Barrages à Mtsapéré « les solutions ne viendront pas uniquement des institutions » prévient le maire de Mamoudzou

Ce mardi après-midi, une réunion d'urgence s'est tenue en mairie de Mamoudzou, à l'initiative du maire et sur demande des habitants de MTsapéré. Ces derniers ont finalement boycotté la rencontre, dénonçant l'usage de gaz lacrymogènes le matin par la police.

Les habitants de MTsapere étaient les grands absents de la réunion qu’ils avaient réclamée la veille. Le maire de Mamoudzou avait « bousculé nos agendas » pour réunir ce mardi le préfet et le procureur ainsi que des représentants du Département au sujet des violences qui émaillent le quartier depuis plusieurs semaines. Mais l’esprit de discussion qui se dessinait lundi s’est dissipé dans la nuit, quand des barragistes ont tenté de bloquer la rocade. Une ligne rouge pour les pouvoirs publics qui ont mobilisé la police nationale pour garder cet axe ouvert.

« Quand les délinquants sont là, quatre ou cinq policiers sont dessus. Mais quand nous, la population, on se réveille, c’est toute une armée qui est programmée pour la population. On estime que ce n’est pas loyal et on ne peut pas discuter dans cette situation » estime Dayane, porte parole des habitants. « Notre message, c’est de dire qu’on n’est pas d’accord avec la façon de faire. A chaque fois, c’est nous qui sommes tapés et les délinquants sont là en train de rigoler » a-t-il poursuivi avant de quitter la mairie sans assister à la réunion.

Cette dernière n’aurait d’ailleurs pas permis de soulever de solutions d’ampleur selon un des participants. Pour le maire de Mamoudzou Ambdilwahédou Soumaïla, des « solutions immédiates » sont envisageables, mais un travail de fond doit être mené.

« Rupture du pacte républicain »

Barrage en début d’après-midi à Mtsapéré

« Nous sommes face à un mal qui est extrêmement profond. Il y a des solutions immédiates comme celle que nous avons apportées à Vahibé où la population nous a demandé d’élaguer, de débroussailler des espaces qui servaient de refuges aux délinquants, mais aussi de déployer des forces de l’ordre sur l’ensemble des axes stratégiques. Nous allons demander à l’ensemble des forces de police municipale et nationale d’être sur le terrain. Nous sommes en train de renforcer notre police municipale. Remobiliser l’ensemble des citoyens est aussi important, pour collectivement continuer à réfléchir et installer des solutions. Nous y arriverons mais en étant ensemble pour conjurer ce sort et faire en sorte que Mamoudzou redevienne le territoire qu’il était avant » a poursuivi le maire qui s’inquiète du risque de justice populaire.

« Si nous n’apportons pas de solutions immédiates, ça peut inciter un certain nombre de citoyens à se rendre justice eux-mêmes, ce serait une ligne rouge, et la rupture du pacte républicain ».

Un risque contre lequel le procureur a également mis en garde, rappelant que la « vengeance » conduit souvent à se retrouver soit victime, soit auteur d’infractions graves. Il  a profité de sa présence pour battre en brèche l’idée répandue d’une impunité dans la justice des mineurs. « Il y a 10 000 faits de délinquance chaque année, et 3000 sont le fait de mineurs » a rappelé le parquetier, expliquant qu’on n’a pas 3000 places de prison pour tous ces jeunes. Toutefois les mesures sociales, judiciaires et éducatives portent leurs fruits assure Yann le Bris. Sur ces 3000 délinquants juvéniles, et contrairement à une idée reçue, seuls 10% seraient récidivistes, et les deux-tiers sont totalement inconnus de la justice.

‘Les solutions ne viendront pas uniquement des institutions’ prévient Ambdilwahédou Soumaïla

Pour ce dernier toutefois, « les solutions ne viendront pas uniquement des institutions, il faut des solutions globales : il s’agit d’enfants et il en va de l’autorité parentale ». Le maire se dit ouvert à toute aide à la parentalité, à condition que les parents en fassent la demande. « La ville de Mamoudzou est totalement disponible pour écouter et accompagner les parents. Encore faut-il que les parents disent qu’ils sont dépassés par l’éducation de leurs enfants. Ca ce n’est pas de mon ressort. Je suis là pour accompagner mais il faut encore que je sache ».

Y.D.

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