Nous sommes à Cavani, et autour du rond-point du Stade, des petits immeubles s’élancent, certains déjà occupés, d’autres en construction. Ce mardi, les discours prennent le pas sur les marteau-piqueurs, pour la pose de la 1ère pierre d’une opération de requalification urbaine qui touche 510 logements, nous rapporte Ali Ahmed Mondroha, directeur général de la Société Immobilière de Mayotte (SIM) : « Cette nouvelle opération de 120 millions d’euros porte sur du logement social, mais aussi sur de l’intermédiaire. Nous avons 13 opérations en cours de construction sur l’île, représentant 1.400 logements sur un parc actuel de 2.500 logements. Nous augmentons de prés de 50% le rythme des constructions ».
Nous sommes loin des 250 logements sortis de terre en 2020, la tendance est au beau fixe dans le secteur, de quoi rattraper le retard de déficit de 2.700 logements évalué toujours en 2020. L’Etat avait chiffré le besoin à 30.000 logements pour les 10 prochaines années.
C’est que la demande est importante, notamment pour remplacer l’habitat insalubre, comme le rapporte le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila : « La lutte contre l’habitat indigne qui nuit à la santé de nombreux habitants, n’est pas simple pour un maire, avec un cadre juridique parfois complexe, notamment en terme de foncier. » Un défi qui se gagne peu à peu il faut croire, puisqu’en balayant la zone du regard, les invités à la cérémonie ne décelaient aucune case en tôle à proximité.
Galerie couverte et jardins
Pour faciliter les actions dans le chef-lieu, le maire a signé en 2021 une convention partenariale, « pour que Mamoudzou soit une ville-guichet afin d’améliorer le processus d’attribution des logements et protéger les droits des demandeurs, et créer une nouvelle forme d’habitat. Elle a porté ses fruits puisqu’entre 2020 et 2021, nous avons doublé les autorisations contractées avec la SIM ». Des opérations facilitées par l’acquisition de ces parcelles par la Société immobilière.
On imagine que c’est un peu sur le mode des Hauts-Vallons que les boulevards Marcel Henry et Younoussa Bamana vont voir évoluer leur physionomie. Une densification qui gagne en hauteur inévitable à Mayotte, « mais qui ne doit pas se faire au détriment de la qualité de vie des usagers au risque de fabriquer des lieux inaptes à leur usage », assure la SIM. Des lieux de vie, d’échanges et de socialisation ont été prévus.
Ce sont 3.000m2 de commerces, de bureaux et d’activités en tout genre qui seront ainsi déployés, intégrant « une multitude de services ».
« La Contemporaine », « Pomme Cythère », « Vili-vili manga », « Carafou », sont quelques unes des futures résidences qui vont sortir de terre, au milieu des commerces, d’une galerie couverte et d’une école. Jardins et reforestation, « tant que faire se peut », ont été intégrés au projet.
Des matériaux isolant sont utilisés, « briques de terre compressées, bardages de bois ou métallique, protections solaires des baies », et seront déployés des chauffe-eau solaires, des anneaux photovoltaïques et des prises pour voitures électriques dans les parkings.
Anne Perzo-Lafond