L’athlétisme mahorais va pouvoir franchir une marche, on l’espère vers des podiums. Le Comité départemental d’athlétisme vient en tout cas de se doter d’un matériel de pointe qui rend le territoire autonome terme d’enregistrement de performance, nous annonce Sébastien Synave, son président : « Quand j’ai été élu en septembre 2020, je découvre une situation financière confortable. Les subventions tombaient, mais derrière, aucun projet. J’ai alors proposé l’achat d’un chronomètre électrique, car jusqu’à présent à Mayotte, tout était manuel. Conséquence, les performances de nos sportifs n’étaient pas reconnues par la Fédération ».
Pour exemple, un des champions mahorais sur 60m et 200m, Kamel Zoubert était freiné dans sa progression : « Il a le niveau du Championnat de France, il a fait le 6ème temps français de l’année, mais pas reconnu par la Fédé car enregistré en manuel ».
L’investissement dans un chronométrage sportif équipé d’une caméra photo-finish, à hauteur de 20.000 euros est décidé. « La caméra est braquée sur la ligne d’arrivée et reliée à un pistolet capteur qui déclenche le chrono, et au finish des coureurs, une photo se déclenche et affiche les temps ».
Une réalisation de piste pas dans un temps chrono
Mais entre la décision d’acquérir ce bijou de technologie et sa réalisation, une crise sanitaire s’interpose, avec l’impossibilité de faire venir de La Réunion des formateurs nécessaire à l’utilisation du nouvel appareil. « Le président de la Ligue Réunion-Mayotte est à La Réunion, donc tout se décide depuis là-bas ».
La situation s’est débloquée le week-end dernier, « nous avons pu former trois personnes, dont deux du CAM. Ils vont pouvoir l’utiliser sur des compétitions locales. Nous pouvons aussi le déplacer et le mettre à disposition de l’UNSS. »
Les formateurs réunionnais ont donc fait le déplacement, et ont admiré la qualité du matériel, « nous avons la dernière version, dotée de toutes les avancées technologiques. Par exemple, il n’y a plus de connexion filaire entre le pistolet et la caméra. »
Une avancée appréciable alors que Mayotte ambitionne d’accueillir les Jeux des Iles de l’océan Indien… mais en décalage avec la réalité, celle du déficit d’équipements, « étant donné que la piste du stade de Cavani n’est toujours pas disponible depuis 2014, un appel d’offre vient à peine d’être lancé pour sa rénovation, nous nous entrainons toujours sur l’unique piste de Labattoir. Mais si elle autorise le sprint, le demi-fond, le javelot et le lancer de poids, il n’y a rien pour le lancer de disque ou les sauts en hauteur et en longueur. » Qui sont pourtant au programme des Jeux.
Anne Perzo-Lafond