Si l’apologie de la culture n’a jamais été chose facile au sein du 101ème département, et ce tout particulièrement au coeur d’une crise sanitaire apparemment extensible, il est parfois quelques opportunités qui révèlent au grand jour le véritable potentiel des mahorais. C’est le cas du festival Hip Hop Evolution, débuté le 28 février dernier.
Une huitième édition d’un festival 100% local, lequel se compose de différentes activités toujours plus « arty ». Si la première semaine aura été consacrée aux échanges et aux rencontres entre les artistes de Mayotte et les intervenants venus d’ailleurs, temps de communion artistique partagée entre ateliers et répétitions, il en va différemment pour cette fin de semaine.
Jusqu’alors, il s’agissait de multiplier les jours de visites sur le lieu emblématique du Paradis des Makis, destinées plus particulièrement aux associations locales, aux institutions (à l’instar des écoles) afin que les publics découvrent l’endroit pour la première fois, ce centre de développement artistique et éducatif unique au sein du territoire.
Dès le 4 mars, les spectacles ouverts au public vont débuter. Ainsi ce vendredi, le collège d’Iloni sera le témoin de la rencontre entre le Hip Hop et les arts du cirque. Un spectacle gratuit et ouvert à tous, matérialisant la rencontre entre deux univers, et ce au travers du prisme artistique.
Le samedi, la soirée sera payante, puisqu’incluant un buffet dinatoire et un entracte pour la modique somme de 15 euros, avec deux spectacles en première partie et deux en deuxième.
Une fois encore, les arts de la rue se mêleront, s’adaptant ainsi à la thématique annuelle de l’association à l’origine des festivités : la rencontre des arts de la rue.
Enfin le dimanche, la journée sera dédiée aux publics issus des différents programmes d’Hip Hop Evolution, association œuvrant toute l’année durant auprès des jeunes, à l’instar de ceux issus du programme Commune en danse. Ainsi ces derniers auront la chance, grâce au partenariat avec la Politique de la ville, de se voir emmenés en bus accompagnés de membres de leurs familles.
Selon Sophie Huvet, présidente de l’association Hip Hop Evolution, le festival s’impose comme « un temps fort pour que les danseurs de Mayotte se rencontrent et se réunissent ensemble. On fait beaucoup d’activités, mais on ne peut jamais les réunir tous ensembles ». Si 112 artistes mahorais seront sur scène le temps du festival, « c’est quasiment 450 jeunes qui ont pratiqué courant 2021 la danse avec Hip Hop Evolution qui vont se réunir le temps d’un festival ». Ou en d’autres termes, le point culminant pour une structure qui s’implique à l’année auprès de la jeunesse mahoraise, permettant autant le développement et l’épanouissement de la pratique artistique au sein du département que la lutte contre le désœuvrement, et la création de vocations parmi les plus jeunes.
Il s’agit également de « montrer que la vie culturelle existe encore, et que malgré les difficultés et les craintes que les gens peuvent avoir sur ces évènements, lorsque tout le monde s’y met (…) on arrive à mettre en place un cadre pour que tout se passe bien ».
Un évènement aux vertus certaines, tout particulièrement lorsque l’on considère les problématiques du département en termes de rayonnement culturel, lequel aura été facilité par ses partenaires.
Ainsi, Air Austral aura ajouté sa pierre à l’édifice, en permettant notamment la venue des artistes extérieurs le temps de l’évènement , tout en offrant également des billets pour les 11 jeunes finalistes du « Battle of the Year ». Et ce au même titre que les autres partenaires, qu’il s’agisse de la préfecture, du Conseil départemental ou des communes, notamment Mamoudzou et Dembéni.
« On veut vraiment valoriser Mayotte, explique Sophie Huvet. Que les gens qui viennent repartent avec une bonne image, et valorisent l’île ». Et à l’heure où la presse nationale s’empare du moindre faits divers local pour en dresser une image d’Épinal, l’idée d’un rayonnement culturel mahorais semble plus séduisante que jamais.
Mathieu Janvier