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Comores : Deux criminels condamnés à la peine de mort

Deux hommes ont été reconnus coupables de meurtres par la Cour d’assises du Tribunal de Moroni, à l’issue d’une instruction de six mois. L’un est jugé pour un crime crapuleux, et l’autre pour un crime passionnel. Ils sont désormais inscrits sur la liste des condamnés à mort. La peine de mort se transforme, dans la grande majorité des cas, à une réclusion à perpétuité. Le violeur de 15 ans de la petite Faina Rahim âgée de 5 ans, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité en raison de sa minorité. Les Comores enregistrent une forte hausse des crimes sur mineurs.

La Cour d’assises du Tribunal de Moroni a bouclé cette semaine sa session 2022. L’on retiendra surtout la condamnation à mort de deux personnes. Le premier est un jeune d’à peine 30 ans, nommé Abdoulanziz Said Ali, poursuivi pour le meurtre d’un vieil agriculteur perpétré dans un buisson d’un village du nord de la Grande-Comores.

Un meurtre crapuleux et un crime passionnel

La victime soupçonnait son bourreau d’être l’auteur de vols dans son champ. L’homme décida de lui tendre un piège. Le jeune homme s’y rend dans son champ avant d’être pris en embuscade par le vieil homme. Abdoulanziz Said Ali lui infligera des coups couteaux. Le cultivateur mourra, le jeune prendra la fuite avant d’être identifié par la Brigade de recherches grâce notamment à une localisation GPS de son téléphone sur les lieux du crime.

L’autre condamné à mort, Hadji Ahamada, a été jugé pour un crime passionnel. Il a été reconnu coupable de l’assassinat d’Assoumani Moumini, qu’il accusait de « voler sa femme ». Hadji Ahamada ne supportait pas cette infidélité et finira par préméditer son acte « en achetant un couteau » dont il se servira, le 8 novembre 2021, pour donner la mort à l’amant de sa femme.

La Cour d’assises a par ailleurs condamné à 15 et 20 ans de réclusion à perpétuité, deux autres personnes accusées d’agression sexuelles sur mineurs. Le viol et les agressions sexuelles sont désormais reconnus comme des crimes à part entière dans le nouveau code pénal adopté en octobre 2021. L’un des condamnés a été poursuivi pour inceste et viol sur mineur qui n’est autre que sa propre fille de 14 ans. A la sortie du tribunal, l’homme a demandé à être fusillé.

La Cour a bouclé sa session par l’affaire de la petite Faina Rahim, 5 ans, dont le viol et l’assassinat en mai 2021, avaient suscité une indignation générale dans l’opinion. Le garçon (dont nous ne révélerons pas l’identité) avait 14 ans au moment des faits. Il a été reconnu d’enlèvement, de viol et d’assassinat de la fillette. Son co-accusé a été condamné à 20 ans de prison ferme.

Les députés comoriens ont durci la loi et veulent l’application de la peine de mort

Une hausse des cas de crimes et de viols sur mineurs dans l’archipel

Agé de 15 ans en 2022, le jeune homme a bénéficié d’une exception. En effet, son statut de mineur a fait l’objet de controverses et de débats pendant l’audience de la Cour d’assises. Le viol qui provoque la mort immédiate de la victime équivaut à la peine de mort. Seulement, l’auteur de l’acte étant un mineur, le ministère public a fait un rappel de la loi en jouant sur la carte de la minorité de l’auteur des faits.

« La loi interdit la peine de mort aux mineurs », a-t-on justifié. La Cour finira par le condamner aux travaux forcés à perpétuité. La peine de mort est toujours en vigueur aux Comores. Elle est explicitement prévue dans l’article 4 du nouveau code pénal comorien. Mais l’exécution de la peine est rare. Elle a été appliquée à deux reprises en 46 ans, en 1976 et en 1998.

Les Comores font face à une hausse incroyable des crimes, des faits d’agressions sexuelles et de viols sur mineurs. Selon les statistiques officielles publiées par la gendarmerie nationale, le pays a enregistré 138 crimes en 2021 contre 115 en 2020. La police judiciaire a enregistré 5.483 délits en 2021 contre 5.813 en 2020. La gendarmerie a aussi enregistré 297 cas d’agressions sexuelles en 2021 contre 219 en 2020. Les auteurs sont poursuivis et souvent placés en détention pendant plusieurs années sans être jugés. Aucune étude ni analyse épistémologique engagées sur les causes de ces crimes et la recrudescence des actes de viols et d’agression sexuelles.

A.S.Kemba, Moroni

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