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Mamoudzou

La CADEMA dénoue les cordons de la bourse pour moderniser sa collecte des déchets

Fini les empilements aléatoires de sacs ou la ronde des bacs poubelle utilisés comme matériel à barrages : les déchets des habitants communes de Dembéni et Mamoudzou deviennent invisibles grâce à l’investissement, conséquent, dans des bornes enterrées.

Elles ne sont pas à la portée de toutes les bourses communales et pourtant elles offrent d’incontestables avantages pour Mayotte : les bornes de déchets enterrées ont fait leur apparition sur le territoire par la CADEMA, Communauté d’Agglomération Dembéni-Mamoudzou. Normal, c’est la seule collectivité à avoir conservé la compétence de collecte des déchets. Les autres l’ont confiée à un SIDEVAM (Syndicat intercommunal d’Elimination et de Valorisation des Déchets de Mayotte) qui a connu une gestion pour le moins hasardeuse par le passé, recadrée par l’équipe actuelle qui n’a donc qu’une capacité d’investissement restreinte tout en rattrapant les objectifs qui lui sont dévolus.

La CADEMA a mis les bouchées doubles sur la collecte de l’ensemble des déchets de la zone Dembéni-Mamoudzou, et son président, Rachadi Saindou s’en félicitait  : « Nous avons plusieurs cibles : les déchets ménagers dans les quartiers difficilement accessibles à la collecte traditionnelle, le développement de la collecte de tous types de déchets, encombrants, verts, D3E*, notamment avec une déchetterie mobile, etc. » Soit en tout, prés de 30.000 tonnes de déchets, ce qui incitait le président à un parallèle étonnant, « c’est quasiment le poids du porte-avion Foch en pleine charge ! »

La dernière opération en date, c’est la mise en place de bornes de déchets enterrées. Inauguration pluvieuse, inauguration heureuse pour la première séries de trois consacrées aux déchets ménagers aux Hauts-Vallons ce mercredi. Heureusement que les barnums étaient de sortie.

Tentative de levage à plusieurs mains, sous les yeux de Rachadi Saindou

Plus de 5 fois plus cher qu’une borne plastique

Huit sites sont opérationnels, « un investissement de 1,56 million d’euros et financés sur fonds propres », soulignait le président. Un ambitieux challenge quand on apprenait le différentiel de prix entre les bornes aériennes actuellement présentes sur l’ensemble de l’île, et les bornes enterrées. Il faut en effet débourser environ 2.500 euros pour les premières, contre 7.000 euros pour une seule borne enterrée auxquels il faut rajouter 6.600 euros d’installation, soit 13.000 euros. Plus de 5 fois plus cher. Compliqué pour le SIDEVAM de rivaliser pour l’instant.

Rachadi Saindou assume cet effort supplémentaire, « c’est un choix politique et de société ». La communauté d’agglomération consacre plus de 7 millions d’euros de son budget à la collecte des déchets.

Le jeu en vaut la chandelle, justifie son DGA Aménagement, Fabien Trifol : « Le budget des bornes enterrées est plus conséquent, mais à moyen et long terme, nous allons y gagner. Elles ne peuvent en effet être utilisées pour des barrages ou être brûlées, et, comme en métropole, nous allons de mieux en mieux les intégrer à la voirie ».

Satisfaits donc les élus du coin, à commencer par Hamidani Magoma, adjoint au maire de Mamoudzou en charge de l’aménagement et des projets structurants, « cette opération correspond à l’une des quarante actions du plan propreté 2020-2030 ‘Mamoudzou ville propre’ qui vise des moyens de pré-collecte innovants. D’une grande capacité de charge avec une faible emprise au sol, ces bornes enterrées permettent de diminuer les nuisances olfactives et participent à l’embellissement du cadre de vie ». Quant au conseiller départemental de Mamoudzou 3, Sidi Nadjayedine qui commençait son discours par une boutade, « c’est la première fois que j’ai le sourire lors d’un enterrement ! », il vantait un « mobilier innovant et robuste », participant à « un meilleur cadre de vie et une meilleure salubrité ». Pour le conseil départemental, le document de référence, c’est le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD), « ces bornes participent à l’orientation de diminution des déchets à l’horizon 2032 ».

Pêche aux canards

Otto Environnement
Frédéric Senamaud, directeur d’Otto Environnement devant une des trois bornes aux Hauts-Vallons

D’ici 2025, ce sont plus de 120 bornes qui seront installées sur plus de 60 sites de collecte.

C’est la société Otto Environnement qui a eu le marché, basée à La Réunion. Son directeur général, Frédéric Senamaud, était présent pour l’inauguration et une démonstration grandeur nature : « Cela fait 20 ans que nous sommes implantés à Mayotte en fournissant les bornes Trio en plastique ou métalliques pour Citeo, et pour la CADEMA. »

Alors que leurs grandes sœurs en plastiques sont vidées 5 fois par semaine, les bornes déchets enterrées pourront attendre plus longtemps, « nous avons prévu trois fois par semaine », indique Omar Issihaka, Directeur par interim Environnement et développement durable à la CADEMA.

Tant mieux, car au départ, il va falloir un certain temps pour maitriser la machine. C’est en tout cas ce que l’on peut déduire de la démonstration de vidage de la borne à partir du camion Enzo recyclage ce mercredi. Il s’agit avec un bloc crochet manipulé depuis le camion-grue d’attraper une des trois bornes, mais il a fallu plus d’un quart d’heure au machiniste pour y parvenir, une qualification de pêche aux canards dans une fête foraine pourrait être exigée !

La société Enzo couvre la partie CADEMA Nord, et pour le Sud, c’est Maore Assainissement Propreté (MAP) qui gèrera le vidage des bornes.

Portes plancher prématurément entrouvertes, la première borne est malgré tout enfin levée !

Omar Issihaka concluait en expliquant que toute tentative de mettre le feu sera vaine, « il s’étouffera de lui-même ».

Pour l’instant, seules les bornes de déchets ménagers sont installées, mais elles seront peu à peu accompagnées par les même en tri sélectif. Pour cela, les habitants doivent encore s’éduquer au tri, « trop de déchets recyclables partent à l’ISDND de Dzoumogne qui va saturer avant l’heure ».

Anne Perzo-Lafond

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