Halles à marée, pontons: des infrastructures indispensables à la professionnalisation de la filière pêche

Le Conseil Consultatif pour les Régions Ultrapériphériques (CCRUP), présent à Mayotte jusqu’au 16 septembre 2022, s’est rendu ce mercredi sur le chantier de la halle à marée de Nyambadao ainsi qu’à Kani-Kéli. L’occasion de mettre en lumière les efforts de professionnalisation de la filière pêche dans le 101e département.

La professionnalisation de la pêche à Mayotte, si elle prend du temps, n’en demeure pas moins chaque jour un peu plus concréte au regard des avancées en cours sur le territoire. La halle à marée de Nyambadao s’inscrit pleinement dans cette optique de professionnalisation dans le cadre des « engagements pris lors de la rupéisation de Mayotte en 2014 ».

Lors de cette visite, le maire de Bandrélé Ali Ali Moussa Moussa Ben a rappelé dans son discours que Nyambadao fait partie des sept sites prioritaires mis en évidence par le plan régional d’organisation et de développement des ports de pêche. Ces points de « débarquement obligatoire auxquels les navires de pêche professionnels devront être rattachés […] permettront un suivi rigoureux des captations réalisées et une meilleure gestion de la ressource halieutique », a détaillé le premier édile de Bandrélé.

Une superficie de 200 m² permettant d’accueillir plusieurs locaux

Professionnaliser la pêche dans le département

La halle à marée de Nyambadao d’une superficie de 200 mètres carrés accueillera, entre autres, « un local de point de réception et de préparation de produits de la pêche, un local de transformation pour leur commercialisation, une machine à glace pour que les pêcheurs conservent le poisson dans leurs bateaux, des vestiaires », a détaillé le maire. La commune travaille sur ce projet depuis 2016, le plan de financement ayant été bouclé à la fin de l’année 2018. Une fois l’infrastructure terminée, la Communauté de Communes du Sud deviendra propriétaire du lieu et en assurera la gestion pour le compte des professionnels de pêche.

Le suivi de la ressource halieutique est une gageure au regard des exigences européennes en matière des données chiffrées des prises annuelles conditionnant les fonds pour le renouvellement des flottes de pêches. Lors de la rencontre organisée en début de semaine dans l’hémicycle du Conseil départemental (CD) avec le CCRUP, la vice-présidente du CD chargée du Développement économique et de la Coopération décentralisée n’a pas manqué de souligner le fond de sa pensée : « comment pourrions-nous produire des données sur ce qui est pêché alors que nous n’avons pas de halle à marée, pas de ponton de débarquement ? Nous ne pouvons donc pas renouveler notre flotte, alors que notre pêche est menacée, notamment par les thoniers senneurs ».

Des infrastructures ayant vocation à dynamiser la filière pêche

Ce bâtiment s’inscrit « dans une démarche économique globale d’interconnexion des filières économiques agricoles et de la pêche » sur le territoire de la commune. Le marché couvert de Hamouro dispose ainsi d’une poissonnerie qui sera, entre autres, alimentée par le futur site de Nyambadao. A noter que ce marché couvert est, avec le ponton de Kani-Kéli, les deux seuls sites opérationnels sur les sept mis en évidence, sachant qu’en Petite-Terre des travaux sont également en cours pour la création d’une halle à marée.

Déplacement du CCRUP à Kani-Kéli

A Kani-Kéli, la création du ponton a permis, selon les mots d’Abdou Rachadi maire de la commune, « d’avoir des conditions de travail nettement améliorées pour nos pêcheurs en facilitant l’accostage des barques de pêche ». Le développement de ce type d’infrastructures assure, avec la mise en avant des acteurs sociaux et économiques de la filière, la transition d’une pêche vivrière vers une pêche professionnelle. Cette transformation constitue une aubaine pour l’économie de l’île notamment en matière d’emploi auprès des jeunes grâce à une « politique incitative ». Mayotte n’est-elle pas la région d’Europe ayant le plus fort taux de chômage ?

Pierre Mouysset

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