De prime abord, on pourrait être aisément tenté de dire : « Avons-nous encore besoin d’un énième organisme rattaché au corps étatique sur notre territoire ? » Une question des plus légitimes au regard de l’ensemble des ’’premières pierres’’ posées sur les divers et nombreux chantiers de notre département, tout comme les récurrents freins et problématiques qui perdurent. Là où l’Epfam tire son épingle du jeu, c’est dans son approche de multi-compétence basée sur 4 axes majeurs en termes d’aménagement urbain, de développement économique, de préservation et mise en valeur de l’activité agricole mais, de manière globale, d’acquisition stratégique de terrains aussi appelée portage foncier.
Étude réelle des besoins
Construire pour construire dans son coin n’est ni le but ni la mission première de l’Epfam. Son approche se veut à la fois force d’écoute, d’observation, d’étude poussée, d’expertise technique, de facilitateur en terme d’acquisition foncière mais également d’accompagnement auprès des collectivités dans l’élaboration et la mise en place pérenne de leurs respectifs besoins en matière d’aménagement durable urbain et/ou agricole. Des besoins justement multilatéraux à caractère de commandes publiques qui ne peuvent ’’sortir de terre’’ indépendamment les uns des autres sans une vision globale à moyen-long terme. Pour ce faire, une feuille de route étudiée en amont, en profondeur et dressée de manière échelonnée dans la durée afin d’offrir visibilité, projection et transparence lors des lancements et appels d’offres.
Bilan rétrospectif 2022
Sur sa mission foncière, l’Epfam c’est 170 hectares globaux déjà acquis et 183,5 hectares supplémentaires à venir. Cette mission est dédiée aux institutions qui ont composé des demandes d’accompagnement notamment en matière de recherche de terrain. Elles sont au nombre de 15 pour cette année 2022 écoulée et constituées de certaines communes et communautés de communes comme Petite-Terre, le Centre-ouest, Koungou, Chiconi ou encore Mamoudzou auxquelles se greffent le Conseil départemental, le rectorat, les eaux de Mayotte, le CHM, la DEAL ou même la Poste.
Concernant le volet de relogement, ce sont 31 maisons avec équipements collectifs qui ont été livrées en janvier 2022 à Tsoundzou et 39 études de logements et solutions de relogement confondues sur les secteurs de Doujani et de Kaweni.
Dans ses missions futures d’accompagnement, d’étude et d’expertise, l’Epfam est également participatif aux côtés de la Dgac (direction générale de l’aviation civile) au regard du projet de la piste longue.
Le PSD
Ce plan stratégique de développement a pour but d’améliorer et surtout de sécuriser les conditions de vie de la population en résorbant les problématiques d’habitats insalubres (terrains friables, zones submersibles…), en créant à même les collectivités, des solutions de relogements, de création de logements accessibles pérennes, de créations d’établissements éducatifs mais aussi d’infrastructures de loisirs, tout comme l’aménagement de structures immobilières à caractère commercial. En somme, le cercle vertueux et viable d’une ville dans la ville où les gens pourront également prétendre trouver une activité professionnelle. Le travail de fond se basant sur l’aspiration à développer les respectives autonomies des collectivités tout en désengorgeant l’actuel monopole économique du grand Mamoudzou. Et la dimension première ayant justement aussi un caractère environnemental, le but n’est pas d’étaler le foncier au risque de détruire ce qui est endémique et relatif à la biodiversité, mais justement de travailler sur la réhabilitation de l’existant, lorsque cela est faisable et d’innover en termes de solutions et de densité dans le respect aussi de la culture mahoraise.
Trajectoire et chantiers 2023-2026
Quatre gros chantiers en perspective qui se chevaucheront stratégiquement au niveau du calendrier permettant ainsi d’avancer par lots et dont les premiers travaux devraient débuter en avril prochain pour le chantier relatif à la ZAC de Doujani. Au programme, création de près de 900 logements, d’équipements publics, scolaires, sportifs et culturels, de services de proximité, tout en réaménageant l’aspect voie publique et l’accessibilité. S’en suivra au troisième trimestre 2023, sur le même modèle global, le chantier ZAC de Longoni avec la création de 1000 logements mais également l’aménagement d’espaces publics et la création foncière de plus de 2 000 m2 dédiés aux établissements de service et de commerce. À compter du quatrième trimestre 2023, le début des travaux relatifs aux 27 000 m2 dédiés aux activités industrielles, commerciales et artisanales de la zone de Malani comportant aussi un important volet social, solidaire et éducatif. À peine les cotillons de la nouvelle année ramassés qu’il sera question au premier trimestre 2024 de la création de la ZAC de Tsararano-Dembeni avec, entre autres, 2 000 logements, des équipements publics de circonstance mais également des espaces publics paysagers, une surface commerciale de 2 500 m2 en plus de la création d’un gymnase et d’un terrain de football.
Des chantiers colossaux pour une enveloppe de dépense qui l’est tout autant s’élevant, juste pour la partie aménagement urbain et création de zones d’activités économiques à 386 millions d’euros.
Et l’agriculture dans tout ça ?
Afin de maintenir, développer et pérenniser l’autonomie alimentaire de notre île en valorisant la souveraineté agricole de notre territoire, l’Epfam intervient comme acquéreur prioritaire lorsqu’une parcelle de terrain (grande de préférence) est amenée à être vendue. Le but étant de prioriser la mise en place de projets agricoles mais également de contrôler la tarification foncière qui tend à frôler l’indécente inflation sur notre île. Pour info, le prix du mètre carré chez nous est 27 fois plus important que chez nos voisins réunionnais où il est à 1 euro/m2.
Sur les 353,5 hectares fonciers acquis ou venir, 87,5 sont justement exclusivement dédiés au volet agricole comprenant aussi l’accompagnement et/ou la mise en place professionnalisée du public concerné qui relève, toutes catégories confondues, de 125 agriculteurs pour objectif 2026 de l’Epfam avec une trajectoire de dépense frôlant les 20 millions d’euros.
MLG
Infos et renseignements : Epfa Mayotte