Le temps était aux embrassades et autres accolades sur le site de Passamainty, futur haut lieu du projet Caribus. A cet endroit plusieurs infrastructures sont en cours de construction telles qu’une gare routière, une plateforme de retournement pour les bus ainsi qu’un parking relais afin que les usagers, venant du sud, puissent garer leurs véhicules.
Modernité et développement économique
La visite de chantier Caribus semble devenir un rendez-vous incontournable de la vie politique mahoraise. En juin dernier, Rachadi Saindou, président de la Communauté d’Agglomération Dembéni Mamoudzou (CADEMA), avait déjà souligné que le projet du premier réseau de transport collectif interurbain du territoire était une « vitrine pour l’île ». Il n’a pas manqué de rappeler, en cette matinée ensoleillée, le caractère « historique » que revêtait ce chantier, insistant sur le fait qu’il s’agit d’un « aménagement durable de notre territoire pour une agglomération forte et solidaire ».
Pourtant Caribus est bien plus qu’un projet de transport en commun. Une réalité qui n’a pas manqué de faire réagir le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco en arpentant le site de Passamainty. « En même temps on refait toutes les canalisations d’eaux usées, d’eau potable, les transports électriques basses tensions, hautes tensions ; c’est assez exemplaire », reconnaît-il. Poignées de mains et oreilles attentives, le ministre salue les ouvriers qui s’affairent sur le chantier, échange quelques mots, s’intéresse, questionne.
« Si on continue comme ça, cela va tuer l’économie »
Selon ses propos, cet aménagement démontre « l’extraordinaire volonté des élus du territoire ». Des félicitations qui s’accompagnent également d’encouragement à poursuivre les efforts de développement et de « vitalité économique ailleurs qu’à Mamoudzou », le projet Caribus ne suffisant pas à lui tout seul à répondre à la problématique de l’engorgement et de la pollution à Mamoudzou. D’ailleurs, Jean-François Carenco est lucide sur le constat actuel de la mobilité dans le chef-lieu, « si on continue comme ça, cela va tuer l’économie ». Il abonde, « la zone économique de Mamoudzou, ça ne peut pas durer comme ça. »
A l’instar du dernier rapport de la Cour des Comptes, pointant que « les collectivités locales, de constitution encore récente, département en tête, manquent d’expertise et d’ingénierie»
, le ministre dresse un constat similaire : « on a globalement un problème d’ingénierie, on y travaille pour essayer d’apporter des solutions globales à l’assistance technique ». Néanmoins, sur sa visite dans le 101e département, sa parole est sans ambages, « je trouve qu’en trois jours à Mayotte, j’ai vu plein d’espoir et, ici, on a un espoir en béton ».
Pierre Mouysset