies ne font que reculer l'échéance. Des solutions alternatives sont à l'étude.

Ironie du contexte, et tant mieux, c’est par un jour de vigilance Fortes pluies que la préfecture fait un point sur ce qui nous attend en matière de coupures d’eau.

Malgré un mois d’avril plus arrosé que la moyenne des précédents mois d’avril qui a permis de relever le niveau des retenues collinaires et surtout, de les épargner, Mayotte reste « confrontée à une sécheresse importante », indique les autorités préfectorales, sanitaires et du syndicat des Eaux. Des retenues de Dzoumogné et Combani qui sont toujours marquées par le déficit pluviométrique constaté durant la saison des (très faibles) pluies. « Il faut remonter à 1997 pour trouver une telle situation ».

La retenue collinaire de Combani le 28 mars 2023

Les derniers taux de remplissage à notre disposition datent du 20 avril 2023, après les dernières grosses pluies: la retenue collinaire de Combani était pleine à 39%, alors qu’à cette même période elle dépassait les 100% (en raison de la rehausse) les années précédentes, et celle de Dzoumogne à 25%. Les fortes pluies de jour ont du abonder à nouveau, mais pas suffisamment.

Le comité de suivi de la ressource en eau qui s’est tenu ce mercredi a décidé de « maintenir le dispositif de tours d’eau tel qu’il existe actuellement jusqu’à mi-mai, à savoir 2 tours d’eau nocturnes par semaine et par commune. » Un petit répit donc, puisque au départ, la situation devait s’aggraver au robinet fin avril. Pour mémoire, habituellement, la production d’eau potable est assurée par les nappes souterraines et les eaux de surface en saison des pluies, et par les retenues collinaires en saison sèches. Cette année, la sécheresse a imposé de puiser en permanence dans les retenues collinaires, même en saison des pluies. Les coupures d’eau que nous connaissons depuis plusieurs années sont habituellement levées vers les mois de janvier et février, ce qui n’a pas été possible cette année.

Accroissement des capacités de dessalinisation

L’usine de dessalement de Petite Terre toujours pas à sa capacité de production optimale

« Ce dispositif sera amené à évoluer durant les prochaines semaines et prochains mois », indique toujours la préfecture qui annonce « une augmentation progressive des tours d’eau très probablement décidée au cours des prochaines semaines et prochains mois ». Une communication sera alors faite tous les 15 jours.

Des solutions sont recherchées par la préfecture, Les Eaux de Mayotte, la SMAE, le rectorat, l’ARS, les acteurs économiques, Météo France, ainsi qu’avec les maires, sur des « mesures alternatives et complémentaires » visant à gérer cette sécheresse exceptionnelle.

Deux voies sont explorées : l’augmentation de la ressource et l’amélioration de la distribution. La piste de la dessalinisation semble privilégiée, avec l’extension des capacités en cours de l’usine de dessalement, et la fourniture d’unité de « moyenne ou grande capacités ». Cette solution demande une technique d’approche travaillée sur le long terme, nous avait expliqué le DGS des Eaux de Mayotte.

Récupérer au maximum l’eau de pluie

Des kits hydroéconome avaient été distribués en octobre 2020

Pour minimiser les impacts des coupures sur la scolarité, l’importation de cuves dans les établissements scolaires et de santé est également étudiée, comme la distribution aux particuliers de kits d’économie d’eau à l’instar d’il y a deux ans, un contrôle des prix de l’eau embouteillée et un travail avec les importateurs sur les approvisionnements est menée.

« L’objectif est de permettre à nos concitoyens de s’organiser au mieux durant les prochains mois dans leur vie quotidienne et de minorer le plus possible l’impact sur la vie scolaire, économique, administrative. »

Un appel aux gestes civiques est demandé, afin d’économiser ensemble la ressource en eau : arrosage par récupération des eaux de pluie, gestes du quotidien, strict respect de l’arrêté préfectoral : non nettoyage de voitures, des façades…

Le préfet ainsi que l’ensemble du comité de suivi de la ressource en eau remercient la population, les entreprises, les administrations pour les efforts réalisés en matière d’économie d’eau et de lutte contre le gaspillage, ainsi que les nombreux partenaires mobilisés : élus locaux, autorités religieuses, associations et représentants du monde économique, etc.

A.P-L.

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