Feux d’artifice du 14 juillet : entre volonté politique et particules fines

Ce jeudi, les cieux de Mamoudzou s'embrasaient au rythme d'un feu d'artifice majestueux, provoquant l'assentiment des spectateurs. Pourtant à termes, la question de l'impact environnemental devra se poser, entre tradition et écologie

« Splendide… » susurre l’un des nombreux spectateurs, face à l’effervescence incandescente de ces feux d’artifice tirés pour la première fois depuis très longtemps, sur le front de mer de Mamoudzou. Un franc succès pour un spectacle puisant jusqu’aux racines de la tradition républicaine, que la ville de Mamoudzou aura décidé d’orchestrer cette année, avec en toile de fond l’idée d’ancrer ce rendez-vous pyrotechnique dans l’agenda annuel de la commune.  » C’est une question de volonté politique. Ceux qui étaient là avant n’avaient peut être pas jugé nécessaire de le réactiver, là on est face à une nouvelle municipalité, ils ont voulu le faire avant, mais pour des raisons de crise sanitaire ça n’a pas été possible » explique le capitaine de la Direction de la Prévention et de la Sécurité Urbaine de Mamoudzou Chaharoumani Chamassi, faisant référence aux années Covid.
« Cette année comme l’opportunité est là, ils l’ont fait.

Une prouesse pyrotechnique ayant fait son effet
P-A PROD

C’est tout simplement une volonté politique du maire de Mamoudzou de faire ce spectacle pyrotechnique pour les jeunes et la population de Mamoudzou, et de Mayotte. » Et selon le directeur de la DPSU, l’ambition tend à être renouvelée :  » Ce que nous savons c’est que l’année prochaine certainement, ils vont refaire la même chose ».

Un festival de couleurs… Mais quid du vert ?

Qui dit feux d’artifice, entend forcément impact écologique, à l’heure où les questions environnementales ne peuvent être ignorées des collectivités. Si beaucoup salueront l’effort de la municipalité du chef-lieu de Mayotte, et la volonté de la commune de se hisser au rang de « ville-monde » via son rayonnement saupoudré d’artifices, il est à rappeler que les feux engendrent des conséquences écologiques. Si pour certaines associations environnementales locales, la question ne se pose pas encore ( face aux nombreux défis écologiques de l’île, l’impact des feux d’artifice semble bien dérisoire), l’on ne peut non plus nier totalement la réalité écologique de ce spectacle incandescent. Selon une étude américaine de 2015 publiée dans la revue Atmospheric Environment, l’on relève une hausse de 42 % du niveau de particules fines dans l’air au cours de l’heure qui suit le feu d’artifice. Plusieurs tonnes de Co2 sont relâchées dans l’atmosphère, du phosphore qui tombe dans les lacs et les rivières, provoquant l’eutrophisation des écosystèmes. A Mayotte, certains reporteront des dérangements certains quant aux roussettes, lesquels auraient fui les lieux en panique. Un impact probablement répercuté sur les rapaces nocturnes également.
Toujours selon la revue Atmospheric Environment, « si un seul feu d’artifice n’a pas de conséquences dévastatrices sur l’environnement, c’est la répétition de ces spectacles qui peut entraîner des contaminations importantes ».
La perpétuation lumineuse des valeurs républicaines mérite-t-elle d’engendrer des conséquences environnementales potentielles ? A l’heure où de telles prouesses pyrotechniques peuvent légitimement se voir remplacer par des spectacles de sons et lumières, il ne tiendra qu’au chef lieu d’abonder dans la sens de ses velléités de modernité, quitte à faire un écart avec la tradition.

Mathieu Janvier

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Chikungunya : malgré le nombre de cas en hausse, Mayotte reste moins touchée que La Réunion

Alors que le département de La Réunion est toujours très impacté par l'épidémie qui a fait 12 morts, et qu'un deuxième décès attribué à la vaccination est signalé ce vendredi, Mayotte reste relativement épargnée pour l'instant. En dépit de facteurs de risque conséquents, selon SPF

Nouveaux plannings de tour d’eau jusqu’au 2 juin

La Mahoraise des Eaux informe les usagers de la...

Deux classes en Service national universel à Acoua

Du 12 au 23 mai 2025, un séjour de...

Recrutement des enseignants : une dérogation à bac+2 pour Mayotte

Alors que le concours pour devenir professeur des écoles sera accessible à bac+3 dès 2026 au niveau national, un arrêté publié le 7 mai 2025 introduit une exception pour Mayotte, où le concours interne pourra désormais être accessible à bac+2.