Alliance police nationale : « Si les forces de l’ordre montrent qu’elles sont débordées, ce sera la porte ouverte à tout »

A l’approche de la visite de Gérald Darmanin, du 21 au 23 août prochains, Bacar Attoumani, d’Alliance Police nationale à Mayotte, brosse un portrait des revendications et des solutions que le syndicat souhaite porter à l’attention du ministre. Les troubles survenus ce mercredi constituent malgré eux un argument de poids.

L’embrasement de Kaweni et la destruction des algécos de l’intercommunalité de Petite-Terre survenus ce mercredi revêtent incontestablement une symbolique forte au regard de la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin ainsi que du ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco. Néanmoins, ces événements aussi violents soient-ils sont loin d’être anecdotiques et rappellent ô combien la situation à Mayotte est susceptible de s’envenimer, l’étincelle pouvant survenir à chaque instant. « Les violences urbaines à Kaweni hier ont débuté à cause d’un contrôle d’identité », fait savoir Bacar Attoumani.

Les drones permettrait de compléter l’offre de surveillance maritime

Des drones pour compléter l’offre des radars fixes

Au regard des problématiques rencontrées sur le terrain et dans la perspective du déplacement des officiels sur le territoire, le syndicaliste reconnaît que « nos attentes pour le ministre de l’Intérieur sont très simples », ajoutant que « nous avons des réponses à lui proposer ». Concernant la lutte contre l’immigration « il faut d’abord qu’il y ait une surveillance », explique Bacar Attoumani, avant de développer son propos : « les drones sont une solution pour la visibilité des bateaux. Tant qu’on n’aura pas résolu ce problème d’entrée, les actions menées ne suffiront pas, on ne pourra pas régler les problématiques sur l’île ».

Selon lui, le déploiement de drones permettrait de résorber les déficiences des radars fixes. « Ils ne donnent pas satisfaction », concède le syndicaliste, avant de poursuivre : « quand ils sont en maintenance, il faut un certain temps pour les réparer et pendant ce temps-là il n’y a rien d’autre pour pallier les défaillances techniques ». Il abonde en indiquant qu’il est « prouvé par nos collègues qu’il y a des moments où ils interceptent des bateaux qui ne sont pas signalés par les radars fixes. Est-ce que l’on peut dire que tout va bien ? Je ne suis pas sûr ».

Anticiper grâce au renseignement et à la vidéosurveillance

La vidéosurveillance permettrait d’anticiper pour éviter des situations où l’urgence prédomine, © Alliance police nationale

Bacar Attoumani attend également des annonces concernant « les troubles à l’ordre public ». Il reconnaît que les contrôles d’identité « sont de plus en plus compliqués avec les refus d’obtempérer » sans pour autant faire de lien entre l’immigration et ces refus. « Nous attendons que le ministre rassure » car selon lui, « si à un moment les forces de l’ordre montrent qu’elles sont débordées, ce sera la porte ouverte à tout ». Il note également que pour l’heure, les forces de l’ordre sont perpétuellement dans l’urgence. Or selon lui, « il va falloir anticiper avec des solutions de long terme pour faire face aux problèmes de Mayotte ». La vidéosurveillance serait à ses yeux une partie de la solution. « Comment protéger les mahorais sans, à minima, la surveillance sur ce qui rentre mais aussi sur les axes maritimes ? La vidéo protection n’est pas là pour limiter les libertés mais pour renseigner », souligne le

Améliorer les conditions de travail des agents fait partie des demandes du syndicat Alliance police nationale

syndicaliste. Le renseignement serait ainsi susceptible de donner de la profondeur aux actions entreprises en favorisant l’anticipation.

Améliorer les conditions de travail

Bien sûr, il s’agit aussi « d’alerter le ministre » sur la nécessité d’avoir « davantage de jeunes mahorais ». Bacar Attoumani entend aussi signaler « la démotivation » d’une partie des agents au regard des difficultés administratives notamment en ce qui concerne les attestations de blessures en service. « La lenteur crée de la frustration car pendant ce temps-là les agents ne perçoivent pas leur pension », indique-t-il. Puis, conclut-il, « se serait pertinent d’avoir un lieu de vie pour favoriser l’esprit de corps en se retrouvant, telle qu’une salle de sport ». Une demande qui n’est pas sans importance, dans la mesure « où ce type de lieu de sociabilité entre les effectifs permet de décompresser, de libérer la parole et de se serrer les coudes ».

Pierre Mouysset

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