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Le programme ‘Avenir(s)’ révolutionne l’orientation, « pour mettre aussi en valeur les compétences »

« Quel métier tu veux faire plus tard ? » Une interrogation redoutée par la plupart des ados qui remettent la réponse aux lendemains qu’ils espèrent enchantés. Certains ont la réponse, très tôt, quand d’autres hésitent encore en Terminale. Pour inciter les jeunes à développer des compétences parallèles et parvenir à « savoir devenir soi », le gouvernement et l’Onisep lancent le programme Avenir(s). Nous avons pu rencontrer sa directrice générale.

L’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions) est connu de tous pour son petit guide qu’on compulse nerveusement au lycée dans l’espoir d’y découvrir l’orientation vers le métier qui va vous coller à la peau. L’exigence d’absolu à cet âge débouche sur bien des désillusions dans ce domaine, et finit sur des choix par procuration. C’est pourquoi le programme Avenir(s) veut cibler les jeunes en amont, dès la 5ème, en leur transmettant un objectif ambitieux, « savoir devenir soi ».

Un programme toujours en construction, qui va suivre le jeune sur ses compétences notamment en dehors des enseignements scolaires, pour que tout « plus » (sport, musique, association) fasse boule de neige. Il s’appliquera à Mayotte en même temps qu’ailleurs en France, c’est ce que nous explique Frédérique Alexandre-Bailly, directrice générale de l’Onisep, qui était en visite de 48h à Mayotte la semaine dernière.

Tous les investissements extrascolaires seront enregistrés sur la plateforme

« Dans le cadre des investissements d’avenir de France 2030, nous voulons mettre les moyens sur les secteurs prioritaires. Ce sont 30 millions d’euros en l’occurrence, qui sont déployés sur l’orientation tout au long de la vie. Le programme Avenir(s) est coordonné par l’Onisep et la double tutelle des ministères Education nationale et Enseignement supérieur. »

Pour accompagner le jeune sur ses compétences tout au long de sa scolarité, il fallait se doter d’outils. Trois ont été ciblés, une plateforme, un portfolio et une application.

La passivité n’a plus droit de cité

La plateforme va s’enrichir de pas mal d’évènements, à travers un compte personnel que chaque élève pourra ouvrir dès la 5ème : « Il va y faire référence aux métiers qu’il a envie d’exercer, et à travers cette plateforme, on va l’aider à trouver ses propres compétences pour savoir trouver son orientation. Par exemple, savoir interroger un professionnel qui exerce dans le métier qu’il vise, ou comprendre comment financer son projet. Cette plateforme va suivre le jeune jusqu’à l’enseignement supérieur. »

Le portfolio lui, est piloté par l’Université Savoie Mont-Blanc. Il permettra au jeune de vérifier si les compétences développées sont suffisantes pour lui donner toutes ses chances dans sa voie de prédilection. Il sera relié au passeport de compétences du ministère du Travail et à Parcoursup. Et Frédérique Alexandre-Bailly n’y voit que des avantages : « Lors de la candidature à des formations dans l’enseignement supérieur, il permettra d’afficher les compétences du jeune, qui seront prises en compte. Car la loi impose dorénavant aux universités d’évaluer les compétences des jeunes, non sur l’enseignement dispensé, mais sur le savoir faire opérationnel. Pour un étudiant en droit, ce sera par exemple la capacité d’aller faire des recherches sur un texte de jurisprudence. » Les élèves et étudiants passifs, c’est fini ! « Ils comprendront que les compétences sont aussi importantes que les connaissances ». L’objectif est évidemment d’éviter l’échec lors des études supérieures.

Enfin, une appli sera téléchargeable sur les Smartphone, pour naviguer entre ses activités et ses compétences.

« Avenir(s) », le programme de toute une vie

Avec Avenir(s) les choix devraient être affinés le jour du Bac

Évidemment, nous y voyons un bémol, que l’élève soit incité à pratiquer un sport ou une activité artistique ou associative parce qu’ils lui rapporteraient un bonus dans la voix professionnelle choisie. Il faudra l’inciter à penser à l’inverse, que peu importe le flacon, pourvu qu’il révèle sa personnalité et le révèle lui dans une voie à laquelle il n’aurait sans doute pas pensé.

Un programme complexe donc, qui va induire davantage de maturité chez les jeunes, et qui doit intégrer toutes les variables liées à la vie, contexte familial, déménagements, etc. et qui vont influencer ses choix et les faire évoluer. « Oui, Avenir(s) est un programme complexe qui a mis 4 ans à se construire, et qui en nécessite 6 autres pour se déployer. Car il comprend une partie avec une ossature nationale commune, qui sera associée à une déclinaison dans chaque région académique. C’est pourquoi nous sommes à Mayotte ».

La partie locale sera pilotée par un comité d’orientation stratégique régionale coprésidée par le recteur et le président du département à Mayotte (sur sa compétence de Région). « Nous rencontrons tous les acteurs agissant autour des jeunes, les enseignants, les parents, les conseillers d’orientation, etc. pour connaître leurs besoins car nous n’élaborerons pas les mêmes outils dans tous les territoires. Ça dépend aussi de l’investissement de chaque collectivité territoriale. Nous allons travailler avec la Cité des Métiers et Carif Oref, en ciblant deux établissements scolaires à Mayotte, le collège K1, pour sa Cité éducative, et le lycée de Dembéni, pour son internat d’excellence. »

Une fois toutes les parties rencontrées, le programme Avenir(s) sera peaufiné dans chaque académie, « il sera opérationnel à la rentrée 2025 ».

Anne Perzo-Lafond

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