« Il est important de venir voir comment cela se passe ». Le préfet de Mayotte a salué la démarche du sénateur de la Guadeloupe Dominique Théophile d’être venu dans le cadre de sa mission d’évaluation des politiques publiques du sport en Outre-mer. Confiée par la Première ministre, sur proposition de la ministre des Sports, Amélie Oudéa Castera, et le ministre délégué en charge des Outre-mer, Jean-François Carenco, le sénateur aura la responsabilité « de faire remonter les préoccupations mais aussi ce qui fonctionne bien dans ces territoires [ainsi que] tout ce qui mérite d’avoir une attention particulière pour faire monter en gamme les pratiques et la question des équipements et du sport de haut niveau », note-t-il.
Le sport dans l’outre-mer accumule du retard
Mayotte est loin d’être le seul département ultra-marin à souffrir d’un manque d’équipements, de difficultés à les entretenir, souligne le parlementaire qui précise sa vision de sa mission : « Il ne faut pas que ce soit un rapport de plus. Une fois que l’on a fait le constat qu’est-ce qu’on fait ? Comment le fait-on et avec qui? Quel calendrier fixer ? ». Autant d’interrogations susceptibles de trouver une traduction dans la réalité puisque le combat du sénateur est bel et bien « de faire accepter quelques préconisations pour que ce soit inscrit dans un budget de l’Etat ». Afin de tirer vers le haut niveau les athlètes d’aujourd’hui, le constat réalisé au regard de la situation dans les outre-mer nécessite une traduction concrète.
Un équilibre de vie favorisé par le sport
Plusieurs axes seront à l’étude dans le rapport du sénateur comme l’augmentation du nombre de pratiquants dans les outre-mer afin qu’ils participent à leur échelle à l’ambition nationale d’atteindre « les trois millions de pratiquants à l’orée des jeux Olympiques de 2024 ». En effet, note le sénateur, « quand on regarde le ratio habitant population, nous sommes à près de 9 points d’écart avec l’hexagone ». L’insuffisance de la pratique sportive doit pouvoir trouver une réponse dans le développement du « sport-santé » afin de lutter contre la « prévalence de l’obésité, de pathologies avec des taux importants ». Ainsi comme le rappelle en septembre dernier l’Agence régionale de santé, à Mayotte, « en 2019, six femmes de 15 ans ou plus sur dix sont en situation de surpoids dont la moitié en obésité, tandis que chez les hommes, cinq sur dix sont concernés dont le tiers en situation d’obésité ».
Adapter la politique du sport à la réalité du territoire
Néanmoins, comme souligné par le préfet du 101e département, « on ne peut pas s’extraire à Mayotte du contexte sécuritaire. On ne peut pas s’extraire de la violence en disant que cela se passera bien, notamment dans le sport en plein air. Il faut prendre en compte la sécurité des lieux ». Dans cette démarche, un travail conjoint avec la gendarmerie nationale a été réalisé afin de « reconquérir les lieux touristiques ». Madi Vita, Président du comité régional olympique et sportif (CROS), a insisté sur la nécessité de « mettre en place une politique cohérente du sport » ainsi qu’un « rattrapage au niveau des équipements » ; rattrapage se devant être proportionnel à la réalité du territoire. Cette mission parlementaire semble avoir suscité nombre d’espoirs au niveau des acteurs locaux, puissent-ils trouver une déclinaison dans les préconisations attendues en mai prochain.
Pierre Mouysset