« Tous les soirs il y a des jeunes qui nous menacent. Certaines personnes se font caillasser. Nous subissons de nombreuses dégradations avec des vitres cassées notamment, déplore Ali Ambody, membre du collectif des riverains du lotissement Sélémani à Ouangani. Selon lui personne n’ose sortir le soir après 18h et tout le monde se cloître chez soi. « Les gens ont la peur au ventre. Ils se font régulièrement agresser pour de l’argent ou leur téléphone portable », poursuit-il.
Un quartier touché par la violence depuis un certain temps
La mairie de Ouangani confirme que la situation est tendue à Sélémani. « Effectivement, la violence dans ce quartier est une réalité. Nous ne la nions pas. Ces derniers mois elle a augmenté, mais nous essayons de faire en sorte de calmer les choses. Nous comprenons tout à fait le désarroi de la population, indique le cabinet de maire de Ouangani. Par ailleurs, il y a eu des enquêtes et plusieurs individus ont été arrêtés en dépit du nombre limité de gendarmes ». En effet, la mairie travaille conjointement avec les militaires pour améliorer la situation dans ce quartier. Ce que reproche le collectif à la mairie et aux gendarmes c’est le temps que mettent les forces de l’ordre pour intervenir sur les lieux. « Des fois nous attendons 1h avant que les forces de l’ordre interviennent, constate Ali Ambody. C’est très long ! les gens sont terrifiés. Nous avons décidé de créer un collectif afin de faire pression auprès de l’État et de la mairie pour faire en sorte que la peur change de camp », complète-t-il.
Les gendarmes font ce qu’ils peuvent pour ramener le calme dans le quartier
Du côté de la gendarmerie même si on reconnait que la situation est difficile dans ce quartier, les forces de l’ordre sont entièrement mobilisées et on conteste le fait que les gendarmes auraient autre chose à faire. « C’est vrai qu’il y a eu une forte agitation il y a une quinzaine de jours, confie le colonel Olivier Casties, commandant en second de la gendarmerie de Mayotte. On a pu constater une forte pression sur ce secteur avec des émeutes. Nous sommes particulièrement attentifs à Ouangani. Mais je rejette l’idée que nous n’intervenons pas assez vite car peu concernés. Je défis qui que ce soit de faire au moins aussi bien que ce que nous faisons. Il ne faut pas nuire ainsi en remettant en cause l’intervention des forces de l’ordre, mais plutôt donner de l’espoir aux Mahorais ! », s’agace le colonel Casties.
En effet, depuis les incidents qui ont eu lieu ces dernières semaines plusieurs mineurs ont été interpellés, mis en cause et déférés devant la justice. Aussi, les problèmes de délinquance de ce quartier seraient essentiellement dus à la prolifération d’installations illégales depuis plusieurs années maintenant et à l’économie informelle qui en découle. « Il y a eu beaucoup trop de laisser-aller depuis un certain temps, constate le commandant en second. La forte insalubrité est ce qui nuit à la population. Ce sera sans fin si on ne s’intéresse pas à ce problème des installations sauvages, explique-t-il. Il y a nécessité de s’occuper de cette commune et de faire du décasage ».
Et n’en déplaise à certains, « je convie toute personne à nous rejoindre. Nous recrutons…Nous sommes du côté de tous les Mahorais qui veulent avancer et on les protègera quoi qu’il arrive », conclut le colonel Casties.
B.J.