Cette enquête de séroprévalence apporte un éclairage non négligeable sur les canaux de circulation du virus ainsi que la manière dont la population a pu être contaminée. Le début d’année 2021 constitue la période où le virus a le plus fortement circulé sur le territoire, concentrant la majorité des contaminations par la Covid-19.
Les personnes contaminées essentiellement dans les milieux scolaires et professionnels
Les milieux scolaires et professionnels se révèlent être les principaux lieux déclarés de contamination. Ainsi, trois enfants sur dix âgés de 6 à 18 ans a été contaminé dans le cadre scolaire. Chez les adultes deux individus sur dix âgés de 19 à 59 ans ont été contaminés sur leur lieu de travail.
En revanche, ils présentent un taux de contamination dans la sphère familial plus important que chez les enfants, notamment quand il s’agit d’un membre de la famille vivant hors du foyer. Enfin, pour les personnes de 60 ans et plus, le principal vecteur de la contamination résulte du cadre familial mais chez des membres vivants hors du foyer ; vient ensuite les voyages.
Une généralisation de l’épidémie à toutes les catégories de la population
Si un taux de séroprévalence de 71 % signifie que le virus a touché toutes les classes d’âge de la population de l’île, des différences peuvent néanmoins être observés. L’enquête conclut que les individus de nationalité étrangère de 15 ans ou plus ont été contaminé plus souvent (77 %) contrairement à ceux ayant une nationalité française (66 %). Les natifs de Mayotte, en outre, ont été davantage contaminés que les habitants vivant sur l’île mais originaire d’un autre département (58 %).
Par ailleurs, l’enquête s’est intéressée à l’influence de la précarité sur les risques de contamination à la Covid-19. Elle met en lumière que les personnes vivants dans un habitat en dur ont été touchées dans des proportions similaires à celles vivants dans un habitat précaire, 70 % contre 74 %. Concernant l’accès ou non à l’eau au sein du logement, l’égard de contamination est plus marqué avec 69 % des contaminations pour ceux ayant de l’eau à leur domicile contre 77 % pour ceux qui en étaient dépourvus.
Neuf individus sur dix présentent des anticorps spécifiques de l‘immunité contre la Covid-19
Entre septembre à octobre de l’année dernière, les données de l’enquête mettent en évidence que 89% de la population âgée de 15 ans ou plus disposaient d’anticorps spécifiques de l’immunité au virus. En effet, le taux de vaccination sur le territoire au moment de l’enquête s’élevait à 66% chez les 15 ans ou plus. Parmi eux, 45 % avaient réalisé leur deuxième dose et seulement 0,03 % leur troisième injection. Pour la tranche d’âge des 15-24 ans, l’enquête constate une absence d’anticorps spécifique à l’immunité face à la Covid pour un cas sur dix. Une situation qui s’explique compte tenu d’un taux de vaccination en augmentation progressive. Même réalité pour les 45-54 ans. En revanches, les 75 ans ou plus, le taux de vaccination reste stable avant de décliner ; ce qui explique que sur deux individus sur dix de cette tranche d’âge, l’enquête constate une absence d’anticorps spécifiques de l’immunité contre le virus.
Cette meilleure compréhension de la logique de contamination qu’il s’agisse des lieux ou des personnes, est susceptible d’améliorer la réactivité des futurs plans de gestion de crise sanitaire.
Pierre Mouysset