Puisque le huis clos a été demandé par la victime, nous ne saurons pas ce qui s’est passé dans la nuit du 1er au 2 juillet 2014, alors que le magistrat qui officie comme juge d’instruction à Mayotte, se rend au Caribou, et se retrouve attablé avec deux jeunes femmes. Mais au cours des deux semaines d’audition de la victime, du présumé coupable et des témoins, les jurés de la cour d’Assises se sont apparemment fait une opinion en jugeant que celle qu’il ramènera dans sa voiture, a bien été violée.
Au cours des différentes affaires dont il aura la charge à Mayotte, Hakim Karki a quasiment systématiquement dénoncé des machinations des « puissants ». Et l’affaire Roukia révélant la négligence des gendarmes, plus pieds-nickelés que réseau occulte, avec intervention de leurs supérieurs, n’aura pas incité à apaiser les affaires suivantes que nous avions évoquées dans différents articles.
Celle que l’ex-juge d’instruction retiendra pour sa défense est celle du groupe Lafarge, un gros face aux petits locaux. Son directeur local avait le premier dégainé des accusations de malfaçons dans le traitement du Chrome VI chez son concurrent Ballou, mais s’était retrouvé mis en examen par Hakim Karki, avant d’être blanchi. Les taux de Chrome VI ayant été jugés comme anormalement élevés chez les trois fournisseurs locaux de ciment à l’époque, Lafarge, Ballou et IBS. Les stocks de ciment de Lafarge et Ballou avaient été placés sous scellés, occasionnant une perte sèche pour les entreprises. Accusé de viol par la suite, l’ex-juge avait brandi au complot ourdi par Lafarge.
Les juges de la Cour d’Assises en ont décidé autrement en condamnant le prévenu à 8 ans de prison pour viol de la plaignante. Les avocats de Hakim Karki ont indiqué que leur client fait appel de cette décision.
A.P-L.