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Mamoudzou

Le bambou une richesse abondante et prometteuse pour Mayotte

Alors que le territoire de mahorais manque de matière première pour les constructions, qui elles pour le coup ne cessent de croître, trois amis, Louis Dossal, Emmanuel Desdoigts et Laurent Guichaoua ont décidé de valoriser une ressource abondante dans l’île : le bambou. Ils ont la volonté d’en faire un matériau de construction à part entière. Leur projet encore tout récent suscite déjà l’engouement de la part des architectes de Mayotte.

C’est à l’occasion d’un chantier sur lequel travaillait Louis que l’idée est venue d’essayer de trouver une alternative aux constructions actuelles dans l’île. « A l’époque je travaillais dans une entreprise de construction agricole, raconte-t-il. On édifiait des bâtiments agricoles pour les agriculteurs telles que des serres par exemple ou bien on retapait ceux existants. C’est sur un chantier à Dzoumogné, où nous devions assembler un bâtiment mais avec des matériaux venus de métropole, que nous avons vu qu’il y avait des emballages partout. Importer ce matériel n’avait pas beaucoup de sens d’un point de vue écologique. De plus, il n’y avait aucune plus-value pour l’île », complète le technicien en génie climatique.

Les tiges de bambou géant qui sont les plus adaptées à la construction

Une nouvelle façon de concevoir le bâti

Se pose alors la question de proposer aux agriculteurs des matériaux de construction plus écologiques. « On s’est dit que l’on pourrait proposer des structures en bambou, d’autant plus qu’il n’y avait pas de filières à proprement parlé pouvant fournir des bambous de qualité pour la construction. Nous avons décidé avec Laurent et Manu, tous deux ingénieurs agronomes, de monter une structure à part, afin de proposer ce type de plante pour la construction de bâtiments. Cela nous paraissait entrer dans un cercle vertueux ».

Le début d’un nouveau projet

Les trois amis décident alors de se lancer dans une nouvelle aventure au cours de l’année 2021 et ont commencé à s’intéresser sérieusement à la chose. Pour cela, ils ont contacté un bureau d’études à La Réunion, Bambooneem, qui était en train de mener la même réflexion qu’eux : faire du bambou un matériau pour la construction capable d’être utilisé à plus grande échelle. « Le bureau d’études nous a aidés à développer notre activité en établissant, notamment un cahier des charges bien précis, explique Louis. Au début de l’année 2022, de janvier à mars, nous avons travaillé avec Bambooneem en visioconférence puis au mois d’avril nous sommes allés les rencontrer à La Réunion pour voir, d’une part ce qui se faisait là-bas et, d’autre part, suivre une formation sur les techniques constructives ». Un architecte, Thibaut Fung, qui s’intéresse au bambou les a accompagnés lors de ce voyage. Ne manquait plus qu’à trouver un espace agricole pour lancer leur activité. Laurent possédant un terrain de quelques hectares du côté de Combani, Lilo Bambou, entreprise de l’économie sociale et solidaire naissait.

Les Architectes et les maîtres d’œuvres sont intéressés

Il faut baigner le bambou dans l’eau plusieurs jours pour en faire un matériau de construction

« La découpe du bambou se fait d’août à octobre. Pour notre première récolte nous nous sommes trop précipités », sourit Louis. Néanmoins, leur première réalisation viable a été la construction d’une pépinière de vanille à Coconi, au Pôle d’Excellence Rural (PER), et mise en lumière à l’occasion de la fête de la vanille au mois d’octobre dernier. L’idée d’utiliser le bambou comme matière agricole pour la construction était en train de faire son chemin. Le projet a intéressé les architectes de l’île. « Il y a beaucoup de projets de constructions notamment avec des cahiers des charges précis nécessitant des matériaux biosourcés. Il y a une grosse demande de la part des architectes », constate le co-gérant de Lilo Bambou.

En 2022, ils ont exploité environ 2km de bambou. Mais ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin puisque l’Epfam (Établissement public foncier d’aménagement de Mayotte) leur a proposé un terrain d’une surface de 3000m2 à Vahibé. « Nous irons prochainement sur le terrain pour voir si nous pouvons installer notre centre de traitement. Mais nous sommes agréablement surpris de la réactivité des organismes publics. C’est une super avancée pour nous, cela va permettre de développer notre activité. C’est une formidable opportunité », s’enthousiasme Louis.

Benoît Jaëglé

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