La première rencontre s’est tenue à huis clos avec le président Ben Issa Ousseni, menée par le représentant d’Airbus consulting venu en exprès présenter le projet aux côtés des frères Novou. C’est ce cabinet qui avait produit la 1ère étude sur les grandes lignes. Depuis la société n’est toujours pas créée, et donc la certification pas encore obtenue. Cela devrait se faire d’ici 3 semaines, indique Julien Novou, initiateur du projet avec son frère Régis.
Toujours en attente de l’aval du département, il ne tait plus son impatience : « J’ai fait venir Airbus consulting pour présenter le projet au président Ousseni ce mercredi, et aux élus ce jeudi. Beaucoup dans la population attendent ce soutien du conseil départemental. » Il rapporte les craintes du président d’un veto du contrôle de légalité. Une pudeur qui l’honore, mais pour laquelle une réponse est toute trouvée avec la création d’une Société d’économie mixte qui pourra recevoir investissement public comme privé, à l’image de la SIM ou de la SEMATRA de la Région Réunion dans Air Austral (qui crève tous les plafonds autorisés sans que le contrôle de l’égalité n’y trouve à redire). Une jurisprudence à portée d’aile.
Un pilotage en local pour garantir l’ascendance
Du côté du Département, ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Les finances sont sorties du rouge depuis 5 ans seulement sous la présidence Soibahadine, et restent fragiles sur certains postes comme les compensations ASE ou les Droits de mutation à titre onéreux. On comprend que le président Ousseni veuille des garanties, comme la création de la société Zena, avant de mettre des subsides dans la corbeille de la mariée. Quoique son prédécesseur n’ait pas hésité à débloquer 80 millions d’euros d’investissement dans la piste longue, quand l’Etat, par la voix d’Emmanuel Macron s’était engagé à la faire. Le rallongement de la piste aurait pu être sécurisé à moindre frais.
Surtout que le montant attendu n’est pas si exorbitant, « sur un budget de 25 millions d’euros, nous demandons au conseil départemental 5 à 8 millions d’euros maximum. Le statut d’une SEM ne permet pas plus de toute façon en pourcentage d’une collectivité », nous répond Julien Novou. Une participation qui peut prendre la forme d’une subvention, et/ou, d’une participation au capital, et/ou, d’une caution. L’achat de deux appareils A 321 Neo LR est envisagé. « Deux des plus grandes sociétés de leasing (location d’avions, ndlr), ont été séduites par le projet et nous ont fait une proposition en mars 2021. C’est quand même une preuve de sérieux. »
Si les deux frères sont en attente de ce blanc seing départemental, c’est que l’étude de départ d’Airbus le dit, « pour que ça marche, le pilotage doit être local. Ça nous assure d’un boom économique dans les 5 ans ». Pour mémoire, Ewa Air, filiale à 51% d’Air Austral, présente pour l’autre moitié des capitaux mahorais, CCI et Issoufali, et 1 million d’euros du CD.
Prochain épisode, l’adoption des statuts de la société donc, condition sine qua non demandée par le CD, mais condition suffisante pour vaincre les réticences ? « Le principe et les modalités d’un soutien pourront être définis une fois celle-ci opérationnelle et pas avant », écrit le CD sur sa page Facebook après la rencontre avec les élus.
Anne Perzo-Lafond