L’économie, l’emploi et la consommation avaient naturellement pâti en 2020 du long confinement -quasiment mondial- causé par la pandémie de Covid-19. Malgré un confinement, certes plus court, en 2021, l’économie a bien rebondi à Mayotte constate l’IEDOM, qui dresse chaque année un bilan de l’activité économique de l’année écoulée, et des perspectives pour l’année en cours. La déclinaison locale de la banque de France tempère toutefois en évoquant un « grand contexte d’incertitudes, une inflation grimpante et les effets indirects du conflit russo ukrainien ».
En 2021, le premier trimestre s’est montré « très positif » pour les entreprises mahoraises, et l’année a vu « rattraper » les pertes de l’année 2020 selon l’enquête de l’IEDOM menée auprès d’un panel d’entreprises. Néanmoins, « 72% des entreprises déploraient en 2021 Une hausse des prix dans le courant de l’année » relate Patrick Croissandeau, directeur de l’IEDOM Mayotte.
Le BTP et le commerce ont tiré leur épingle du jeu, mieux que les services . « Dans le BTP les marges ont pu être préservées, les chefs d’entreprise ont signalé des trésoreries qui sont restées tendues du fait de cette problématique connue à Mayotte des délais de paiement » poursuit le directeur. Le secteur du commerce, dynamique, s’est montré marqué par une « concurrence exacerbée » et des « difficultés de recrutement ».
Pourtant selon l’Insee, « 2021 c’est plus de 2000 créations d’emploi pour un total de 51 000 personnes en emploi, soit le niveau de 2019 après une année 2020 à la baisse ».
En raison de la croissance démographique, un paradoxe se dessine en 2021 à Mayotte, car on constate plus d’emplois, mais aussi plus de demandeurs d’emplois. C’est mathématique, la population majoritairement jeune entre dans la vie active, et les créations d’emplois ne suivent pas à la même vitesse.
Du côté des ménages, les pratiques confirment l’évolution de l’économie mahoraise en 2021. La consommation grimpe de près de 20%, et jusqu’à 30% pour les équipements du foyer. Les immatriculations de véhicules neufs bondissent de 15%, à rebours de la tendance nationale.
Autre indicateur d’une économie qui bouge, les crédits sont eux aussi en hausse, +8.7% des crédits à la consommation, +31 % pour les crédits immobiliers des entreprises, signe d’investissement.
Entre inquiétude et espoir
Mais ces bonnes nouvelles pour l’économie sont à mettre en perspective avec « l’inflation qui s’accélère » tempère le directeur de l’IEDOM qui évoque notamment « des prix tirés à la hausse par l’énergie et l’alimentaire. Il y a là les conséquences indirectes du conflit russo ukrainien. Nous sommes dans une période d’inflation plus longue et plus forte qu’envisagé en 2021, avec des impacts pour les entreprises et les ménages »
La grande question, c’est jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer ? Avec cette incertitude, 2022 apparaît comme « une nouvelle mise à l’épreuve de la résilience de Mayotte, démontrée en 2021 après 2020 ».
Pas de pessimisme pour autant. « La situation n’est pas simple, elle n’est pas favorable, mais il y a des raisons d’espérer » conclut le responsable qui rappelle « la résilience des entreprises mahoraises. L’économie mahoraise est dynamique, portée par de grands projets boostés par des fonds européens, avec une consommation qui résiste ». Un retour à la normale serait attendu pour 2024. Si la crise des prix à l’échelle mondiale ne vient pas trop chambouler le fragile équilibre qui prévaut ici.
Y.D.