Comores : un enseignant français dans la tourmente après des propos jugés « racistes »

Le lycée français Henri Matisse de Moroni est dans une situation délicate après la tempête médiatique qui s’abat sur l’un de ses enseignants accusés de propos « racistes ». Les opinions divergent à ce sujet, le ministre de l'Education nationale Djaafar Salim Allaoui, a validé la suspension de l'enseignant et tente de dépassionner le débat.

« Il a qualifié nos enfants de singes, c’est inacceptable« . Un parent d’élève a eu des mots assez durs au sortir d’un conseil d’école la semaine dernière au lycée français Henri-Matisse de Moroni. Un enseignant français souffle le chaud et le froid après des propos jugés « racistes » par plusieurs des parents d’élèves. Nous avons décidé de ne pas révéler l’identité de l’enseignant pour de raisons d’éthique et de sécurité.

Suspension de l’enseignant, enquête administrative

Les responsables de l’établissement enchaînent réunion sur réunion, depuis quatre jours, pour tenter de calmer la situation. Mais face au déferlement médiatique, l’établissement a été contraint de prendre des mesures disciplinaires en suspendant l’enseignant « le temps qu’une enquête administrative établisse les responsabilités« , selon un communiqué de la direction.

L’enseignant d’histoire-géographie, en poste depuis deux ans, aurait dit « poussez vos cris de singes » alors qu’il était en atelier d’interprétation de paysages avec ses élèves de la classe de 1ere. Le ministre de l’Education nationale, Djaafar Salim Allaoui, a demandé et obtenu sa suspension après avoir reçu, lundi 11 avril, la proviseure du lycée. « J’ai convoqué la proviseure. Je lui ai dit de m’amener la note de suspension. Nous tentons de régler cette affaire avec responsabilité sans passion aucune », a-t-il souligné peu après avoir rencontré, lundi 11 avril, la direction de l’établissement et le président de l’Association des parents d’élèves, Amine Naçr Eddine.

Un des élèves de la classe de 1ere, contacté par le JDM, laisse penser que « l’enseignant n’a jamais fait montre d’attitude raciste » mais que « de nombreux parents » ne le porteraient pas dans leur cœur. Selon Al-watwan, l’enseignant avait exposé, plusieurs jours auparavant, « une photographie terrifiante, à la limite sanglante, et les élèves auraient poussé des cris de “peur”. Ce serait, selon notre témoin, ce qui pourrait expliquer le “réflexe” de l’enseignant. Notre interlocuteur évoque des propos “décontextualisés” pour acculer l’enseignant« , écrit le journal.

Et, au cours de sa dernière présentation, l’enseignant aurait dit : « cette fois, vous ne criez pas comme des singes« , selon un communiqué du ministère comorien de l’Education qui rapporte que « les élèves ont interprété cela comme une injure raciste« , estimant que cela « n’était pas l’intention du professeur en question« .

Le ministre comorien de l’Education avec la direction du lycée

Un enseignant de qualité sans aucun signe raciste

Des parents d’élèves contactés reconnaissent ce qui pourrait être « une faute » de la part de l’enseignant incriminé mais estiment que l’affaire ne doit pas occulter les réalités du lycée français. « L’école française est un oasis d’harmonie, de paix, d’amour, de convivialité. Les gens vivent en parfaite harmonie. Une fois n’est pas coutume, un seul fait ne doit pas éclipser la bonne réputation de notre école« , a réagi l’ancien député de Moroni, Abdoulfatah Said Mohamed, qui fait les allers-retours depuis plus de 10 ans pour suivre la scolarité de ses enfants.

« Le professeur est, certes, parfois maladroit, mais n’avait jamais esquissé le moindre geste raciste. Jamais il n’a eu une tendance raciste et c’est en soi, un professeur de qualité », a fait savoir une autre source citée par le journal Al-watwan. Aux Comores, sur la toile, des voix s’élèvent pour demander son expulsion pure et simple du pays.

Suspendu par la direction de l’établissement, l’enseignant est calfeutré chez lui et est placé sous haute protection indirecte des forces de sécurité comoriennes. L’ambassade de France aux Comores, par la voix du conseiller culturel annoncé « la fin du contrat de travail de l’enseignant en attendant son licenciement définitif par son employeur, l’Association des écoles françaises« , précise le communiqué du ministère comorien de l’Education.

A.S.Kemba, Moroni

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