Cette semaine de l’emploi maritime organisée par Pôle emploi débutait ce lundi avec une visite de taille : une immersion au cœur du port de Longoni, poumon économique de l’île au lagon. Pas moins d’une vingtaine de demandeurs d’emploi et leurs accompagnateurs se voyaient ainsi l’offrir l’occasion de découvrir en profondeur le port et ses métiers.
Selon Stéphane Gouy, référent maritime à Pôle Emploi, l’objectif de cette semaine consiste à « permettre aux personnes de découvrir les métiers avec un panel assez large des métiers », ces professions en profonde mutation. « Nous on veut faire découvrir ces métiers parce que cela fait partie intégrante de Mayotte. C’est important individuellement de le savoir. Et puis derrière, on peut créer des vocations, donner envie à des personnes de se former, de découvrir vraiment ces métiers, de se dire ‘Oui, pourquoi pas moi ?’ et là on va essayer de mettre en place des choses, en lien avec les entreprises ». C’est ainsi que la visite débutait par la découverte du navire actuellement à quai, un « roro » comme on l’appelle dans le jargon. Ou plus précisément, un Roll on/Roll off. Comme l’explique M Ervais, attaché à la direction de Mayotte Channel Gateway, « Je roule pour entrer la voiture, et je roule pour aller à l’extérieur ».
Il s’agit ainsi de « bateaux spécialisés dans le transport de véhicules. Ce n’est pas souvent que l’on en a ». « Le principe du véhicule c’est le même que sur un conteneur : vous allez avoir des véhicules qui rentrent dans ce navire, ce navire va continuer son chemin. Il y a même éventuellement des voitures qui vont rentrer à Mayotte, même si le bateau arrive d’Europe, et qui vont partir à La Réunion. Tout ça, ça doit être mesuré parfaitement, donc à l’intérieur des navires, c’est un travail très important de collaboration entre les gens du port et les gens des navires. Le navire a à l’intérieur ce qu’on appelle un manifeste, c’est-à-dire la liste de tout ce qu’il y a à chaque instant. C’est une grosse base informatique, connaissant les propriétaires, les destinataires, de chacun des véhicules, et on essaye de faire en sorte que tout soit rangé de façon cohérente. Cela permet de faire en sorte qu’on limite au maximum le temps pendant lequel les bateaux sont à quai, et donc sont chargés et déchargés ».
Puis, prochaine destination, la découverte des différents types de grue. D’un côté les impressionnantes grues à portiques, de l’autre les grues à flèche. « Vous avez une formation pour savoir manipuler ce genre d’engins, et ces formations incluent non seulement la maîtrise technique de l’engin mais aussi des considérations : on travaille en fonction du temps, du vent qu’il peut y avoir, en fonction de la force du vent, on ne va pas pouvoir faire certaines choses : un conteneur a une prise au vent qui est énorme. (…) Une tempête et ça peut tomber ».
Difficile pour l’œil inexpérimenté de garder contenance face à ces imposantes structures, tout en essayant de comprendre leur fonctionnement complexe et l’organisation pointilleuse, à base de marquages au sol et de protocoles stricts.
Enfin, visite du bureau du responsable d’exploitation et de son équipe. Un petit bureau ne payant pas de mine dans un préfabriqué, mais qui s’impose comme le point névralgique des opérations, permettant de faire le lien entre les opérateurs et les armateurs à l’aide d’un logiciel ( Navis) et d’avoir une vue d’ensemble de la situation à l’instant T.
Rigueur, minutie, anticipation… Une machine bien huilée où sérieux et compétence semblent s’imposer comme les maîtres mots et dont la visite en laissait quelques-uns pensifs, et tous admiratifs devant les énormes structures en action. Si certains des demandeurs d’emplois nous confient être plus venus par curiosité qu’autre chose, les yeux admiratifs ouverts devant les différents dispositifs en action laissent présager de potentielles vocations à naître.
Comme l’explique Stéphane Gouy, référent maritime de Pôle Emploi, « c’est important de faire des actions de découverte parce ça permet vraiment aux personnes de découvrir la réalité du métier, et peut être de sortir des idées que l’on avait, pour tel ou tel métier, et s’apercevoir que ce n’est pas l’image que l’on en avait, et ça peut donner envie justement de se former pour pouvoir travailler là-dessus ». Et ce à l’heure où les métiers de la mer sont encore trop peu développés sur l’île au lagon, souvent entachés par des stéréotypes socio-culturels. Et pourtant, ce développement s’avère plus nécessaire que jamais, « Parce que nous sommes sur une île, et pour un petit moment encore normalement. C’est une vraie réalité, on aura toujours besoin du port, on aura toujours besoin des pêcheurs, on aura toujours besoin de l’environnement, de l’écologie, de nager… Toutes ces choses font partie intégrante de Mayotte, et c’est une des grandes orientations professionnelles : il y a vraiment des emplois, il y a des postes à la clé là-dessus, pour des personnes qui vont se qualifier ».
La semaine des métiers de l’emploi maritime continuera dans les prochains jours, avec de nombreuses interventions présentant autant les métiers du yachting que de la pêche, du transport maritime, de l’environnement, de la natation…
Mathieu Janvier