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Caillassages : une police des transports et des outils pour casser l’infernale spirale de violence

Pour lutter contre les caillassages, et notamment éviter que les véhicules de Caribus ne subissent le même sort que les scolaires lors de leur mise en service, des pistes sont proposées par Mohamed Hamissi. Il prêche notamment pour une police adaptée, la formation des conducteurs et l’aménagement des bords de route

Les 269 caillassages subis par les chauffeurs de bus scolaires depuis août 2021, en font l’un des métiers les plus à risque de l’île. Et comment aborder une journée de cours pour un élève ayant été poursuivi par un jeune muni d’une machette, que rien ne semble arrêter, en dehors de l’amputation voire la mort de sa victime.

Dans le cadre de la prise en charge psychologique des jeunes, et le conseil départemental dit y travailler avec Transdev, il faut aborder avec des mots cette violence sans limite, sans discernement, qui habitent certains. En expliquant que cela ne relève pas de l’humain, les victimes qui auraient potentiellement envie de se faire justice, doivent s’imprégner de ce discours qui relève normalement de l’éducation parentale que beaucoup n’ont pas reçue. Voire, qui ont vécu des traumatismes qui sont leur seul repère.

Nous proposons régulièrement des solutions pour parvenir à stopper ces exactions entrées dans notre quotidien d’habitants de Mayotte.

Tout le monde dans le même bus

Former les agents de médiation aux situations de crise

Celles qui touchent les transports scolaires, perturbant les études des jeunes passagers, méritent une implication politique de tous les instants de la part des élus du conseil départemental, dont l’absence était remarquée lors de la réunion de jeudi, et de la part du préfet. Nous avons tenté de proposer des solutions avec un plan « Vigicaillasse », il faut a minima des gendarmes embarqués dans les véhicules des lignes impactées par cette délinquance routière dans ce temps de l’urgence.

Le Département va délibérer sur la pose de filtres anti-caillassage sur l’ensemble des bus. En attendant que les véhicules caillassés soient remis en état, les prestations de ramassage qui n’ont pas pu être effectuées, seront indemnisées à 80% sur une durée de 48h.

Nous avons contacté Mohamed Hamissi, spécialiste des transports en commun, pour son avis éclairé, notamment sur l’idée de mettre en circulation des transports publics, ouverts à tous, donc possiblement aux familles des caillasseurs, qui y regarderaient du coup à deux fois. « Je ne crois pas que cela change la situation. Premièrement, les deux types de transports n’ont pas la même vocation. Ensuite, tout le monde ne va pas prendre les transports en commun, nous y reviendrons. Enfin, je pense au contraire que, étant donné que les véhicules individuels se font caillasser, j’ai bien peur que le phénomène ne gagne du terrain, et que les futurs transports urbain, Caribus et interurbains subissent le même sort ».

Deuxième crainte, celle de ne plus trouver de candidats pour ce job devenu à haut risque: « Les opérateurs risquent de ne plus pouvoir recruter, et les arrêts maladie pour dépression pourraient se multiplier ».

Mohamed Hamissi préconise d’étendre l’élargissement des voies sur le réseau Nord et Sud

Agir sur la topographie du terrain

Pour lui la solution relève du régalien en ce qui concerne la sécurité, mais pas que : « L’Etat doit mettre les moyens.  Et il faudrait créer une Police des transports  qui relève du CD pour lutter contre toutes les formes d’incivilités dans les transports en commun terrestres et maritimes. Dans la barge, il n’y a aucun contrôle des comportements des passagers. » Dans un communiqué ce vendredi, le conseil départemental plaidait également pour cette solution, et son président se disait prêt à travailler avec l’Etat sur ce dispositif. Cette Police travaillerait avec la gendarmerie, les polices nationale et municipale, et serait déployée sur les lignes les plus fréquentées et les plus exposées.

Car la crainte de l’expert es-transport est que les transports en commun deviennent des lieux de règlement de compte, vandalisme, tags, déchets, dégradations d’espaces publics, vente et consommation de drogues, etc.

C’est pourquoi selon lui, il faut aussi mettre en place un plan de formation des futurs conducteurs des transports, et les actuels, et des contrôleurs de bus « adapté au contexte et à la réalité locale ». Cela permettrait au conducteur de tenter de garder la situation en main en faisant évacuer les élèves avant de quitter le véhicule, bien que cela soit plus facile à dire qu’à faire devant des hordes armées de chombo.

Actuellement, le projet Caribus procède à un élargissement du réseau routier, pour dédier une voie à ses bus de transport public. Mohamed Hamissi plaide pour une extension : « Il faut élargir vers le Nord et vers les Sud aussi la où l’emprise foncière le permet. Ainsi, les véhicules d’urgence comme les forces de l’ordre, le SAMU, ou les pompiers pourraient l’emprunter, cela fluidifierait le trafic, et réduirait le risque pour un automobiliste pris dans les embouteillage, de se faire caillasser. »

Les collectivités ont donc aussi leur part, « le facteur aggravant des caillassages, c’est la possibilité pour les bandes de se cacher aux abords des routes non entretenues pour tendre une embuscade. Il faut créer des aménagements. D’autre part, les gendarmes doivent les poursuivre jusque dans les hauteurs. Mais il y a des endroits, comme à Vahibé, où les auteurs des caillassages s’éparpillent et il n’y a aucun accès pour aller les déloger. Les communautés de communes et d’agglo ont leur rôle à jouer, car sinon, ces endroits inaccessibles deviennent des zones où les voyous font leur loi. »

Anne Perzo-Lafond

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