La pêche, secteur aussi injustement considéré que peu développé à Mayotte, se voit tout de même soumise à l’évolution des règlementations européennes. Certaines se mettent de plus en plus en place, d’autres le seront très prochainement. Et ces nouvelles règlementations vont impliquer beaucoup de choses, comme l’explique Stéphane Gouy, référent maritime à Pôle emploi.
Parmi celles-ci, l’obligation de disposer d’un certain type de diplôme pour s’adonner à la pêche professionnelle : le certificat d’aptitude au commandement et à la petite pêche, un diplôme impératif pour toute embarcation opérant de la pêche professionnelle.
Evoquant les personnes disposant de ce diplôme, M Gouy explique qu’ « à Mayotte, on n’en avait pas beaucoup. C’est pour cela que Pôle Emploi forme des gens à ce diplôme depuis 2018 ». Et un constat a pu être mis en évidence : « il y a un certain nombre de gens formés, avec le diplôme, mais qui ne travaillent pas. Et en parallèle, il y a beaucoup d’entreprises dans la pêche qui n’ont pas de personnes disposant du diplôme ». Un criant manque de mise en relation, que Pôle emploi s’est évertué à pallier, décidant de mobiliser les forces en présence. Et ce en organisant des réunions de travail avec les affaires maritimes et la CAPAM.
« Le but étant de dire que nous Pôle Emploi, on est en capacité d’identifier les personnes avec le diplôme demandé. Charge à vous maintenant, affaires maritimes, de pouvoir sortir un listing, des noms d’entreprises ayant besoin de ces personnes » développe Stéphane Gouy.
C’est ainsi qu’hier après-midi, la finalité de ces longues années de travail s’incarnait au cœur d’un job dating dédié à permettre aux employeurs et aux demandeurs d’emplois formés de se rencontrer. Un succès, puisque pas moins de sept armateurs ont pu faire la rencontre d’une douzaine de pêcheurs.
Un premier pas très encourageant, qui laisse augurer des perspectives pour le développement de la filière qui perd peu à peu son empreinte socio-culturelle négative : la pêche, autrefois assimilée à une tâche ingrate réservée aux immigrés, prend peu à peu ses titres de noblesse à Mayotte.
Mais comment motiver toujours plus les prétendants potentiels ? Et surtout, comment encourager les pêcheurs à devenir eux-mêmes armateurs et posséder leur(s) propre(s) navire(s) ?
A ceci, M Gouy répond que « cette question est avant tout financière. On ne va pas inciter un pêcheur à devenir armateur, c’est d’ailleurs le plus souvent ce qu’ils veulent faire au départ. Mais après s’être confronté à la réalité économique, on réalise qu’un bateau coûte cher, qu’il faut des fonds pour acheter son premier bateau ». Le référent maritime explique que des aides peuvent exister, notamment un texte sorti récemment et qu’il y a des dotations à Mayotte pour le renouvellement de la flotte, mais sans concerner pour autant l’achat de bateau. Il évoque « des fonds versés pour des personnes déjà en activité avec un bateau en règle, ou qui s’en approche un peu, et l’objectif est d’aider ces personnes dans un premier temps car ils ont montré leur attachement à l’activité, montré qu’ils savaient y faire. Et en passant sur un autre navire, un outil plus intéressant, plus grand, plus spacieux, plus organisé, cela permet aussi de vendre leur ancien bateau. Et ainsi alimenter le marché local en bateaux professionnels, ce qui permettra d’élargir la flotte de Mayotte ».
Quoiqu’il en soit, la présence de candidats lors de ce speed dating atteste d’un engouement naissant pour les métiers de la mer. Et sur une île, quoi de plus nécessaire ?
Mathieu Janvier