Pour certains ministres en visite officielle à La Réunion se déplacer jusqu’à Mayotte, afin de prendre le pouls des problématiques et enjeux dans leur aire de compétences, avait pris dernièrement une allure de rendez-vous manqué. Ce n’est guère le cas du ministre de la Santé, François Braun. Arrivée le jour même dans le 101e département, depuis l’île Bourbon, l’ancien patron du syndicat SAMU-Urgences de France s’est rendu un peu avant 15h30, au Centre Hospitalier de Mayotte, épicentre de l’offre de soins sur l’île. Accompagné du préfet, le ministre est allé au-devant du personnel soignant mais également des officiels politiques et du monde de la santé, directeurs généraux du CHM et de l’Agence Régionale de Santé en premier lieu.
Aller au contact du personnel soignant
Après une démonstration grandeur nature du dispositif médical en lien avec la prise en charge d’un patient atteint du virus Ebola, le ministre s’est engouffré dans les dédales du CHM depuis sa principale porte d’entrée, y compris pour la grande majorité des patients de l’île, le service des urgences. Le ministre a ainsi pu évoluer dans un environnement entièrement rénové, les travaux de la première phase de remise en état ayant été terminés fin juillet 2022. Il s’est par ailleurs rendu dans le service de néonatologie. Un incontournable au regard de la situation exceptionnelle du CHM, la majeure partie de ses activités se concentrant essentiellement sur la maternité.
Certes, malgré l’absence d’annonce pour résorber la situation à flux tendu que connaît l’établissement, le rapport du Sénat de juillet dernier pointait notamment « un établissement débordé et qui n’est pas en capacité de faire face aux besoins ni d’accueillir les patients dans des conditions satisfaisantes », le ministre a pu constater « un investissement important des professionnels ». Pour lui, pas de doute : « je vois que l’hôpital est très bien préparé, il est prêt à faire face à toutes les situations ».
« Donner les moyens aux professionnels de travailler »
Rappelant les raisons de sa visite, « je suis venu, pour rencontrer les professionnels, pour rencontrer les élus, pour rencontrer les Mahorais et les Mahoraises que je vais voir dans le cadre du Conseil National de la Refondation en santé pour voir comment on peut apporter de l’aide », le ministre s’est prononcé sur la nécessité de la construction du second hôpital. « C’est indispensable », a-t-il souligné. Si certaines voix s’élèvent pour en faire un Centre Hospitalier Universitaire afin d’apporter une réponse à l’hémorragie de personnel soignant, le ministre se veut pour sa part plus nuancé : « le fait qu’il soit universitaire ne va pas régler le problème des professionnels de santé et des médecins ».
Pour lui, l’essentiel est « de donner les moyens aux professionnels de travailler », « de les garder, attirer les meilleurs, garder ceux qui sont là qui sont très investis ». Une gageure. Sur ce point, le ministre a salué le travail du CHM et de l’ARS « extrêmement novateurs » pour attirer les futurs personnels soignants. Néanmoins, les efforts déployés sont tributaires du contexte de l’île et de la manière dont Mayotte apparaît dans les médias au niveau national. Les récents événements ayant ébranlé Mamoudzou ont eu un écho important en métropole. Une situation d’autant plus préjudiciable à l’attractivité du territoire.
Pierre Mouysset