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Le Medef parraine la jeunesse d’excellence mahoraise 

Atmosphère détendue, bienveillante et familiale en ce mardi matin au sein de l’internat d’excellence du Lycée polyvalent de Dembeni où chefs d’entreprises, majoritairement adhérents Medef, ont participé à cette toute première matinée ’’dating’' afin de parrainer au minimum un jeune dans la poursuite de son projet de brillantes études. 

Les juvéniles visages sont souriants, étonnamment peu crispés au regard de la présence groupée, assez exceptionnelle, de leurs invités et pour cause ! Cette matinée s’inscrit dans la continuité d’un bel événement sportif qui avait été organisé en novembre 2022 dernier permettant ainsi, de manière ludique et informelle, brisant par la même occasion les barrières protocolaires de ladite bienséance, de mettre en lien (sous couvert d’un tournoi footballistique) les acteurs économiques et chefs d’entreprises locaux avec l’ensemble des 90 lycéens à haut potentiel intellectuel, rattachés à cet internat d’excellence* situé à la sortie de Tsararano. 

Le Club des parrains Medef Mayotte  

Ouvert depuis 2018, cette structure d’accueil, d’une capacité de 116 places, a officiellement rejoint en 2021 les rangs des 306 autres internats d’excellence labellisés à travers les différents départements français. Un lieu de vie accueillant, propice à la globale plénitude scolaire de ses jeunes internes, issus de classes populaires, admis entre la seconde et la terminale, pour qui le « déterminisme social », selon l’étude du sociologue Pierre Bourdieu, se voudrait être des plus abrégés notamment au regard de leur devenir.

Le proviseur Michel Toumoulin en pleine explication passionnée du profil de ces jeunes qu’il appelle « mes pépites » sous l’oeil attentif de Carla Baltus

Et c’est bien pour lutter contre leur(s) fatale(s) condition(s) (sociale, économique, culturelle, familiale, juridique) que Michel Toumoulin, proviseur du LP Dembeni, s’est battu et se bat encore sachant, de surcroît, les extraordinaires capacités intellectuelles qu’ils incarnent : « Ces jeunes sont de véritables pépites et il est primordial qu’ils comprennent à quel point ils sont indispensables à ce territoire ». Un territoire qui ne peut malheureusement dans l’immédiat leur offrir des débouchés post-bac à la hauteur de leurs respectives ambitions. Des ambitions qui, faute de moyens, seraient tout aussi amputées que leur scolarité tertiaire si cette dernière n’avait été prise en charge en pension complète par l’internat. Mais alors que faire ? C’est justement là qu’intervient le Club des parrains Medef Mayotte. Ils sont déjà 13**, provenant de structures plus ou moins grandes, à s’être officiellement engagés pour parrainer a minima un jeune de l’internat. Loin d’être une foucade locale pseudo humanitaire à vocation promo-marketing de bonne conscience, cet engament relève avant tout des convictions humaines auxquelles chaque membre de ce club croit : « L’accompagnement de cette jeunesse fait partie de nos valeurs intrinsèques et de l’ADN même du Medef » nous confie Carla Baltus, présidente Medef Mayotte et présente à cette occasion aussi en qualité de chef d’entreprise. « Le fait de soutenir et d’encourager ces jeunes dans la poursuite de leur projet, est aussi un lien de confiance que nous tissons avec eux pour préparer l’avenir de notre territoire. Il est capital qu’ils sachent que les entreprises mahoraises les attendent ».

Le Rsma a lui aussi intégré le club des parrains Medef Mayotte

Une première qui veut s’inscrire dans la durée…

Il est important de souligner que ce genre de nobles actions s’inscrit dans le cadre d’une convention nationale Medef Mouvement des entreprises de France visant la pérennisation des relations École-Entreprise. Une convention qui amplifie la volonté globale du Medef d’être acteur concret dans le devenir des jeunes de notre pays en nouant des partenariats et offrant une forme de fertile promiscuité rendant le monde de l’entreprise, et les chefs qui le compose, abordables et humains.

Samira Ait en dating/échanges avec quelques élèves de l’internat

C’est justement dans sa volonté de développer une telle dynamique que la présidente Carla Baltus est allée taper aux portes du Grand Medef afin de créé localement, fin 2020, sous mandat de gestion nationale, un poste en lien avec la jeunesse, la formation et ce volet donc, d’École-Entreprise. En somme, une sorte de fertile politique socio-professionnelle, relevant plus que de la simple responsabilité sociétale des entreprises et garantissant par la même occasion l’insertion future de cette jeunesse aux différents profils. Des profils en l’occurence d’excellence pour ces jeunes mahorais de Dembéni pour qui, de par cette première approche de projet pilote parrainage, « il est important de mettre en place des actions durables » nous indique Samira Ait, coordinatrice régionale de la formation professionnelle au sein du Medef Mayotte, à l’origine de la création de l’évènement sportif précité « du stade au parrainage » et de la mise en place de ce Club des parrains. « Lorsque le parrain s’engage en signant la charte, il faut comprendre qu’il n’a aucune obligation morale. Cette dernière, encore en phase expérimentale, se veut volontairement allégée misant avant tout sur la générosité même afin de produire un effet boomerang vertueux auprès de cette jeunesse qui se fera elle-même le relai d’une pareille action future développant ainsi dans le temps une solide attractivité assurée pour le territoire».

Christelle Vargoz, la conseillère principale de cet établissement

Des parrains devenant parrains, de plantureuses ramifications mais dans l’immédiat, et avant tout, des futurs étudiants des plus brillants qu’ils faut impérativement soutenir sachant leurs difficiles conditions de vie, comme le rappelle Christelle Vargos, conseillère principale éducation LP Dembeni, rattachée au management global de l’internat d’excellence.

Un mutuel parrainage-dating 

Durant toute la matinée, la petite trentaine d’élèves concernés a donc pu côtoyer tour à tour la dizaine de représentants ou chefs d’entreprises en présence, au moyen d’échanges aussi divers que variés mettant un accent particulier sur la mutuelle curiosité car là est aussi tout le secret d’un parrainage réussi. Il est important que le coup de coeur et l’énergie qui s’y greffe soient réciproques.

Hadidja « Je veux être celle qui ouvrira la 1ère maison de retraite à Mayotte »

Mais entre nous, ayant porté oreille aux différentes tables, il est extrêmement difficile de rester impassible face à toutes ces jeunes personnalités bien marquées ayant pour certaines des ambitions clairement prononcées comme Hadidja Kamardine (16 ans) de M’Tsangamouji, en 1ère générale matières scientifiques, ayant pour aspiration de s’orienter vers des études de médecine pour se spécialiser en neuropédiatrie mais a le sérieux projet, en parallèle, d’ouvrir la toute première maison de retraite à Mayotte. 

M.Sudesse « je veux créer de beaux espaces de vie pour que les gens vivent dans de bonnes conditions »

Il y a aussi M. Sudesse Abdou Mahadali (17ans) de Moya, en terminale générale également orienté matières scientifiques, qui souhaiterait intégrer une prépa ingénieur afin de faire carrière dans le génie civil et revenir sur le territoire dans le but d’y changer le paysage des villes :

« Tous ces bidonvilles et cette misère humaine me font mal au cœur, je veux y apporter des solutions tout en offrant des parcs et aires de vivre à l’intérieur des communes ».

De son côté, Hassarti Abdou, (16 ans 1/2) est un peu un ovni lâché au milieu de cette commuté principalement scientifique. En 1ère générale orientée matières littéraires, sa motivation se porte sur la poursuite d’un cursus de psychologie allant dans un premier temps jusqu’au Master. « Dans notre culture, il est encore tabou de parler de sa souffrance et encore plus à un professionnel alors que tout le monde y a pleinement le droit. Cette souffrance, c’est aussi une manifestation qui conduit vers la colère et la délinquance. Je veux changer cela et amener les gens à parler, à se libérer » .

Par ultime gourmandise, notamment historique et olfactive, j’évoquerai Mayza M’Roivili (16 ans également) passionnée de physique chimie qui aimerait, pourquoi pas, s’orienter dans une voie d’ingénieure chimiste en parfumerie et rebooster indirectement l’exploitation internationale de la culture d’Ylang.

 

MLG

Jean-Luc Ojeda, responsable Groupama Mayotte, délivre conseils et bienveillance à Mayza (g.) et Harssati (d.)
  • * Pour être admis dans cet internat d’excellence, il faut répondre à plusieurs critères liés à un haut potentiel qui a été officiellement décelé, être inscrit aux cordées de la réussite, faire partie d’une zone REP/REP+ (mais pour Mayotte, c’est acté), présenter une situation sociale/famiale difficile. 
  • ** Format+, Groupama, Colas, Centre d’affaire, Daesa, Cmtb, Etic services, Only, Laiterie de Mayotte, Sodifram, Somagaz, Total Energies, MCF.

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