Parce que les personnes éloignées de l’emploi n’ont pas envie de dépenser deux euros pour prendre un taxi vers Kawéni et s’inscrire à Pôle emploi, l’organisme vient de signer une convention avec le CCAS de Koungou pour faciliter les démarches.
« L’enjeu est d’accélérer le retour vers l’emploi, de lever les freins à la mobilité et de lutter contre la fracture numérique. Nous avons de nombreux outils digitaux auxquels les demandeurs d’emploi n’ont pas accès », déclarait ce lundi le directeur territorial de Pôle emploi, Christophe Saint-Etienne venu en personne au CCAS signer la convention.
Koungou compte environ 1.700 demandeurs d’emploi, soit environ 10% des inscrits de Mayotte, « où nous totalisons 17.000 demandeurs d’emploi ». Nous sommes bien en deçà de la réalité quotidienne, puisqu’en 2021, l’INSEE nous disait que seuls 32 % des 15-64 ans avaient un emploi. Il y a donc encore un fort « halo » autour du chômage, qui s’explique. Cette tranche de population continue d’augmenter chaque année, (entre 2019 et 2021,+ 10.800 personnes supplémentaires) alors que l’offre d’emplois n’augmente pas. Cela décourage une partie de la population en situation régulière de s’inscrire à Pôle emploi, tandis que l’autre sait qu’elle accèdera difficilement au marché. « Il faut inciter les gens à s’inscrire à Pôle emploi, ce qui va diminuer le halo. Mais pour cela, il faut travailler en proximité, d’où l’idée de conventionner avec le CCAS de Koungou », complète le directeur de Pôle emploi.
Cinq agents spécialement formés
Du côté mairie, avec un CCAS créé par Saïd Marcus en 2014 qui a eu du mal ensuite à être au niveau attendu, on relève la tête depuis plusieurs mois et l’arrivée d’un nouveau directeur à la tête du CCAS, Nidhoimi Saïd : « Nous allons pouvoir aider les jeunes dans leur recherche d’emploi. Pour cela, nous avons commandé 10 ordinateurs, pour lesquels nous allons commencer par former nos agents. » Ils sont 5 du Pôle insertion à être concernés, sur les 8 agents du service. Le CCAS compte en tout 35 agents. Les jeunes seront ensuite accompagnés pour naviguer entre les outils proposés sur la recherche d’emploi.
Il va falloir motiver les jeunes, relève une acteur de terrain, « car pour peindre la fresque avec Papajan, il a fallu aller les chercher ». Et bien entendu sécuriser les locaux informatiques.
On espère que cette fois, le départ est le bon, après avoir été le témoin il y a quelques années de l’ouverture d’une antenne de Pôle emploi puis de sa fermeture à Koungou, prés de la police municipale, « nous devions rénover le bâtiment », nous indique-t-on… Sans transfert de l’activité donc.
« Nous voulons professionnaliser nos agents pour orienter les administrés vers une aide à l’embauche », Mourtadhoi Nabouhane, dit « Bao », 1er adjoint au maire, faisait preuve de volontarisme avant de couper le ruban de ce partenariat que tous semblent vouloir voir pérennisé.
Anne Perzo-Lafond