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Avec Eric Ciotti, on reparle du « droit du sang » pour Mayotte

La salle de la permanence du député Mansour Kamardine abritait tout ce que Mayotte compte d’injustices ce samedi : depuis les retards en matière de droits sociaux à l’embolisation des services publics, le député LR en campagne aux côtés de Valérie Pécresse en a entendu de toutes les verdeurs. Au point de vouloir utiliser la Question Prioritaire de Constitutionnalité à l’Assemblée.

Deux Eric de renom dans le même avion qui touchait Mayotte ce vendredi, deux visions différentes de la justice. Très actif bras droit de la candidates LR à la présidentielle, Eric Ciotti était sur le territoire en même temps que le Garde des Sceaux. Le député des Alpes-Maritimes souhaitait rencontrer les équipes locales de campagne, et s’imprégner d’une réalité qui lui a sauté au visage. Au point de déclarer qu’une fois au pouvoir, il ferait sauter le droit du sol : « Il ne peut pas s’appliquer pour ceux qui sont arrivés en situation irrégulière sur le territoire, et la nationalité française ne peut être délivrée à ceux qui ont commis un acte de délinquance ». Un long chemin législatif et constitutionnel.

Il avait auparavant entendu toutes les récriminations que portent les acteurs économiques, sociaux et les membres de la société civile à Mayotte.

C’est Carla Baltus, présidente du Medef, qui revenait sur l’exonération Lodéom des cotisations patronales sur des salaires allant jusqu’à 2 fois le SMIC, et partiellement jusqu’à 2,7 fois le SMIC, « alors qu’à Mayotte, ça ne concerne que le SMIC », la convergence des droits sociaux en 2036, « mais si on nous donne des compensations pour amortir, la convergence, on est d’accord pour l’accélérer », les aides différenciées aux entreprises pendant la crise Covid, inférieures aux autres DOM, etc.

La question des droits est essentielle, sur un territoire où ils ne sont pas à l’unisson de la nation, à contrario des devoirs, puisque les impôts ou la loi sont les mêmes. Ce qui incitait Eric Ciotti à vouloir brandir l’arme de la Question Prioritaire de Constitutionnalité à l’Assemblée nationale en se retournant vers Mansour Kamardine, « à mon avis, ça peut marcher ! » A suivre donc.

Au nom du Collectif, Safina Soula exposait les contraintes qui pèsent sur le territoire

« Si la station saute, on meurt tous ! »

C’était encore le syndicat Alliance, qui rapportait les faits de délinquance de plus en plus violents, et des moyens nautiques réduits pour lutter contre l’immigration clandestine, « sur 4 intercepteurs, un seul est opérationnel ». Et les 45 jours d’ITT d’un policier, agressé l’avant-veille, « il souffre de multiples fractures faciales et l’auteur des faits a été condamné à un stage de citoyenneté ». Mahamoud Azihary, membre d’un collectif de citoyen, relevait que « lorsqu’il s’agira d’un chauffeur de bus visé par des cailloux, ce sont les 60 élèves transportés qui seront aussi victimes ».

La gérante de la station Total de Combani expliquait à Eric Ciotti craindre pour sa sécurité, « dans les évènements de Combani, ils s’en prennent à la station. Si elle est brûlée, on meurt tous, ces jeunes sont des assassins. »

C’est aussi Safina Soula, présidente du même Collectif de défense des citoyens, qui décrivait le contexte : « Ici, nous avons une population pauvre à Mayotte qui est contrainte d’accueillir une population encore plus pauvre. On vient nous dire, ‘le peu de droit que vous avez il faut les partager’. Mais nos ressources ne suffisent plus, on nous rationne l’eau, les habitats sauvages dévastent le couvert végétal qui protège la ressource. » C’est tous les candidats que le Collectif veut interpeller, déclare-t-elle, « du côté du parti du président de la République comme chez Marine Le Pen qui est venue nous voir ».

« C’est la lassitude qui domine »

Sitti Batoule : « C’est la lassitude qui domine »

Un des acteurs sociaux mettait également en garde sur la légalisation de l’habitat informel, « les cases sont détruites mais on veut reloger des gens qui ont obtenu des titres de séjour bien qu’étant arrivés illégalement sur le territoire ».

Sitti Batoule, acteur économique, s’adressait au député LR, en indiquant que c’est la « lassitude » qui domine : « Nous avons tous gagné en maturité sur ce territoire, et nous gardons en mémoire tous les autres passages de personnalités en quête de données. IL y a eu 10.000 plans, on se demande s’ils sont lus, on s’interroge du coup sur la pertinence des déplacements. »

Après avoir échangé avec le Garde des Sceaux dans l’avion, Eric Ciotti ne ménageait pas ses critiques, « le ministre m’a dit que plus aucun magistrat ne voulait venir à Mayotte. Et là, il vient à 4 semaines des élections ». Une période propice en somme.

Il fustigeait une réponse judiciaire « insuffisante », et une immigration « incontrôlée » : « Vous m’avez dit que vous vous sentiez les ‘oubliés de la République’, il faut que la République revienne partout, la gravité de la situation n’est pas prise en compte. Nous prônons le retour au droit du sang à Mayotte. Non seulement le droit du sol ne doit pas s’appliquer lors d’arrivées irrégulières sur le territoire, mais il faut arrêter de délivrer des visas aux pays qui n’acceptent pas le retour de leurs ressortissants ». C’est d’ailleurs ce qui avait été mis en place lors de la dernière crise avec les Comores.

En conclusion, Eric Ciotti faisait le constat qui mobilise ici : « Un citoyen mahorais n’a pas les mêmes droits que ceux de Paris ou Nice ». Tout un projet de loi…

Anne Perzo-Lafond

 

 

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