La Maison des Jeunes de M’gombani n’a cessé de résonner des applaudissements et des félicitations tout au long de cette matinée placée sous le signe de la réussite. « Une réussite collective », s’est d’ailleurs félicité Madi Moussa Vélou, 7e vice-président chargé des Solidarités, Action Sociale et Santé, au regard de ces 80 jeunes ayant réussi leurs examens de fin d’année, qu’il s’agisse du brevet des collèges, du baccalauréat, du certificat d’aptitude professionnelle ou encore du brevet de technicien supérieur. Tous ont été suivis et accompagnés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).
« Nous nous sommes rendus compte que bien souvent l’ASE était perçu négativement. Nous avons voulu faire cette cérémonie pour montrer qu’il y a des jeunes qui veulent s’en sortir », informe Abdou-Lihariti Antoissi, directeur de la protection de l’enfance. Une vision confirmée par le discours de Madi Moussa Vélou : « l’ASE a mauvaise presse à Mayotte tout comme sa jeunesse, or cette jeunesse est son avenir ». Il ne manquera pas de souligner que le « territoire a besoin de vous après vos études ».
Une matinée pour mettre en lumière la jeunesse
Battre en brèche les préjugés, révéler la réalité du travail menée par les professionnels et les associations, tel était donc l’objectif de cette cérémonie, la première de ce genre organisée par le Conseil départemental. « L’institution a tenu à vous honorer ce jour. Le travail, l’entraide et le respect sont indispensables à la réussite. Ayez confiance en vous et restez humble », a poursuivi le vice-président.
« Les gens ont tendance à considérer que nous sommes ignares parce que nous sommes en famille d’accueil, mais non, on peut réussir. C’est notre objectif même si c’est parfois compliqué, il faut faire l’effort », témoigne un des étudiants, micro en main sur l’estrade, avant de conclure « j’ai eu mention très bien au bac, dites-vous que vous pouvez faire mieux ». L’émotion est vive dans l’assistance, l’énergie déployée et la volonté semblent inébranlables à l’instar de cette jeune étudiante qui entend « réussir pour rendre fiers mes parents » en devenant agent territorial spécialisé des écoles maternelles.
« Il faut leurs ouvrir les portes »
« Comme j’aime à le dire, les jeunes doivent pouvoir rêver de prendre ma place », illustre Madi Moussa Vélou, avant de poursuivre « c’est à leur portée. On est dans un département français, on a des structures pour accompagner cette jeunesse ». Néanmoins, les écueils administratifs peuvent surgir à tout moment, notamment pour ceux n’ayant pas la nationalité française. Les rêves jusqu’alors accessibles d’insertion dans la société s’évanouissent dans un mirage, laissant alors la place à l’aridité de l’amertume.
Une situation qui est loin d’être anodine et qui fait réagir le vice-président, « des jeunes qui ont leur baccalauréat avec mention, il faut leur ouvrir les portes. Je serai aux côtés de ceux qui veulent poursuivre ». L’ambition affichée est la même du côté de la direction de la protection de l’enfance. Son directeur le souligne, « ceux que nous prenons en charge avec la préfecture dans le cadre du Plan pauvreté, il y a cet objectif de faciliter l’insertion en évitant les ‘sorties sèches’, c’est-à-dire sans accompagnement ». L’engagement des professionnels et du milieu associatif est un impératif pour que la « jeunesse de Mayotte puisse briller ».
Pierre Mouysset