Le nouvel IRM inauguré au CHM

Un seul IRM à Mayotte contre 15 à La Réunion, l'égalité des soins n'est toujours pas une réalité chez nous. Mais le nouvel appareil, mis en service en octobre mais inauguré ce 2 mars remplace avantageusement un équipement vieillissant, coûteux, et donne plus de chances aux patients, notamment pour les AVC qui pèsent pour près de 10% des examens de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) à Mayotte.

L’IRM, technologie de pointe conçue en premier lieu pour l’imagerie neurologique (et non, rien à voir avec Info-Routes-Mayotte), témoigne bien du retard de Mayotte en matière d’équipements médicaux. Jusqu’en 2021, le seul appareil de ce type, situé au CHM, était une machine déjà ancienne, et avant 2012, il n’y en avait tout simplement pas. Puis, l’année dernière, la machine est, selon les communiqués de l’ARS de l’époque, tombée en panne. Des pannes récurrentes même, qui avaient conduit à commander une nouvelle machine.

En fait, explique aujourd’hui le CHM, c’était d’abord une manipulation malheureuse qui a conduit une aiguille métallique à entrer violemment en collision avec l’IRM, qui a causé sa panne. Des dégâts internes ont conduit aux pannes suivantes, et incité l’actuel directeur par intérim, Christophe Blanchard, à acheter un appareil de remplacement. L’occasion faisant le larron, le CHM a mis une option sur un appareil flambant neuf qui était justement en cours de livraison pour La Réunion, et dont le porte-conteneur croisait non loin de Mayotte. Changement de destination, de précieux mois gagnés pour les patients de l’île. En moyenne, 2 à 3 accidents vasculaires cérébraux sont ainsi diagnostiqués dans la salle d’IRM, sur la trentaine d’examens que cet appareil permet d’effectuer chaque jour. Soit 50% de plus qu’avec l’ancien.

Le chef de pôle présente la salle, dans laquelle aucun objet métallique n’est toléré, d’où la photo de l’extérieur

Coût de l’opération, 1,4 million d’euros à l’achat, et quelque 200 000€ d’installation, et Mayotte a pu remplacer l’ancien IRM cassé. Ce dernier, réparable, a été racheté par un hôpital de métropole après un retour en usine pour réparer les micro failles.

En résumé, le hasard a plutôt bien fait les choses puisque cette panne a conduit à faire aujourd’hui plus d’examens qu’avant, avec également des résultats plus précis, et pour un coût moindre. Autre avantage du nouvel IRM vanté par le CHM, une durée d’immobilisation moins longue en cas de pépin.

Une technologie plus efficace et moins coûteuse

En effet, un IRM fonctionne avec des supraconducteurs refroidis à l’hélium liquide. En cas de dysfonctionnement et d’arrêt de l’aimant, il faut purger l’hélium. Avec l’ancienne machine, c’était 1500 litres d’hélium qui partaient dans l’air, perdus à jamais. Coût de la recharge : 150 000€ et trois ravitaillements en avion. La nouvelle machine, elle, fonctionne avec… 7 litres d’hélium. Résultat, en cas de panne, « une immobilisation de 72h au lieu de 72 jours » schématise le Dr Thierry Pelourdeau, chef du service de radiologie.

Impossible de prendre des photos à l’intérieur de la salle, véritable ‘cage de faradet’ isolant le champ magnétique qui y règne

Autre avantage, un partenariat public-privé au sein d’un GIE, groupement d’intérêt économique, avec le cabinet d’imagerie de Mayotte (CIM) qui devrait permettre, quand les autorisations seront obtenues, de recevoir un second IRM sur l’île. Ce sera toujours, en proportion de la population, bien moins qu’à La Réunion, mais ça évitera de se retrouver sans rien si une nouvelle panne venait à se produire.

Y.D.

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