Il révèle un chantier titanesque à Mayotte, avec une hausse de 30% des signalements de maltraitance d’enfants émis par l’Education nationale, et 300% pris en charge au Tribunal judiciaire, « avec près du double d’enquêtes suivies et d’ordonnances de placement prioritaire recensées par le parquet. » La preuve que l’action Wamitoo a porté ses fruits dans la libération de la parole des mineurs victimes d’agressions sexuelles.
Au terme de 135 actions de terrain menées en quatre mois de campagne sur ces deux ans de mobilisation, 17.000 enfants et parents ont été mobilisés et 120.000 personnes ont pu être sensibilisées, autour de quatre outils majeurs et d’une journée d’étude universitaire. Outre cette sensibilisation massive, il est à présent possible de dresser une photographie assez précise de la situation des mineurs face aux violences sexuelles à Mayotte*.
En 2023, le collectif compte accompagner le « très grand nombre de femmes qui doivent assumer seules le poids de la contraception et de l’éducation de leurs enfants », en informant les femmes sur leurs droits, lorsque ceux-ci conditionnent l’accès aux droits fondamentaux de leurs enfants. « La 6ème campagne commune pour les Droits de l’enfant sera donc menée à travers ce prisme, en favorisant tout particulièrement la sensibilisation à l’égalité filles-garçons (art. 2 et 29 de la CIDE) ».
Une des actions consistera à organiser des débats d’adolescents (13 – 18 ans) afin de leur permettre de s’exprimer et de participer pleinement. « Et, pour la première fois à Mayotte, les deux finalistes pourront représenter leurs camarades à l’Assemblée Nationale, à l’occasion des Etats généraux des Droits de l’enfant. Ils pourront ainsi exprimer leurs idées et propositions devant les instances nationales et responsables politiques en novembre, pour célébrer le 34ème anniversaire de la CIDE (Convention Internationale des Droits de l’enfant) ». Ce projet sera lancé officiellement le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes, en partenariat avec le COFRADE et l’école supérieure d’ingénieurs de la Réunion.
Les associations et personnels d’éducation souhaitant y participer peuvent dès à présent se rapprocher du Collectif.
* Outils et États des lieux des violences sexuelles sur mineurs à Mayotte :
53 capsules vidéos sont en ligne sur la chaîne youtube Haki Za Wanatsa et le site wamitoo.yt. La Bande dessinée « Des cailloux sur la mer » se déploie toujours largement dans le département, mais aussi à la Réunion grâce au concours de la Fédération des associations mahoraises sur place. La Charte, qui a eu cette année pour relais madame la Secrétaire d’Etat Charlotte Caubel, est à présent incontournable pour l’ensemble des partenaires institutionnels et associatifs, et le Questionnaire en ligne continue d’enregistrer des données (714 répondants et 208 témoignages anonymes recueillis en quatre mois de campagne). Enfin, le nouvel outil interactif, l’application Chababi Jouwa, s’installe peu à peu dans le paysage local et sera sans doute upgradé sous peu.
Questionnaire #wamitoo : 35% des répondants confient avoir subi une agression sexuelle, dont près de la moitié dans la sphère familiale, et 11% ne savent pas si ce qu’ils ont vécu est une agression, parmi lesquels 82% n’ont jamais pu parler de sexualité dans leur enfance avec leur famille. 53% disent ne pas connaître la loi et 63% de ceux qui pensent la connaître se trompent, notamment en matière de délai de prescription pour déposer plainte.
ARS : Mayotte est le 2ème département le plus touché par les grossesses précoces et IVG sur mineures,
Bilan d’action social en faveur des élèves, site du rectorat : 83 jeunes filles faisant l’objet de suspicion de prostitution ou déclarant elles-mêmes avoir des relations sexuelles en échange d’argent ou de cadeaux (dont 40 au collège et 13 au lycée), 13 jeunes filles de moins de 15 ans mariées, 183 jeunes mères (49 au collège et 134 au lycée) et le service social a effectué 47 entretiens pré-IVG en 2022.