En 2009, le Collectif des citoyens perdus appelle à une grève contre la vie chère, alors que le conseil général à l’époque, envisageait une double augmentation des prix des tickets de barge. Plusieurs blessés sont à déplorer. En 2011, l’île connaît une de ses crises les plus graves (avec les émeutes de 1993), avec 44 jours de paralysie et fermeture par la force des rideaux de tous les commerces, toujours pour protester contre la vie chère. En 2018, ce n’était pas uniquement la cause des manifestations sociales, qui dénonçaient les inégalités sociales avec la métropole.
Depuis, ce ne furent que des velléités d’en découdre avec les origines de la cherté de la vie. Les Directions de la Concurrence et de la répression des fraudes sont sous-dotées en moyens alors que certains prix augmentent chaque année de manière inconsidérée. Nous le dénonçons à chaque bulletin de l’INSEE, et puisque le sujet revient sur le tapis, nous nous sommes astreints à rechercher les taux d’accroissement annuels des produits frais à Mayotte. En ne remontant que jusqu’en 2019, nous obtenons, +13,6% sur cette année, +4,8% sur l’année suivante en 2020, +12,7% en 2021, et +16,1% sur 2022. C’est à dire que sur ces 4 dernières années, les produits frais ont pris quasiment 50% de hausse !
C’est pourquoi le député socialiste et apparenté Johnny Hajjar, propose la création d’une commission d’enquête sur la vie chère dans les départements et régions d’outre-mer.
Les consommateurs paient un « soutien public aux élus »
En soutien, le groupe LR dont le député Kamardine, qui revient sur la volonté affichée du président de la République qui n’a pas été suivie d’effets : « en Guyane, le 28 octobre 2017, le président de la République reconnaît, dans un discours prononcé à l’occasion des Assises de l’Outremer, que « la vie chère, elle a une explication parfois géographique ou d’organisation (…) mais la vie chère, elle est aussi entretenue sur les territoires parfois par les acteurs économiques, qui parce qu’ils sont en situation de monopole, font payer 5 fois, 10 fois le prix de ce qui serait normal, et donc l’autorité de la concurrence, l’ensemble des services de l’État compétents, en particulier, la DGCCRF, les douanes y aideront aussi se déploieront avec force pour rétablir l’ordre public économique, parce qu’on ne peut pas laisser s’installer des situations qu’on accepterait dans aucun territoire de l’Hexagone, c’est-à-dire que quelques-uns s’enrichissent beaucoup en entretenant la vie chère, pour le reste de la population. »
A Mayotte, la vie est d’autant plus chère pour beaucoup que les allocations sont de moitié de celles de métropole, les retraites moyennes à 276 euros, et des prix des produits frais qui flambent, comme vu plus haut.
Mais le député frappe fort, en reprenant les propos d’Emmanuel Macron sur « ceux qui s’enrichissent beaucoup ». Il rejoint les accusations que nous avons toujours portées sur les prix pratiqués au port, dont la formation a été dénoncée dans le rapport de Denis Morane, expert de la cour administrative de Bordeaux. Etil va plus loin en évoquant de la corruption de la part d’Ida Nel. Le sujet avait déjà été évoqué, ouvertement et par deux éminentes personnalités : dans un courrier commun de juillet 2020 que nous publions, le préfet Colombet et le président Soibahadine, ne disaient pas le contraire, évoquant un « soutien public en vue des élections de 2021 ». Lire Courrier Préfet et PCD à MCG 24 juillet 2020.
Face à ces agissements, une commission financière avait été introduite au sein du Conseil portuaire.
« L’argent venu de Longoni se répand comme un cancer »
Nous rapportons ci-dessous l’intervention du député Mansour Kamardine devant ses pairs, en mettant des éclaircissements en lien.
« S’ajoute à cela une spécificité que l’on ne retrouve, dans les départements d’outre-mer, qu’à Mayotte : l’absence de statut de grand port maritime pour le port de Longoni, port qui est de fait privatisé par une entreprise qui masque ses comptes à la collectivité départementale et applique des tarifs sur des bases dont la légalité interroge jusqu’à la Cour des comptes !
Bien évidemment cette situation engendre une importante corruption qui met en péril, tant la démocratie locale, que le développement économique et social du 101ème département. A cet égard, l’immobilisme du bras séculier de l’Etat mérite d’être examiné.
Mes chers collègues, à Mayotte, à chaque élection, l’argent venu de Longoni, à la barbe et au nez du procureur de la République, se répand comme un cancer, qui pour faire élire untel, qui pour faire battre untel.
Au final, à travers des prix qui gonflent, au fur et à mesure, sur l’ensemble de la chaîne de valeur, c’est le consommateur final qui paie l’addition. »
Le jour où le système sera mis à jour, les élus impliqués devront s’expliquer devant la justice.
Rajoutons à cette liste que l’Autorité de la concurrence avait en 2021 infligé à Ida Nel une amende de 100.000 euros pour obstruction. Difficile de comprendre comment la gestionnaire du port continue à recevoir des soutiens, elle dont l’action est contreproductive au développement du territoire.
En conclusion de sa prise de paroles, Mansour Kamardine indiquait que « en tant que député de Mayotte mais également en tant que député LR et sur les recommandations de nos présidents Ciotti et Marleix, que le Groupe LR s’associe complètement à cette démarche », donc celle de la création d’une commission d’enquête sur la vie chère dans les départements et régions d’outre-mer
Anne Perzo-Lafond