Jacques Mikulovic est né en mai 1968 et fait une grande partie de sa carrière dans le domaine du sport. Pour cet ancien professeur d’Éducation Physique et Sportive (EPS), également spécialisé dans le handicap, l’ergonomie et la santé au travail, la fonction de recteur n’allait pas forcément de soi. « Quand j’étais plus jeune, mon projet était de diriger un établissement spécialisé », confie-t-il. En effet, après avoir fait un DEA en psychologie sociale et un DESS en administration des entreprises, il passe une thèse sur La réinsertion sociale et professionnelle des travailleurs handicapés et chômeurs de longue durée. « Le handicap est un peu mon cheval de bataille, explique-t-il. J’ai été sensibilisé sur les personnes et sur les fonctions éducatives ».
Plusieurs expériences au sein de collectivités et d’universités
Ce boulimique de travail a également travaillé dans plusieurs collectivités et communautés urbaines en réfléchissant notamment sur les problématiques liées à la politique de la Ville et plus particulièrement en ce qui concerne la prévention de la délinquance ou encore l’éducation à la santé. C’est au milieu des années quatre-vingt-dix qu’il commence à faire ses premières armes au sein des universités. « C’est à l’occasion du Plan Université 2000 favorisant le développement d’universités de proximité que j’ai eu l’occasion de fonder et mettre en place la composante Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) au sein de l’université du Littoral Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer, Calais, Saint-Omer et Dunkerque). Ce devait être en 1996-1997. Nous sommes passés en quatre ans de 60 à 950 étudiants ! Au début nous n’avions pas de bâtiments, nous faisions cours dans des casernes ou des écoles primaires, sourit-il. J’étais directeur de la composante Staps, puis un peu plus tard je suis devenu directeur du site de Dunkerque. Par ailleurs, j’avais des bonnes relations avec les élus de la Ville et suis devenu également directeur des sports de la Ville de Dunkerque jusqu’en 2012 ».
Par la suite il deviendra Directeur de la formation initiale, de l’enseignement supérieur, de la recherche et des sports au Conseil régional de Bretagne jusqu’en 2014. Après la mutation de son épouse, professeure agrégée d’EPS, il s’installe dans le sud-ouest de la France ou il sera Directeur de l’ESPE de l’académie de Bordeaux (2014-2019), puis directeur de l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA) jusqu’en août 2022. Ce sportif de haut niveau qui a joué au rugby en 1ère division au Creusot au milieu des années quatre-vingt prend ensuite la direction du WURIT (World University Rugby International Tournament) son dernier poste avant d’être recteur. « J’ai joué mon dernier match de rugby en tant que joueur une semaine avant ma nomination à Mayotte », raconte-t-il.
Être droit dans ses bottes et tenir ses objectifs
Jacques Mikulovic est un homme de défis puisqu’il a fait la course Iron Man de Nice l’année dernière (3,8 km de natation, 180 km en vélo pour terminer par un marathon). « Je m’étais donné comme objectif de faire un jour l’Iron Man… Cela m’a pris 15 heures mais j’y suis arrivé et fier d’avoir réussi. La douleur est passagère, mais l’abandon est définitif », philosophe le recteur.
Concernant la feuille de route qui lui a été assignée, elle est sensiblement la même que ses prédécesseurs. « Nous allons insister sur les fondamentaux et mettre en place un conseil académique des savoirs fondamentaux, que sont la lecture, l’écriture et le calcul. Pour cela une heure de cours sera libérée en classe de 6e, explique-t-il. Par ailleurs, nous voulons aussi développer l’excellence en permettant aux élèves d’aller le plus loin possible dans leurs études. Pour cela nous allons faire des efforts pour développer l’offre de formations en adéquation avec le tissu économique de Mayotte, mais aussi encourager les possibilités de mobilité pour les élèves ».
Le nouveau recteur souhaite également élargir le temps éducatif notamment avec les activités périscolaires et les associations. « A Mayotte, le contexte est particulier et les contraintes importantes, nous devons repenser la coopération et mettre en place une organisation innovante qui pourra peut-être servir de modèle pour les autres territoires dans l’avenir. Les attentes des Mahorais sont nombreuses. Nous devons leur apporter de l’espoir. Le ministre, Pap Ndiaye, a un regard bienveillant sur les Outre-mer. Nous devons trouver la bonne adaptation en respectant les principes que sont l’acquisition des savoirs fondamentaux et le respect des valeurs républicaines ainsi que la laïcité ».
Enfin concernant le territoire, Jacques Mikulovic est optimiste. « Mayotte a un formidable potentiel notamment grâce à sa jeunesse, c’est un véritable atout. Il y a beaucoup de choses qui se font de manière embryonnaire… Nous devons les généraliser en préservant toutefois l’identité indispensable et propre à chaque territoire ».
Benoît Jaëglé