Carla Baltus, présidente du Medef de Mayotte et également présidente d’AL’MA a profité de cette cérémonie des vœux pour remercier les différents acteurs du logement dans l’île et de leur implication pour le territoire. Pour elle l’arrivée d’un deuxième opérateur pour le logement dans le 101e département français est une chose très positive. « Mayotte a beaucoup de retard en termes de logements… AL’MA ne sera pas un concurrent de la SIM, mais un partenaire, déclare-t-elle. C’est une offre différente et innovante mais également complémentaire. Il est nécessaire d’avoir plusieurs bailleurs sociaux sur notre territoire car le logement est un sujet très important. Nous voulons accompagner les ménages dans le développement économique de l’île en leur proposant des logements à des prix abordables », complète-t-elle. En effet, vu la croissance démographique de Mayotte, il est plus que temps de proposer des logements décents et durables à la population mahoraise. AL’MA compte ainsi construire la bagatelle de 5000 logements en 10 ans.
Répondre aux besoins du territoire
Parmi les projets lancés, un nouveau concept en partenariat avec la Ville de Mamoudzou et la CADEMA, la Résidence AL’MA, à Kaweni, un projet de résidence de 33 logements dédié aux jeunes actifs, dotée de services de proximité tels que des espaces de co-working, un lab’culinaire, une buanderie, un espace de loisirs et un jardin partagé. Située dans le quartier NPRU de Kaweni, le projet vise à diversifier l’offre de logements abordables et à faire le lien avec l’emploi dans ce quartier en renouvellement urbain.
Pour Nizar Assani Hanaffi, Président du Comité Territorial d’Action Logement Mayotte, « Notre ambition est de répondre aux besoins de la population en finançant et en aménageant le territoire », explique-t-il. Aussi, pas moins de 99 millions d’euros ont été investis sur trois ans avec les opérateurs sociaux à Mayotte dans le cadre du Plan d’investissement volontaire Outre-mer. « Nous voulons ainsi proposer un habitat de qualité, notamment aux jeunes, qui soit abordable, accessible à la location ou à l’accession et qui respecte l’environnement. C’est une demande des salariés et des Mahorais. Nous devons ainsi construire ensemble l’habitat de demain car le logement est une grande préoccupation du territoire et un véritable enjeu ». Mayotte c’est 70% de taux de pauvreté et seulement 40% de logements aux normes sanitaires et répondant aux critères de salubrité. Aussi, comme l’indique Mohamed Soilihi, Vice-Président du Comité Territorial d’Action Logement Mayotte, « Nous devons mutualiser les moyens pour accompagner tous les acteurs, rechercher des cofinancements, développer les partenariats pour accompagner les ménages à se loger ».
Innover pour une ville durable et abordable à Mayotte
Un Appel à Manifestation d’Intérêt sur les systèmes constructifs bas carbone à haute valeur d’usage a été également lancé par AL’MA en 2022 afin de développer des solutions de logements abordables, durables et de qualité et d’accélérer les constructions. Plusieurs entreprises ont reçu un prix dont l’association Art Terre pour ses réalisations en briques de terre compressées.
En outre, cette cérémonie des vœux d’AL’MA fut aussi l’occasion de mettre en place une table ronde sur le thème « Innover pour construire la ville durable » avec le sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi et la Directrice Générale d’AL’MA, Delphine Sangodeyi. « A Mayotte l’enjeu du foncier est important et il est bloqué, indique l’élu du Palais du Luxembourg. Le texte régissant le foncier dans l’île datait de 1911 et il n’a été modifié qu’en 2008, suite à une réforme de 2005 obligeant le recours à un notaire pour tout ce qui concerne le foncier et non plus au cadi. C’est dire si le texte ne correspondait plus à la situation de Mayotte ».
Face à cette nécessité de transition, plusieurs textes de loi ont été depuis instaurés au travers d’une commission de l’urgence foncière, notamment pour les Outre-mer, permettant d’avoir des dérogations concernant le foncier. « Ils ont permis des décasages et de déloger des occupants sans titre de propriété, libérant ainsi de l’espace pour construire plus et mieux. L’enjeu est d’utiliser les règles de droit commun », rapporte le sénateur. La Directrice d’AL’MA va également dans ce sens. « Le nerf de la guerre c’est l’accès au foncier. Pour tenir notre objectif de 5000 logements en 10 ans nous devons nous donner les moyens financiers mais aussi humains », indique-t-elle. Aussi, pour les projets de construction un contingent de logements reviendra aux villes afin qu’elles puissent faire le choix des locataires et diversifier ainsi socialement les habitants.
B.J.