Législatives : la cagnotte qui tient en haleine les partis

A travers les échéances politiques, c’est une question de gros sous que jouent les partis politiques qui sont financés grâce à une double dotation de l’Etat lorsque leurs poulains deviennent députés.

S’il est une élection où les candidats peuvent rapporter gros à leur parti, c’est bien celle qui les amène sur les bancs de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas pour rien que les leaders politiques évoquaient ce 3ème tour de la présidentielle dès dimanche soir dernier. Si bien sûr il est question de force politique appuyant ou s’opposant à la majorité en place, il s’agit aussi de compter ses deniers.

Ce scrutin va en effet conditionner les revenus des partis politiques, sous la forme de deux dotations de l’Etat. Dès qu’un parti décroche au moins 1% des suffrages dans 50 circonscriptions au 1er tour, chaque voix lui rapporte 1,42 euro, chaque année pendant 5 ans. Le second pactole tombe après le second tour : pour chaque candidat envoyé à l’Assemblée nationale, le parti reçoit environ 37.000 euros par an, jusqu’au prochain renouvellement.

Les tendances des années précédentes accréditent l’idée que l’enchainement des deux scrutins, présidentielle et législatives, bénéficie au parti vainqueur du premier. Ainsi, en 2017, La République en Marche avait perçu, grâce à ses 333 parlementaires, plus de 20 millions d’euros, publiait le Figaro du 19 avril 2022.

2ème tour des législatives 2017 dans le Nord

Peu de mariages en vue, ça nuit à la corbeille

Assistera-t-on à la même tendance cette année ? En tout cas, on comprend la frilosité des partis à la moindre évocation d’un rassemblement, Yannick Jadot (EELV) avait indiqué que son rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon n’était pas une mauvaise idée, « mais impossible à concrétiser ». Car en cas de double appartenance, chacun doit ensuite retrouver ses petits pour bénéficier des subventions. Il en va de la survie du parti.

Interrogé par le Figaro, Daniel Fasquelle, trésorier d’un parti LR à l’agonie, implore un « système plus vertueux, mois brutal », rajoutant « tout se joue sur une élection, ça me choque ». Il propose de prendre en compte les élections intermédiaires, dans une sorte de lissage du succès… ou de l’échec. Son argument est de ne pas favoriser à outrance un parti qui est au pouvoir, et donc maitre des finances.

Contrairement à ce qui se passe notamment à Mayotte, les partis n’ont donc pas intérêt à multiplier les candidats, les investitures sont là pour ça.

Plusieurs partis ont plus gros à jouer qu’il y a 5 ans, le RN, endetté, les LR et le PS. Dans une élection qui se joue davantage sur la proximité que la présidentielle, certains pourront davantage compter sur un ancrage territorial, comme les LR, mais rien n’est joué, certains candidats ayant des envies d’ailleurs depuis la bérézina de la présidentielle.

Dans cette élection au scrutin uninominal (on élit une personne et non une liste), majoritaire et à deux tours, un candidat peut l’emporter lors du 1er tour s’il obtient 50% des suffrages exprimés qui doivent représenter au moins 25% des inscrits. Lutter contre l’abstention devrait donc être la première des campagnes à mener par les candidats… s’ils veulent contribuer à renflouer leur parti.

Anne Perzo-Lafond

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