C’est un cercle infernal : la croissance démographique implique celle du nombre d’enseignants, du nombre de soignants, du nombre de personnel de justice, du nombre de forces de l’ordre, etc. Loger tout ce petit monde peut vite devenir un frein à l’expansion, on l’a vu avec le 4ème escadron de gendarmerie qui a erré pour le gîte et le couvert d’une structure à l’autre avant de trouver son home sweet.
Sécuriser le logement devient un enjeu aussi vif que le foncier, on l’a vu avec l’annonce d’appartement pour le personnel judiciaire par le Garde des Sceaux de passage à Mayotte, au rond-point de Majikavo, sans que rien ne bouge pour le moment.
Par la voix de son directeur général Ahmed Ali Mondroha, la Société Immobilière de Mayotte (SIM) assure rattraper son retard, « Le rythme de croissance atteint à ce jour laisse présager que nous tiendrons nos objectifs à horizon 2030. » Et ils sont ambitieux puisque la SIM espère avoir construit 7140 logements en 2030, contre 2.433 aujourd’hui, soit un triplement de la capacité proposée. Avec l’appui de CDC Habitat, filiale de la Caisse des Dépôts, c’est un milliard d’euros qui sera ainsi investi sur la période.
Pour cela, 530 logements sortiront de terre chaque année, « dont 60% très sociaux destinés aux Mahorais les plus fragiles ». Et les acteurs sont sur la bonne voie, puisque 394 logements sociaux et très sociaux ont été livrés en 2021 dont 158 à Mamoudzou, 118 à Dzaoudzi Labattoir, 56 à Dembéni, 36 à Chirongui, et 26 à Tsingoni.
Et 569 ont été mis en chantier sur la période, permettant de créer 330 emplois d’insertion, en lien avec 200 entreprises mahoraises du BTP.
Fin 2021, la SIM pouvait compter sur un parc de 2.433 logements et 46 commerces.
Outre la mixité sociale, la méthode intègre une « cohérence architecturale et urbaine », une sécurisation des abords avec des rondes fréquentes de la police municipale, et un éclairage public efficient, et une remise en état des voiries.
L’efficacité énergétique est au coeur des préoccupations de la planète, réduction de la consommation d’électricité, notamment dans un département en fort besoin de climatisation en saison chaude, « la SIM identifiera des opérations d’efficacité énergétique sur des programmes neufs ». Isolation des parois et des toitures, protection solaire des baies, utilisation de la brique de terre compressée, eau chaude solaire, brasseurs d’air, ampoules basse consommation, etc. sont au programme.
Un exemple de ces avancées en matière d’immeubles qui semblent pousser tout seul s’expose aux Hauts Vallons, où 800 habitants ont pu bénéficier de logements. Ce n’est pas une cité dortoir puisqu’un supermarché, un restaurant, un cabinet médical, une pharmacie, une école de tourisme, une crèche, une antenne de la police municipale se sont peu à peu installés.