Il avait promis de revenir à Mayotte avant la fin de l’année, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer va tenir sa promesse puisqu’il va passer les festivités du nouvel an avec les Mahorais. Ce sera aussi sans doute l’occasion pour lui de confirmer ou d’infirmer les différentes mesures qu’il avait annoncées lors de sa dernière visite à la fin du mois d’août dernier.
Les thèmes de la sécurité et de l’immigration encore et toujours
Le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, ne va pas manquer de l’interpeller sur de nombreux sujets. « Le ministre, Gérald Darmanin, nous a demandé de préparer un travail en amont en consultant l’ensemble des élus mahorais pour faire remonter un certain nombre de propositions », explique-t-il. Plusieurs sujets vont être abordés comme la sempiternelle question de la sécurité.
« Les hommes du Raid sont envoyés régulièrement dans l’île mais ils ne restent pas et repartent au bout de quelques semaines, déplore le président du Conseil départemental. Nous aimerions avoir des solutions pour pérenniser leur présence sur le territoire et pourquoi pas avoir une antenne du Raid à Mayotte. Nous avons besoin de moyens à la fois humains mais aussi matériels », complète-t-il. Un des autres thèmes qui risque de siffler aux oreilles du ministre de l’Intérieur est le problème de l’immigration. « Je vais clairement lui poser la question concernant l’accompagnement des mineurs isolés. Nous ne pouvons suivre que 2000 mineurs actuellement alors que nous en dénombrons environ 8000. Comment fait-on pour être mieux accompagné ? D’autant plus que l’Aide Médicalisée à l’Enfance (AME) n’existe pas à Mayotte ».
Vers une convergence des droits avant la fin de la décennie?
Le président du Conseil départemental compte aussi soulever devant le ministre l’épineuse question de la convergence des droits prévue tout d’abord d’ici 2036, puis ramenée à 2031. « Nous souhaiterions avoir une position claire de la part du gouvernement ainsi qu’une échéance lisible. Moi je milite pour 2027, mais les Mahorais aimeraient que cela soit maintenant. Nous avons le sentiment que Mayotte subit un traitement à part concernant le rattrapage de la convergence des droits. De plus, nous avons besoin de moyens et d’investissements pour les injecter dans les collectivités afin de construire des habitats sociaux, » poursuit l’élu.
Un nouveau recensement pour Mayotte en 2023?
Autre thème, ô combien important, celui du recensement. « Je demande au gouvernement de réorganiser le recensement à Mayotte pour l’année 2023. Nous ne pouvons pas mener de politiques publiques sans connaître véritablement le nombre d’habitants sur le territoire. L’Insee Mayotte comptabilise moins de 300 000 habitants alors que la chambre régionale des comptes estime la population plus aux alentours de 400 000. Il faut que le recensement soit fait par les communes pour comptabiliser les habitants. Nos ressources en dépendent, il ne faut pas sous-estimer la population mahoraise », s’agace le président Ben Issa Ousseni.
Lors de son entretien avec le ministre avec qui il devrait passer environ 1h30 accompagné d’autres élus, Ben Issa Ousseni en profitera pour lui poser toutes les questions relatives aux travaux de la piste longue notamment mais aussi sur le sujet de la réforme institutionnelle du Conseil départemental. « Nous voulons des réponses claires sur les projets d’avenir à Mayotte, comme la date de début du chantier de la piste longue ou encore sur la réforme institutionnelle concernant le Conseil départemental pour laquelle nous revendiquons l’égalité et non pas l’autonomie. J’attends des réponses claires sur ces sujets ».
Enfin, s’il lui reste un peu de temps, le président du département en profitera pour glisser au ministre de l’Intérieur quelques mots concernant l’organisation des jeux des îles de l’océan indien en 2027. « Nous aurons besoin d’un appui à la fois diplomatique mais également financier », confie-t-il.
Benoît Jaëglé