Un projet extra-scolaire, un projet fou mais avant tout un projet humain visant principalement les élèves en difficulté à se surpasser et prendre confiance en eux au moyen des arts et du spectacle.
Apprendre l’ouverture à l’autre
Lorsqu’un élève est catalogué ’’ingérable’’, bien souvent le packaging échec scolaire et rébellion va de paire. L’interaction et le relationnel enseignant-enseigné s’avèrent complexes et l’art d’apprendre des données théoriques n’est malheureusement pas efficient dans ce genre de configuration.
C’est là où toute la magie du collectif Spinish Circo opère !
En effet, ayant pour origine une culture du cirque latine et hispanique du côté de la Provincia de Valencia (Valence), ce groupe formé de professionnels du monde du spectacle offre, en plus de ces activités et représentations officielles, un accompagnement et une préformation en milieu scolaire et ce, sans condition préalable suspensive. C’est donc en titillant la corde sensible de la curiosité que l’envie d’apprendre et d’essayer est pleinement suscitée. Voilà la recette miracle engendrée, offrant volontarisme et pleine conciliation de l’élève auprès de ces enseignants d’un autre genre, venus au nombre de 5 et incarnant des nationalités du Monde entier (Espagne, Italie, France, Nouvelle-Zélande).
Durant près d’une semaine, les adolescents auront donc suivi 4 sessions d’entrainement, de presque 2 heures chacune, avant la répétition finale du grand show.
« Les règles découvertes par les élèves à travers ce genre d’activité leurs permettent de comprendre que l’écoute et la discipline sont les clés nécessaires pour mener à bien un projet qui leur tient à coeur », nous indique Madeleine Najar, principale adjointe du collège M’Gombani qui compte au total 1 750 élèves dont 90 participants au projet cirque social. Un Cirque d’un autre genre, divertissant certes, mais avant tout socialement et psychologiquement porteur révélant les talents de ces apprentis artistes comme nous le confirme Sylvie Queinnec, également principale adjointe au collège M’Gombani et présente le jour de cette symbolique représentation :
« cela renforce la confiance en soi chez des élèves qui au final ne savent pas se mettre en avant de la meilleure des manières car l’estime personnelle est dégradée. Être sur scène est une indéniable valorisation et encore plus lorsque l’on est applaudi par ses camarades et ses professeurs ».
Un public conquis
Contrairement à l’édition précédente qui visait 1 seul collège, il s’agissait donc cette fois-ci d’entrainer et coordonner 3 établissements (lycée Younoussa Bamana, collège Halidi Sélémani – M’Gombani et lycée polyvalent de Petite-Terre)
sur une durée d’à peine 15 jours en vu d’un spectacle final sous les yeux des camarades des différentes classes mais également des badauds plus ou moins jeunes qui étaient interpellés depuis la rue, par la chaleur des cris provenant de la salle polyvalente de la MJC de M’Gombani. À la genèse de ce beau projet, Gloria, ancienne coordinatrice générale dans une école de cirque en Espagne, arrivée depuis plus de 2 ans sur le territoire en qualité de professeure d’Espagnol : « Lorsque je suis arrivée à Mayotte, je me suis dit qu’il était important d’offrir aux élèves une ouverture artistique et culturelle supplémentaire notamment en lien avec le vaste paysage du cirque.
J’ai parlé de ma vision auprès de la direction de mon établissement et le projet a très vite abouti sachant que j’avais déjà les contacts et le réseau nécessaire ». Un projet porteur qui ne relève pas de l’exorbitant, soutenu donc par les subventions de la DAAC (délégation académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle) et du rectorat.
C’est devant une salle comble à faire pâlir les plus grands meetings politiques que se sont produits les quelques 250 artistes d’un jour, sous les acclamations générales d’un public tolérant et encourageant envers ceux qui ont eu le courage de monter sur scène mais aussi émerveillé par la prestation des professionnels encadrants.
En somme, un show parfaitement imparfait, riche de couacs techniques, d’improvisation mais aussi de cultures savamment mélangées donnant cette touchante et intense note de je ne sais quoi à la mise en avant de ces futurs citoyens-adultes de demain.
MLG